La sonde Rosetta a rendez-vous avec la comète 67P

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Crédits photo : ESA/AFP

Après un périple de dix ans dans le Système solaire, l'engin va se stabiliser à 100 kilomètres de cette boule de glace pour préparer sa mise en orbite.Après un périple de dix ans dans le Système solaire, l'engin va se stabiliser à 100 kilomètres de cette boule de glace pour préparer sa mise en orbite.

L'incroyable voyage touche à son terme. Après 6 milliards de kilomètres avalés en dix ans et de multiples détours, la sonde Rosetta arrive (enfin) à destination. L'Agence spatiale européenne (ESA) devrait annoncer ce mercredi à 1 h35 précises la réussite du démarrage des opérations d'insertion en orbite autour de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, une boule de neige très sale de 4 kilomètres de diamètre, vestige des premiers instants du Système solaire . Étape ultime, Rosetta tentera d'y larguer un petit module d'atterrissage le 11 novembre.

En se rapprochant du Soleil, les différentes glaces qui composent la comète vont peu à peu se sublimer. Un gigantesque halo de gaz et de poussières va se former. Ce processus a déjà commencé, mais il reste faible: l'équivalent de quelques verres de glace vaporisés dans l'espace chaque seconde. Ce taux sera multiplié par 10 ou 100 dans les prochains mois et donnera naissance à une épaisse chevelure et une longue queue de vapeur d'eau et de poussières. C'est ce phénomène que Rosetta, cube de 2 mètres de côté équipé de 11 instruments scientifiques et d'un petit atterrisseur de 100 kg, Philae, est parti étudier. Mercredi, la sonde ne sera plus qu'à 100 km de sa cible. C'est la première fois que l'homme tente d'accompagner une comète dans sa course à travers le Système solaire. La précision requise échappe au sens commun: cela revient à lancer depuis Paris un grain de poussière vers un grain de sable filant à toute vitesse à 1 km d'altitude en espérant qu'ils se rencontrent au-dessus de New York. Le coût de la mission s'en ressent: 1,3 milliard d'euros.

Pour compliquer un peu la tâche, la sonde est à 400 millions de kilomètres de la Terre, et la moindre commande met donc 22 minutes à lui parvenir. Impossible dans ces conditions de piloter Rosetta en direct. En dépit de ces contraintes, le responsable des opérations à l'ESA, Sylvain Jodiot, restait confiant, lundi. «Nous allons charger les commandes pour les trois prochains jours, tout devrait bien se passer.» Selon lui, le plus difficile est passé.

Il a d'abord fallu donner à la sonde la vitesse requise pour s'aligner sur la course de la comète: plus de 55 000 km/h. Pour cela, Rosetta a effectué depuis 2004 plusieurs tours autour du Soleil, frôlant à plusieurs reprise la Terre et Mars afin de profiter de leur champ de gravité pour prendre de la vitesse. En juin 2011, elle s'est écartée si loin du Soleil que ses deux panneaux solaires, 14 mètres de long chacun, ne recevaient plus assez de lumière pour la garder éveillée. Les scientifiques décidèrent alors de la placer en hibernation, programmant un réveil automatique 30 mois plus tard. Une procédure, inédite et angoissante. Mais, en dépit d'un léger bug à l'allumage, elle ouvrit les yeux comme prévu en janvier dernier.

«Grosses accélérations»

En mai, la sonde se place sur la même trajectoire que sa cible. Mais elle devance alors la comète de plusieurs centaines de milliers de kilomètres. «Nous devions arriver du côté éclairé car la navigation se fait à vue», rappelle Sylvain Jodiot. Bien qu'elle soit devant, Rosetta avance un peu moins vite que la comète. Elle se fait donc peu à peu rattraper. «Nous avons procédé à plusieurs grosses accélérations pour réduire la vitesse relative entre les deux objets. Ces phases étaient cruciales: en cas de problème, nous prenions le risque de nous faire doubler par la comète sans espoir de la rattraper.»

Depuis dimanche, ce scénario catastrophe ne peut plus se produire. La comète se rapproche désormais de Rosetta à la vitesse d'un homme qui marche. Mercredi, si tout se passe selon le plan de vol prévu, l'écart de vitesse entre Rosetta et la comète sera quasi nul (quelques centimètres par seconde). «En cas de problème, il n'y a de toute façon aucun risque de collision avec la comète, nous aurons le temps d'apporter d'éventuelles corrections de trajectoire si nécessaire», assure Sylvain Jodiot.

Rosetta va rester quelques semaines à 100 km de la comète. «C'est le seuil au-delà duquel les caméras de navigation arrivent encore à voir la comète dans son intégralité. Nous allons ensuite nous placer à 50 km pour poursuivre l‘étude de son champ de gravité.» Indispensable avant de se placer en orbite à une trentaine de kilomètres mi-septembre. La prochaine étape sera de repérer le meilleur site d'atterrissage pour son module Philae, qui tentera de s'agripper à la comète le 11 novembre prochain.

«Rosetta restera principalement dans le plan perpendiculaire à l'axe Soleil-comète, au niveau de la limite jour/nuit de la comète, explique Sylvain Jodiot. Dans le halo de gaz cométaire, la sonde est comme un bateau à voile pris dans une tempête. En présentant la tranche des panneaux solaires au flux de gaz qui s'échappera de la comète, on parvient à stabiliser Rosetta tout en gardant les cellules photovoltaïques dirigées vers le Soleil.»

La sonde va tenter de suivre sa comète jusqu'en décembre 2015. Celle-ci sera passée au plus près du Soleil quelques mois plus tôt, en août. Si la première partie du voyage se termine, l'aventure scientifique, elle, ne fait que commencer.

 

Source : Lefigaro.fr

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Europa Report
Crashdebug.fr : Elysium

 


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