Taxes du tabac : 40 députés de tous bords, un même amendement...

 Socialistes, UMP, UDI et radicaux se présentent main dans la main pour stopper la hausse de la fiscalité sur les cigarettes. Une intention poussée par les buralistes et Philip Morris.

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Les députés ne veulent plus de taxes sur les cigarettes. Lundi, pas moins de vingt amendements identiques ont été déposés en commission des Finances de l’Assemblée nationale pour le projet de loi de finances rectificatif (PLFR). Tous étaient rédigés de la même manière, mot pour mot. Un vrai "copié-collé". Et avaient comme objectif de limiter la fiscalité sur le tabac. Plus surprenant, une quarantaine de députés de tous bords sont à l’origine de ces textes. Des socialistes (Jean-Louis Dumont, Razzy Hammadi), des radicaux (Jérôme Lambert), des centristes UDI (Charles de Courson, Maurice Leroy) et des UMP (Eric Woerth, Olivier Dassault, Claude Goasguen). Seuls les écologistes, favorable à la lutte contre le tabac, ne se sont pas mêlés à leurs collègues.

Comme un seul homme, ces parlementaires ne demandent pas moins de limiter la hausse des taxes sur les cigarettes. Un mécanisme complexe augmente la fiscalité, et donc les prix, automatiquement tous les ans. Ces amendements visent à rompre, en partie, ces hausses automatiques pour faire une "pause fiscale". Une position que défend le secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert. L’an passé, les recettes du tabac ont reculé de 170 millions et déjà près de 200 millions en 2014. Elles rapportent tout de même encore près de 14 milliards d’euros…

"Nous sommes derrière beaucoup de ces amendements"

Ni coïncidence, ni concertation, cette quarantaine de députés suit les propositions et le lobbying incessants des buralistes qui réclament depuis plusieurs mois une stabilité des prix au 1er janvier 2015. Ils souffrent des achats de tabac à l’étranger qui sont favorisés, estiment-ils, par la pression fiscale. "Nous sommes derrière beaucoup de ces amendements, confirme un proche de la Confédération des buralistes. Mais pas tous…". Jeudi, les buralistes manifestent à Nantes pour protester contre la hausse à venir des prix au 1er janvier après avoir déjà défilé lundi auprès des syndicats patronaux. Mardi, ils ont envoyé à plusieurs dizaines de députés une lettre appelant à un moratoire sur les prix et à voter ces amendements qui permettrait cette "pause fiscale".

D’autres députés ont aussi écouté les recommandations du géant Philip Morris qui souhaitent également stabiliser ces prix. "Nous ne sommes pas aussi puissant que l’on croit, nous ne sommes pas les seuls à être entendu", explique un porte-parole du fabricant, renvoyant lui aussi la balle aux buralistes. Les deux camps avancent main dans la main, soucieux de freiner la baisse des ventes qui s’accélèrent depuis deux ans.

Reste à savoir ce que fera le gouvernement. Lundi, lors d’une réunion interministérielle, il a décidé de ne soutenir aucun amendement lié au tabac. Ceux-ci ont déjà tous été rejetés en commission lundi. Mais devraient être de nouveau examinés en séance ce vendredi. Malgré tout, Bercy souhaite préserver ses précieuses taxes. Et pourrait bien laisser les députés agir pour ne pas assumer une mesure favorisant les fabricants de tabac.

 

Source : Lejdd.fr

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