Nouvelle piste pour un vaccin anti-VIH

Tenir un Blog, c’est quelque chose qui vous donne des émotions improbables. Et cette news me donne de la joie, pour moi et pour les 6,9 milliards d’être humains de notre planète. J’ai 2 enfants, et c’est au moins une source d’inquiétude qui semble s’éloigner, au moins pour une de ses formes. Jugez plutôt : une certaine forme de protection vaccinale des muqueuses vaginales semble être en train de prendre forme contre le SIDA ! Grâce à des chercheurs : Français ! Comme en son temps Robert Gallo pionner de la découverte du VIH en en 1981/1982. Je vous laisse découvrir l’article de Joël Ignasse décrivant cette avancée majeure dont on attend les résultats sur l’homme en avril, bonne lecture.

Des chercheurs français ont développé un candidat-vaccin contre la transmission sexuelle du VIH chez des macaques femelles.

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La formulation vaccinale est composée du vecteur vaccinal, le virosome, formé de la membrane d'un virus de
la grippe (en jaune-orange brun) et de ses protéines de surface (tulipes et protrusion bleue et blanche) sur
lequel ont été greffés les antigènes du VIH. (CNRS)

Les pistes de recherche habituellement poursuivies pour produire un vaccin protégeant du virus du sida ont pour objectif d’induire la production d’anticorps sanguins ou de cellules tueuses contre le VIH. « Mais le sida est avant tout une maladie sexuellement transmissible. Tout le monde le sait sauf les chercheurs ! Le VIH infecte l’organisme par les muqueuses c’est donc là qu’il faut agir pour bloquer tout de suite l’entrée du virus» explique Morgane Bomsel, directrice de recherche au CNRS et auteure principale de l’étude publiée dans la revue Immunity.
La piste "muqueuses"

L’originalité du candidat-vaccin développé par les chercheurs est d’induire la production d’anticorps au niveau des muqueuses capables de prévenir très tôt l’infection, c'est-à-dire avant la multiplication du virus et sa dissémination dans le sang.

« Nous savons que certaines femmes qui ont des rapports non protégés avec des personnes séropositives ne sont pas contaminées. Des études datant de 1997 ont retrouvé chez ces femmes la présence d’anticorps muqueux dirigés contre une partie spécifique du virus » précise la chercheuse. Ces anticorps sont dirigés contre des protéines de surface, en effet « le VIH est un virus enveloppé avec une membrane qui contient ces protéines et le matériel génétique viral à l’intérieur. Nous avons travaillé sur la protéine transmembranaire Gp41. Il s’agit de la partie de l’enveloppe virale variant le moins parmi toutes les souches virales du sida. »

Un vecteur viral courant

Il restait à trouver un mode d’administration pour Gp41. Les chercheurs ont utilisé un vecteur, un virus sans matériel pathogène, déjà employé depuis dix ans dans la conception de vaccins pour l’hépatite A et la grippe. Grâce à sa surface lipidique mimant la surface du virus, ce vecteur permet aux antigènes de Gp41 d’adopter une structure similaire à celle qu’ils ont in situ. Cela favorise l’induction d’anticorps neutralisants lors de la vaccination.

Afin que ces anticorps soient produits au niveau des muqueuses vaginales, « il faut une étape d’immunisation par voie muqueuse, c’est pourquoi le vaccin a été administré à la fois par voie intramusculaire et par voie nasale » souligne Morgane Bomsel.

Des essais prometteurs

Cinq femelles macaques (Macaca mulatta) ont été vaccinées par cette méthode. Six mois plus tard, elles ont été exposées de façon répétée (13 fois) au VIH par inoculation vaginale. Les cinq animaux se révèlent protégés du développement de l’infection et restent séronégatifs, six mois après la dernière infection par le VIH. « Ce sont des résultats très positifs, obtenir la protection pour cinq animaux sur cinq est vraiment spectaculaire. Il apparait aussi qu’il suffit d’avoir des anticorps puissants bloquant le VIH au niveau de la muqueuse par divers mécanismes complémentaires pour protéger ces animaux, sans avoir besoin d’anticorps neutralisants dans le sang » s’enthousiasme la scientifique.

Il faut cependant rester mesuré: « on ne pas dire que l’on dispose d’un vaccin, de nombreuses études sont encore nécessaires ».  Le vaccin n’a été testé que sur des singes femelles. Il protège d’une infection vaginale non traumatique, ne reflétant pas nécessairement la réalité. Reste donc à étudier le vaccin chez des mâles et à voir son efficacité contre d’autres voies d’infection sexuelles (rectum, tractus oro-uro-génital).

Pour le moment un essai de phase I, destiné à contrôler l’innocuité du vaccin et non l'efficacité, est en cours sur une trentaine de femmes. Les premiers résultats devraient être publiés d’ici le mois d’avril. Pour la suite, il faudra dégager de nouveaux financements.

Joël Ignasse

Source : Sciences et Avenir.fr