Ukraine : un cessez-le-feu à portée de main

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Vladimir Poutine et Petro Porochenko (ici au sommet de Misk le 26 août) sont d’accord pour un cessez-le-feu
permanent dans l’est séparatiste de l’Ukraine. - AFP PHOTO POOL/SERGEI BONDARENKO

Un accord pourrait être conclu d’ici à vendredi dans l’est séparatiste de l’Ukraine, a déclaré mercredi Vladimir Poutine. Son homologue ukrainien Petro Porochenko avait annoncé ce matin que Kiev et Moscou s’étaient mis d’accord sur un cessez-le-feu permanent.

Cessez-le-feu en vue. ? Possible... «  Je pense qu’un accord final entre les autorités ukrainiennes et le sud-est de l’Ukraine pourrait être trouvé et fixé le 5 septembre, au cours d’une réunion du groupe de contact » sur le règlement du conflit dans cette ex-république soviétique, a indiqué mercredi président russe, Vladimir Poutine, cité par l’agence publique Ria-Novosti.

Avant tout cessez-le-feu, l’homme fort de Kremlin pose deux préalables : « Un contrôle international objectif et à part entière et objectif sur le respect du cessez le feu » et la création « d’une zone de sécurité. » Des mesures qui font partie d’un plan de règlement de la crise en Ukraine en sept points. « J’ai ébauché quelques réflexions, un plan d’action  » sur le règlement du conflit en Ukraine, a en effet déclaré à la chaîne de télévision Rossia 24 lors d’une visite en Mongolie. Parmi ces points figurent aussi la fin des offensives de l’armée ukrainienne et des rebelles prorusses, ainsi qu’un échange de prisonniers. Mais « la Russie ne peut concrètement pas négocier un cessez-le-feu, car elle n’est pas partie prenante au conflit », a aussi affirmé mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Plus tôt dans la matinée, le président ukrainien, Petro Porochenko, avait - un peu vite, fait état d’un cessez-le-feu permanent dans l’est séparatiste de l’Ukraine. Une information démentie moins d’une heure plus tard par Moscou. Les deux dirigeants se bien sont téléphonés mais Moscou a seulement évoqué un rapprochement de leurs points de vue sur les moyens de sortir de la crise dans l’ex-république soviétique. Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, avait ensuite déclaré à RIA qu’aucun accord de cessez-le-feu n’avait été conclu car la Russie n’est pas partie prenante au conflit entre Kiev et les séparatistes du Donbass, la grande région minière de l’Est ukrainien.

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— Atlantico (@atlantico_fr) 3 Septembre 2014

Prudence

La nouvelle d’un possible cessez-le-feu dans ce conflit qui a fait près de 2.600 morts en près de cinq mois et forcé plus d’un demi-million d’Ukrainiens à fuir leur foyer, a été accueillie avec prudence par Barack Obama en visite à Tallinn (Estonie). « Il est trop tôt pour dire ce que ce cessez-le-feu signifie », a estimé prudemment le président américain, aux côtés de son homologue estonien Toomas Hendrik Ilves. Et d’ajouter : «  Il n’y aura aucun règlement politique réaliste si la Russie (...) continue d’envoyer des chars, des troupes, des armes et des conseillers sous l’apparence de séparatistes et que le seul règlement possible est que l’Ukraine cède son territoire ou sa souveraineté. »

Commentant l’annonce de progrès entre Moscou et Kiev, il a poursuivi : « Il y a une occasion à saisir. Voyons si elle sera suivie.Si la Russie est effectivement (...) prête à trouver un accord politique c’est quelque chose que nous appelons tous de nos voeux », a-t-il poursuivi. « Mais cela implique de respecter les normes internationales. Ce n’est pas ce que nous avons vu en Ukraine ».

Même réserve pour l’Union européenne : « Si ces nouvelles (de cessez-le-feu) se confirment, ce sera un développement positif, mais nous avons besoin de plus d’informations », a déclaré la porte-parole de la diplomatie de l’UE Maja Kocijancic.

Menaces

Les dirigeants lituaniens (voir encadré), comme les Estoniens et les Lettons, ont appelé l’Otan à installer à demeure ses soldats dans les pays baltes pour conjurer toute menace éventuelle de la part des héritiers de l’ancien empire soviétique (voir l’entretien avec Andrew Monaghan (spécialiste de Russie & Eurasie au St Antony’s College, Oxford). Dans un contexte d’extrême tension entre les pays de l’Otan et Moscou et sur fond de craintes de certains observateurs de voir un conflit à grande échelle éclater en Europe, le président américain devrait lancer aujourd’hui un nouvel avertissement à la Russie, avant de participer au sommet de l’Otan au Pays de Galles en fin de semaine.

Hier, comme pour riposter à l’avance à la mise en garde attendue de Barack Obama - et à deux jours du sommet de l’Alliance atlantique à Newport où de nouvelles sanctions devraient être annoncées -, la Russie a prévenu qu’elle réagirait à la « menace » d’un renforcement de la présence de l’Alliance près de ses frontières. Le secrétaire-adjoint du Conseil de sécurité russe a annoncé un « ajustement » d’ici à la fin de l’année de la doctrine militaire russe pour prendre en compte l’apparition de nouvelles « menaces ».

Ces propos font écho aux projets de l’Alliance atlantique d’adopter lors de son sommet de jeudi et vendredi au Royaume-Uni un plan de réactivité (Readiness action plan, RAP), en réponse à l’attitude de la Russie dans la crise ukrainienne, perçue comme une menace directe par certains membres (États baltes, Pologne, Roumanie, Bulgarie).

L’Otan, qui estime que la Russie a déployé plus de 1000 hommes en territoire ukrainien, compte pouvoir déployer « en quelques jours » des milliers de soldats des armées de l’air, de terre, et de la marine, appuyées par des forces spéciales, selon son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen.

Résurgence d’une milice nationaliste en Lituanie

En Lituanie, la reprise de la Crimée par la Russie, puis son intervention armée en Ukraine, accompagnée de bruits de bottes dans l’enclave russe voisine de Kaliningrad, ont déclenché une vague d’adhésions à une organisation paramilitaire qui fait revivre la tradition des « tireurs » des années 1940. Sans attendre les décisions en ce sens du sommet de l’Alliance au Pays de Galles, des milliers de volontaires se mobilisent en effet au sein d’une organisation non-gouvernementale, soutenue de toute évidence par les autorités. Etudiants ou hommes d’affaires, fonctionnaires, journalistes, voire hommes politiques, ils ont rejoint l’Union des tireurs (les « Sauliai » en lituanien), fondée en 1919, mais interdite en 1940 par les Soviétiques, et dont certains membres ont été accusés par la suite de collaboration avec l’occupant suivant, l’Allemagne nazie. « Les effectifs de notre section de Vilnius ont triplé depuis le début de la crise en Ukraine », déclare Mindaugas Balciauskas, commandant d’un détachement de l’organisation qui revendique au total 7000 membres, soit autant que l’armée qui compte 7000 soldats et 4200 réservistes, dans un pays de trois millions d’habitants. La présidente lituanienne Dalia Grybauskaïte, ceinture noire de karaté souvent surnommée Dame de fer en raison de ses prises de position très fermes à l’égard de Moscou, a elle même juré de « prendre les armes » dans le cas improbable où la Russie voudrait attaquer son pays membre de l’Otan et de l’Union européenne.


Source : Lesechos.fr

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