Un « tube » qui pourrait révolutionner le dépistage des cancers

Update 12.08.2014 : Dr. Burzynski - Le Complot du Cancer

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Care 1, un dispositif de filtration unique, permet, à partir d'une simple prise de sang, de détecter des cellules tumorales circulantes (CTC).

Quand on suspecte la présence d'un cancer, une biopsie devient nécessaire. Cet examen, qui consiste à prélever une petite partie de l'organe suspect, peut être lourd et invasif. "Il n'est pas sans risque, se pratique sous anesthésie et nécessite parfois une hospitalisation", explique Yvon Cayre, professeur d'hématologie à l'université Pierre-et-Marie-Curie à Paris. Et l'attente du résultat est longue pour le patient.

Fort de ce constat, il a mis au point un dispositif de filtration innovant qui permet, par sélection, d'isoler très rapidement les cellules tumorales circulant dans le sang. "Ce dispositif est composé d'un réservoir dans lequel le sang est versé, d'un filtre microporeux percé de pores coniques et d'une mèche en polymère permettant le passage du sang à travers le filtre, explique-t-il. Ce filtre est capable de retenir les cellules tumorales, car elles sont plus grosses que les cellules du sang." Il a été développé dans le laboratoire de chimie du professeur Yong Chen à l'ENS, avec lequel le professeur Cayre a noué un partenariat.

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Le "tube" du Pr Cayre, nommé Care 1, permet d'isoler les cellules tumorales et de suivre leur évolution.
© DR

L'isolement des cellules tumorales circulantes (CTC) "pourrait éviter une biopsie par aspiration à l'aiguille fine chez 50 % des patients atteints du cancer du pancréas". Et des recherches sont en cours sur d'autres types de cancer (cancer colorectal, du sein, du foie...) pour lesquels la biopsie pourrait être remplacée par la détection des CTC. Néanmoins, ce dispositif n'a pas été conçu comme "un substitut à la biopsie", mais comme "un outil de détection primaire" d'un cancer, précise l'hématologue. "Aujourd'hui, la biopsie reste la clé du diagnostic. Elle apporte des informations plus larges sur le tissu tumoral et ne pourra être évitée si, par exemple, à l'issue de la filtration aucune cellule cancéreuse n'a été isolée."

Un dispositif aux multiples applications

En plus d'isoler les cellules tumorales, le ''tube'' du professeur Cayre, nommé Care 1, permet aussi d'en suivre l'évolution. Les cellules cancéreuses ont la particularité de présenter des anomalies génétiques. C'est la détection de ces anomalies qui permet de mettre en route un traitement ciblé. Or, sous la pression de ces traitements ciblés, d'autres anomalies résistantes au traitement peuvent émerger. "Pour les suivre, on ne peut pas faire biopsie sur biopsie !" s'exclame le professeur Cayre. En revanche, son système, lui, peut être utilisé sans risque plusieurs fois afin de surveiller l'évolution de la situation. "Avec des prises de sang au cours du traitement, on peut voir son efficacité en temps réel, l'affiner, voire le changer, avant une rechute."

Autre grand apport du système : la détection des cellules métastatiques. Il est crucial de les déceler au plus tôt, quand il y en a le moins possible. "Or, il faut réussir à les identifier selon leurs biomarqueurs, leurs anomalies génétiques et leurs caractéristiques fonctionnelles pour ensuite les cibler. L'isolement des CTC permettra celui des cellules souches tumorales, qui sont à l'origine des métastases." Les CTC peuvent aussi révéler l'existence d'anomalies génétiques non identifiées par la biopsie. À terme, l'innovation du professeur Cayre permettrait aussi de détecter des anomalies foetales, comme la trisomie 21.

Son innovation devrait être testée prochainement sur plusieurs patients, atteints de différents cancers. Des contacts avec la direction de l'institut universitaire de cancérologie de l'université Pierre-et-Marie-Curie. Et d'ici un mois, le ''tube'' devrait être fabriqué en plus grande série par la société BiocareCell, créée en septembre 2012 pour commercialiser le dispositif. Il coûtera entre 200 et 300 euros. "Nous espérons que Care 1 sera largement utilisé par les hôpitaux, les instituts de recherche, les laboratoires médicaux et l'industrie pharmaceutique", confie le scientifique. En attendant, les marchés chinois et américains sont déjà très intéressés.

 

Source : Lepoint.fr

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