Tout l’intérêt de la détention d’or physique par Dylan Grice ( SG)

Prenez la main de Lupus, qui vous emmènera dans une plongée à travers l’histoire de la finance et sa 1re crise financière  en - 44 av. J.-C., et vous démontrera que certaines valeurs servent toujours de référence. Que ce soit du temps des Romains, où à Rome une once d’or servait à acheter une toque, en 2011 le prix d’un costume n’a pas changé, et l’or reste LA valeur de base immuable à travers les siècles. C’est pourquoi certains lui prophétisent une valeur de 7500 dollars l’once ! Ce qui peut être en mars 2011 et une cote à 1430 US$ vous éclairera peut-être…

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Il me semble que quelqu'un vous tend la main...

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« Dans les sciences dures, les connaissances résultent d’un processus cumulatif. Elles font avancer le développement implacable de la capacité humaine à faire plus avec moins, ce qui fait des matières premières un investissement peu intéressant à long terme.

Or, au royaume de la prise de décision sociale, l’homme est stupide, incapable de tirer les enseignements de ses erreurs et de gagner en sagesse : la première crise du crédit a eu lieu à Rome en l’an 33 après J-C et les Grecs anciens ont connu une forte inflation », note Dylan Grice de SG Cross Asset Research. 

« La confiance dans la capacité des banques centrales à tirer des leçons de l’inflation passée est sans doute aussi déplacée que celle que l’on avait dans leur faculté à dégager des enseignements des phases d’expansion du crédit. L’or reste la meilleure protection contre de tels excès de confiance. »

« J’ai récemment montré que, depuis les années 1870, le rendement réel à long terme des matières premières avait été nul, ce qui me rend sceptique à l’égard de l’investissement long-only dans cette classe d’actifs. L’histoire des hommes est faite d’adaptation et d’innovation et j’ai soutenu qu’acheter des matières premières revenait à se positionner contre l’ingéniosité humaine. Toutefois, certains observateurs perspicaces se sont demandés en quoi l’humanité était vraiment ingénieuse. Ils suggèrent qu’aller à l’encontre de l’innovation pourrait ne pas être une si mauvaise idée ! »

« C’est un point pertinent que je souhaite approfondir cette semaine. Dans une note précédente, j’avais explicitement exclu l’or de mon analyse, comme dans les études qui ont suivi. Toutefois, je n’ai jamais clairement expliqué ce qui, de prime abord du moins, semble être une forte contradiction : étant sceptique à l’égard des matières premières, comment puis-je être si confiant concernant la détention d’or physique ? »

« L’or ne ressemble pas aux autres matières premières et réciproquement. Cette différence est essentielle pour la réconciliation à venir. Mais elle va encore plus loin. Elle se situe au centre de la contradiction absurde propre à la condition humaine : comment les hommes capables de l’ingéniosité créatrice imbriquée dans les voyages spatiaux, les communications sans fil, la cartographie du génome, les sous-vêtements comestibles peuvent-ils être totalement incapables de tirer les leçons du passé et de gagner en sagesse ? »

« Si nous remontons au commencement de notre histoire, il y a près de 50.000 ans, quand la preuve de l’existence de l’homme moderne est apparue, nous constatons que nous avons partagé notre planète avec nos cousins génétiquement proches, à savoir les hommes de Néandertal. Ils étaient là 80.000 ans avant les premiers hommes modernes et ont disparu 25.000 ans plus tard pour des raisons que nul ne connaît vraiment. »

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« Toutefois, un thème remarquable qui ressort des preuves archéologiques est que, du point de vue des équipements du moins, ils n’ont pas fait de progrès : les outils retrouvés au cours de fouilles sur des sites néandertaliens datant d’il y a 125.000 ans sont aussi rudimentaires que ceux mis à jour dans des sites néandertaliens remontant à il y a 25.000 ans. En d’autres termes, les hommes de Néandertal n’étaient pas des innovateurs et, partant, devaient être probablement mal armés pour faire face au brusque changement environnemental causé par le climat ou par l’arrivée des hommes modernes. » 

« Les hommes étaient différents. Des premiers outils en pierre à la révolution informatique actuelle, en passant par les silex taillés, les lances, les bijoux, les fresques des grottes, le début de l’agriculture, les Etats centralisés, la poterie, la métallurgie du bronze, les empires, la science, la médecine et la révolution industrielle, l’histoire humaine a été une époustouflante histoire d’innovations et de progrès matériels toujours plus rapides qui ne semble pas donner de signe d’essoufflement. » 

« La revue technologique trimestrielle de l’hebdomadaire The Economist de cette semaine comporte un article sur la transmission d’énergie sans fil. Un drone baptisé The Pelican, contrôlé à distance et normalement alimenté par une batterie assurant une autonomie de vingt minutes est parvenu à se maintenir en vol pendant douze heures durant une manifestation à Seattle, un faisceau laser pointé sur les cellules photovoltaïques situées sous l’appareil et maintenu en place par un système de suivi optique permettant que la batterie reste chargée. Cette démonstration laisse entrevoir une révolution des transports sans carburant, car cette technologie pourrait rendre un jour la fusée obsolète et permettre une exploration plus vaste de l’espace. » 

« Les nanotechnologies offrent également des perspectives hallucinantes. Il apparaît que la distinction entre les éléments cuivre, zinc et plomb s’opère seulement au niveau macro. Au niveau nanométrique, où molécules et atomes sont régis par les lois de la mécanique quantique, l’unité de la matière prévaut et les propriétés des matières évoluent de manière spectaculaire : à l’échelle du nanomètre, l’oxyde de zinc, blanc et opaque, devient clair et transparent ; l’aluminium doux devient hautement combustible (une source d’énergie potentielle) ; le graphite malléable devient plus résistant que l’acier et six fois plus léger ; le cuivre peut être étiré de cinquante fois sa longueur initiale sans se casser. » 

« Plutôt que d’exploiter au mieux les limites de la nature, nous développons aujourd’hui la capacité de concevoir des matériaux propres à répondre à des usages spécifiques. Cette évolution devrait aussi, semble-t-il, améliorer notre capacité à choisir les solutions les plus avantageuses en termes de coûts pour nos futurs besoins de matériaux ainsi que notre capacité à extraire toujours davantage d’une matière première donnée. Le prix des matières premières devrait par conséquent continuer à baisser par rapport à celui des matières transformées. Ce processus est totalement en accord avec l’histoire, à ce jour ininterrompue, des avancées de l’homme et c’est précisément contre cette tendance que vous vous positionnez lorsque vous achetez des matières premières à long terme. »

« Si seulement l’histoire humaine se résumait à ces seules caractéristiques ! Il y a 2000 ans, Cicéron affirmait : l’erreur est chose commune ; seul l’ignorant persévère dans l’erreur. Selon cette logique, l’espèce humaine fait partie de la catégorie des idiots. En effet, seuls les progrès de la physique sont transmis d’une génération à l’autre. Dans le domaine de la prise de décision sociale, où l’orgueil et l’aveuglement prévalent sur l’humilité et le sens des réalités, chaque génération est condamnée à revivre les erreurs des générations passées. »

« L’histoire financière ne fait pas exception. La tendance systématique à reproduire les événements insensés du passé constitue en effet l’une des caractéristiques les plus fascinantes de notre héritage financier. Alors que le titre de la compagnie des Mers du Sud atteignait des niveaux stratosphériques, John Martins de la Martins Bank achetait le titre au prix astronomique de 500 livres sterling et se justifiait en affirmant : lorsque le reste du monde est fou, on doit l’imiter en quelque mesure. Près de trois cent ans plus tard, le P-DG de Citigroup, Chuck Prince, proférait des inepties similaires en déclarant : tant que la musique joue, il faut se lever et danser. »

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« Tacite relate ce qui a peut-être été la première crise du crédit jamais enregistrée en 33 après J.-C. Alors que l’argent faisait cruellement défaut, l’empereur Tibère contraignit par un décret sur l’usure les détenteurs de capitaux à exiger le remboursement des prêts octroyés et les emprunteurs à vendre une partie de leurs avoirs à des prix fortement décotés. C’est seulement lorsque l’empereur décida de débloquer 100 millions de sesterces pour accorder aux débiteurs en difficulté des prêts à trois ans sans intérêts (première politique de taux zéro) que la crise se résorba. »

« La crise du crédit de 2008 n’a donc pas été la première et ne sera pas la dernière. Et pourtant, on nous racontait il y a seulement quelques années que les crises financières appartenaient au passé et que les banques centrales en avaient tiré les leçons. L’histoire montre toutefois que, dans le domaine de la prise de décision sociale, un tel niveau d’assurance est rarement garanti. L’orgueil est à l’origine de toutes les grandes tragédies financières. »

« Qu’est donc une crise inflationniste si ce n’est une tragédie financière ? Aujourd’hui, nos banquiers centraux se montrent aussi confiants dans leur capacité à contrôler l’inflation (M. Bernanke se dit d’ailleurs 100% confiant) que dans la solidité du système financier en 2006. Pourtant, l’histoire ne semble pas leur donner raison dans la mesure où l’inflation existe pratiquement depuis la nuit des temps. Dans la comédie grecque ancienne, Aristophane écrivait en 405 avant J.-C. dans sa pièce de théâtre Les Grenouilles : les belles pièces de monnaie qui font la fierté d’Athènes ne sont jamais utilisées tandis que les méchantes pièces de bronze passent de main en main. »

« Cette référence à la loi de Gresham précède d’environ 2000 ans la première observation qu’a pu en faire Sir Thomas  à la fin du Moyen-Age

« Comme pour les crises du crédit, les éléments à l’origine des crises inflationnistes ne sont pas nouveaux. Toutefois, nous ne les maîtrisons pas suffisamment pour pouvoir affirmer que ces événements ne se reproduiront plus, tout comme nous ne pouvons exclure totalement de futures crises bancaires systémiques. Pourtant, lorsque nous évoquons les épisodes inflationnistes passés, qu’il s’agisse de l’époque classique, médiévale, ou industrielle, nous retrouvons toujours les mêmes composantes désastreuses : des gouvernements sous pression financière et une émission monétaire politisée. »

« Avec une accumulation d’engagements hors bilan qui menacent la solvabilité du secteur public dans le monde développé et des banques centrales qui ne sont guère plus que des pantins de la politique budgétaire ou des supporters béats (à l’exception de la BCE actuellement), nous ne sommes actuellement pas loin d’être de nouveau confrontés à cette configuration délétère. »

« Se positionner contre l’ingéniosité humaine n’est pas une preuve d’intelligence. Toutefois, l’ingéniosité n’a pas force de sagesse. Et faire un pari contre la capacité humaine à gagner en intelligence… et bien, ne seriez-vous pas fous de ne pas le faire ? Avec un risque technologique moindre que celui que vous prendriez en acquérant n’importe quel élément de l’univers des matières premières, l’achat d’or reste traditionnellement la manière la plus pure et simple de faire ce pari. »

Source Soc Gen/AOF / Funds  mars11

Source : Lupus