Feu vert au cannabis thérapeutique en France

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a jugé pertinent de lancer une expérimentation sur l’usage du cannabis dans certaines situations cliniques.

Cannabis Therapeutique 03 01 2018
Une trentaine de pays dans le monde autorisent le cannabis thérapeutique. / DON MACKINNON/AFP

Le cannabis thérapeutique va être expérimenté en France. C’est ce que vient d’annoncer l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui souhaite avoir, avant l’été, tous les éléments d’expertise pour lancer ce projet. Cette prise de position constitue une victoire pour tous ceux qui militent, souvent depuis des années, pour que le cannabis puisse être utilisé, notamment par des patients atteints de cancer, de sida ou de sclérose en plaques.

Un groupe d’experts indépendants

Pour se forger un avis, l’ANSM avait mis en place un groupe d’experts indépendants qui, mi-décembre, a jugé « pertinent » d’autoriser l’usage du cannabis dans certaines situations médicales bien précises. Dans un avis rendu public le 27 décembre, l’Agence reprend à son compte toutes ces préconisations. Elle souhaite d’abord que le cannabis puisse être utilisé chez des patients souffrant de « douleurs réfractaires » aux thérapies (médicamenteuses ou non) déjà accessibles. L’ANSM se déclare aussi favorable à son usage dans quatre autres situations : pour certaines formes d’épilepsie sévères et pharmacorésistantes, des soins de support en oncologie, des situations palliatives et en cas de « spasticité douloureuse » de la sclérose en plaques.

Cette maladie neurologique peut en effet entraîner des spasmes, des raideurs ainsi que des contractures musculaires très douloureuses. Certains patients affirment que ces effets sont atténués quand ils consomment du cannabis.

C’est également pour traiter cette spasticité de la sclérose en plaque qu’a été autorisée en 2014 en France la mise sur le marché du Sativex. Ce médicament contient deux dérivés du cannabis : le cannabidiol (CBD) et le tétrahydrocannabinol (THC). Mais il n’est toujours pas disponible dans les pharmacies, car son fabricant et le ministère de la santé n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le prix à partir duquel se ferait le remboursement de l’assurance-maladie.

Qui pourra prescrire ce cannabis thérapeutique ?

Reste maintenant à savoir sous quelle forme le cannabis pourra être utilisé. Il semble d’ores et déjà exclu que l’ANSM puisse recommander que des patients en fument, en raison des risques pour la santé de ce mode de consommation. Mais d’autres voies d’administration (orale ou inhalation par vaporisation) semblent possibles. C’est l’une des questions qui devront être tranchées au cours de quatre réunions d’experts qui auront lieu de janvier à juin 2019. D’autres ne sont pas moins importantes : qui pourra prescrire ce cannabis thérapeutique ? Quel sera son dosage en principe actif ? Et quel sera le circuit de production et distribution du produit ?

Pour la Fédération addictions, ce dernier point est essentiel. « Nous voyons bien au plan international comment beaucoup d’autoproducteurs, de coopératives ou de petits producteurs de cannabis thérapeutique sont rachetés par les puissantes firmes de l’industrie du tabac, avec des risques importants de lobbying et de pression marketing où les enjeux de santé publique ne compteraient plus guère », souligne cette Fédération. D’ores et déjà, une trentaine de pays dans le monde autorisent le cannabis thérapeutique.

Pierre Bienvault

Source(s) : La-croix.com via Contributeur anonyme