Un logiciel qui scanne les réseaux sociaux expérimenté par l'Intérieur (RTL.fr)

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VU DANS LA PRESSE - Cette arme redoutable permet d'extraire des données de WhatsApp ou de géolocaliser les personnes. Elle pourrait être utile contre le terrorisme.

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publié le 13/11/2020 à 10:04

C'est une arme fatale. Un logiciel qui scanne les réseaux sociaux en temps réel. Redoutablement efficace, terriblement intrusif, il est en expérimentation en ce moment au ministère de l'Intérieur. Et le magazine Marianne l'a testé en exclusivité. 

Première démonstration avec Emmanuel Macron. L'opérateur tape le nom du président sur son clavier.  La machine passe tout en revue : Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, TikTok… Il recherche des données concernant sa "target". 

En moins d'une minute, la messe est dite. Une foule de liens concernant le chef de l’État apparaissent sur l'écran. Tous ses comptes, évidemment, mais aussi 16 numéros de téléphones portables associés. Certains appartiennent effectivement au président, Marianne en a eu confirmation. Pas de secret pour ce logiciel qui est même capable d'extraire les données de WhatsApp, théoriquement crypté, ce qui n'est pas très légal... 

Géolocalisation en temps réel

La machine présente aussi une carte où la cible peut être géolocalisée en temps réel, via son téléphone. "Légalement, dit l'ingénieur, il faut des autorisations administratives mais, techniquement, l’informatique peut le faire en un clic." 

S'agissant du président, on ne va pas jusque-là, mais on en apprend déjà beaucoup. Sur l'écran, autour de sa photo, on voit apparaître des nuages de points. Chaque point est un follower, ou un contact professionnel. "Il doit y avoir tout le gouvernement" dit l'ingénieur. avant de clore la démo. "On va en rester là, hein", conclut-il. 

Il tape ensuite le nom du journaliste de Marianne. Et là encore, en quelques secondes, tout est déballé : les mails, les téléphones, les adresses...  "En principe, explique l'ingénieur, tout ce que la machine déniche est public, puisque cela a été renseigné sur la Toile, sauf que si un humain essayait de retrouver toutes ces données une à une, il y passerait des mois, et il ne parviendrait pas à tout reconstituer."

Une arme de poids contre le terrorisme

C'est déjà spectaculaire, mais ce n'est qu'un début. La machine peut ensuite faire des comparaisons entre deux cibles : voir si elles sont en contact, découvrir leurs points communs, vérifier par mot-clé leurs messages... Et comme par magie, toutes les connexions apparaissent.

C'est évidemment une arme de poids contre le terrorisme. Nouvelle démonstration avec l'assassin de Samuel Paty. Ses données ont été supprimées par Twitter mais sauvegardées par l'Intérieur. Parmi ses followers, le logiciel repère ceux qui tiennent un discours radical et ceux qui ont "approuvé" la décapitation du professeur

Sur Facebook, le logiciel peut aussi "se faire passer pour un ami", ce qui lui permet de naviguer incognito dans les profils, même les plus verrouillés… "Depuis des années, dit l'un des concepteurs du programme, les Américains surveillent tout Internet, mais ça leur coûte plusieurs milliards de dollars par an, et nous n’en avons pas les moyens"... 

Les policiers en attente du logiciel

Pas de moyens mais des idées. D'où cette nouvelle génération de logiciels espions : une sorte de veilleur des réseaux sociaux, jamais fatigué, quasi infaillible. Exemple avec l’attentat de Nice : "Dans les premières heures, dit l'opérateur, plusieurs milliers de tweets haineux apparaissent. Mais si on trie pour ne garder que les comptes qui ont envoyé plusieurs tweets, ils ne sont plus que 400. Et si, parmi eux, on enlève les comptes hostiles au terroriste, on arrive à une cinquantaine d'islamistes radicaux potentiels. C’est beaucoup mais pas non plus des milliers. Ce sont ceux-là qu’il faut surveiller…"

Chez les policiers, l'attente est immense. Certains ne digèrent toujours pas d'avoir raté le jeune tchétchène qui a frappé à Conflans. "Son compte Twitter avait pourtant été repéré, dit un flic de terrain, mais c’est dans l’analyse qu’on n’a pas été assez rapides". 

Le frein, c'est la loi de 2015 sur le renseignement. Une loi très contraignante, au nom du respect des libertés et de la vie privée.  "On exige des policiers des choses délirantes, admet un proche de Darmanin. Le moindre marchand de pizza peut croiser davantage de données informatiques que nos services de renseignement !

Le super logiciel espion, c'est à lire cette semaine dans Marianne.

Source : RTL.fr

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Traqués !
 


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