Inutile de se répéter, on a déjà tout dit depuis longtemps... ; ))
Bon Week end,
F.
A l'ouverture de la conférence sociale jeudi matin
Ah le joli petit jardin vert… pour le découvrir en partant de Tunel, il faut prendre le petit tram qui remonte Istiqlal et arriver à la station sur la place Taksim, la place du partage et des rencontres…J’aime le petit jardin vert, le parc Gezi il a suffi qu’il soit menacé d’être détruit par les pelleteuses pour qu’éclate un Mai 68 en Turquie de 3 semaines et dans 385 villes du pays…
Ah le joli ticket de métro de Rio de Janeiro : il a suffi d’une augmentation de 6 cts d’euros pour qu’explosent des millions de Brésiliens dans les rues. Des centaines de milliers de manifestants défilent pendant des jours pour protester contre la hausse des tarifs des transports publics et les dépenses somptuaires engagées pour l’organisation du Mondial 2014 de football.
Ah les cotisations sociales portugaises : il a suffit que le gouvernement veuille abaisser celles des patrons de 22,5 à 18, 5 % et hausser celles des salariés de 11,5 % à 18,5 % pour mobiliser 1,5 million de manifestants (soit l’équivalent de 11 millions en France).
Quel va être le déclencheur ici ?
Ah le gel du point d’indice des fonctionnaires pour la 4e année consécutive, Marilyse Lebranchu explique « qu’elle a fait une connerie de communication en l’ayant annoncé à la veille du « sommet social »… Elle ne regrette pas l’annonce, mais seulement le moment où elle l’a faite… Baisser les salaires des fonctionnaires, c’est très injuste et provocateur.
Ah le gel du Smic, annoncé par Président de la République lui-même, alors que tout augmente, que l’on a 10 millions de pauvres et 5,2 millions de chômeurs réels… Pendant qu’on distribue 20 milliards d’euros sans contrepartie aux employeurs et actionnaires, pendant que s’est bouclée au Conseil Constitutionnel une loi anti code du travail concédée au Medef, pendant que Pierre Moscovici donne 2, 585 milliards à Dexia et les refusent aux entreprises en difficulté… tous les salaires reculent…
Ah les nouvelles attaques insensées contre nos retraites… A partir d’une invention fantaisiste claironnée partout, selon laquelle il y aurait prétendument 20 milliards de déficit en 2020…(sic) une nouvelle attaque est prévue par la gauche afin d’en rajouter sur les cinq sales contre reformes de la droite depuis 20 ans (Balladur 93, Juppé 95, Fillon 2003, Sarkozy 2007 et 2010)
Sommet social : une « messe sans foi »
La priorité réelle de notre gouvernement de gauche n’est pas à la lutte contre le chômage, cela se saurait, cela se verrait. Le choix du gouvernement est d’instaurer un compromis avec le patronat, et de le faciliter avec les syndicats qui s’y prêtent politiquement. La priorité du gouvernement, en dépit de son affichage, est la réduction des déficits. Il facilite les licenciements pas les embauches. Il rembourse les banques au lieu de créer des emplois. Il ménage les riches et de fait, appauvrit les pauvres. Il va replonger les vieux dans la misère pour complaire aux « réformes structurelles » des libéraux enragés de Bruxelles. Il cherche dangereusement à faire avaliser tout cela dans une parodie de sommet social, « une messe sans foi » comme la décrit Jacques Delors.
Les beaux espoirs des 6 mai et 17 juin, un an après, ont suscité enthousiasme, puis attente, puis impatience, puis se transforment en déception, en colère et même en rage. Attention au détonateur.
Le gouvernement se flatte de » faire mieux qu’ailleurs ». Il nous décrit une » crise plus violente que prévue et une finance plus puissante qu’annoncée ».
C’est vrai que nous n’en sommes pas au point catastrophique de la Grèce détruite par la Troïka, ni au niveau des drames espagnol, italien, portugais, irlandais… Pas encore. Mais nous subissons, en les acceptant et en y contribuant tous les reculs des peuples européens devant la banque, la finance, les marchés aveugles. Et, comme prévisible, comme prévu, tout se dégrade.
Comme partout ailleurs en Europe, la priorité au remboursement de la dette aboutit à l’augmentation de la dette. Les déficits en France sont passés de 5,3 % en 2011 à 4,8 en 2012 et sont envisagés à 3,9 en 2013. Mais en même temps la dette augmente, en dépit de taux très bas, de 86 % à 90 % du PIB. En enlevant plus de 50 milliards pour rembourser la « dette », en les donnant aux banquiers plutôt qu’à l’emploi, en serrant la ceinture sur tout, allocations familiales ou retraites, fonctionnement des services publics ou droits du travail, le gouvernement nourrit la récession qui diminue les recettes, qui nourrit la dette davantage que ce qu’on la réduit.
S’en prendre aux salaires et aux retraites dans ce contexte frise l’inconséquence provocatrice auprès du peuple de gauche, auprès du salariat. Les points d’indice des petites catégories de fonctionnaires les place à niveau du Smic qui est lui-même gelé alors que chacun, dans sa vie quotidienne ressent la dureté du coût de la vie.
Rien, rien, rien n’exige de baisser les retraites, déjà trop basses. La misère est déjà revenue chez les seniors. Avec des moyennes de 984 euros chez les femmes, 1400 euros chez les hommes, avec une moyenne générale de 1200 euros et une retraite médiane autour de 1050 euros, ce qui est à l’ordre du jour c’est d’augmenter les retraites surtout pas de les baisser. Les retraites c’est du salaire.
Pas plus que les salaires, il n’existe aucune nécessité structurelle d’abaisser les retraites. Les quelques années de bonheur, en forme et en repos, entre 60 et 65 ans sont méritées par notre salariat qui a le taux de productivité le plus élevé du monde. Nous connaissons un boom démographique depuis 15 ans et l’espérance de vie en bonne santé recule depuis 5 ans. 90 % des déficits et de la dette du pays ne proviennent absolument pas de nos caisses de protection sociales, sécu ou retraite. Et les seules difficultés éventuelles, discutables et discutées, sont dues au chômage de masse, au blocage des salaires et au recul des cotisations sociales patronales.
C’est encore plus insupportable pour des millions de gens que les salaires et retraites baissent, alors que les surprofits, les dividendes montent de façon fabuleuse. Bruxelles exige de ne pas toucher aux marges des entreprises alors que 590 milliards d’avoirs français sont dans les paradis fiscaux.
C’est un choix que de frapper les 450 milliards équilibrés du budget social plutôt que les 590 milliards d’avoirs financiers évadés.
Je ne suggère pas à la gauche, au gouvernement de faire ce choix cruel et contraire à tout ce qu’attend son électorat. Car une chose est que les électeurs de gauche s’abstiennent en masse comme dans les huit partielles que nous venons de connaître - inclus Villeneuve-sur-Lot. Une autre chose serait que le désespoir pousse à une hausse de trop sur les tickets de train, un insolent « plan social » de trop à Michelin à Joué-les-Tours ou à la FNAC ou à une bavure d’un ministre de l’intérieur trop zélote et trop zélé…
Il y a, en France aussi, des petits jardins verts auxquels tiennent des millions de salariés exaspérés…
Gérard Filoche, le 20 juin…
Source : Filoche.net
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