Un robot plonge sous le réacteur n° 3 de Fukushima

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Fukushima 26 07 2017

Tepco a repéré du combustible fondu, qui aurait percé la cuve en acier et se serait répandu dans l'enceinte de confinement.

Les images prises par le robot submersible surnommé «petit poisson-lune» sont un peu floues, prises dans une eau trouble, mais elles marquent une étape importante dans le long chantier après l'accident de Fukushima. Pour la première fois, Tepco, l'entreprise qui exploite la centrale, a pu photographier des traces de combustible fondu sous l'un des réacteurs accidentés.

Après le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, 3 des 4 réacteurs de la centrale de Fukushima-Daiichi s'étaient emballés et leurs cœurs étaient entrés en fusion. «Les images prises par le robot dans le fond du réacteur numéro 3 montrent qu'une partie du corium, le mélange en fusion du combustible et des structures métalliques du cœur, a dû traverser la cuve métallique du réacteur, détaille Frédéric Ménage, directeur de l'expertise de sûreté à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Le tout est immergé dans des mètres cubes d'eau qui sont déversés en continu dans le réacteur pour le refroidir.

«Un mélange de métal fondu et de combustible»

Sur les images diffusées par Tepco, ces résidus hautement radioactifs apparaissent comme des coulées de lave solidifiées. «Il y a une forte probabilité pour que ces amas solidifiés soient un mélange de métal fondu et de combustible nucléaire», a déclaré un porte-parole de Tepco, précisant que la compagnie allait procéder à des analyses supplémentaires des images. Les barres de combustibles neuves sont des assemblages de métaux et d'oxydes d'uranium, qui sont peu radioactifs. Mais après fonctionnement, une partie de l'uranium est cassée en d'autres éléments, appelés produits de fission, qui sont eux extrêmement radioactifs.

D'autres images montrent la partie basse des barres de contrôle qui servent en temps normal à contrôler la puissance des réactions nucléaires. Lors de la première plongée le 19 juillet, le petit sous-marin de la taille d'un grille-pain n'avait pas trouvé de combustible, d'après le quotidien Japan Times. Ce n'est que lors de sa deuxième excursion le 21 juillet qu'il a enfin vu les éléments recherchés.

Cette détection est loin d'être évidente, car les robots doivent évoluer dans un environnement postaccident, avec de nombreux débris et de très forts niveaux de radioactivité. En février, un autre robot était tombé en panne à cause de niveaux de radioactivité records dans l'enceinte du réacteur numéro 2.

«La découverte dans le réacteur numéro 3 est une étape clef pour Tepco, car elle prouve d'une part que nos modélisations informatiques, ainsi que celles de nos collègues américains, ne s'étaient pas trompées en disant que les cœurs en fusion avaient dû perforer le fond des cuves des réacteurs, explique Frédéric Ménage. C'est donc un retour d'expérience important, afin de comprendre ce qui s'est réellement passé au Japon. Et d'autre part, avant de penser à démanteler les cœurs des réacteurs accidentés, il faut d'abord savoir où se trouvent les combustibles fondus, qui sont les parties qui vont rester les plus radioactives pendant des durées très longues.»

Après l'accident, les autorités japonaises ont très vite annoncé qu'elles allaient démanteler les cœurs accidentés, une opération extrêmement complexe qui risque de prendre des décennies. Dans l'histoire du nucléaire, un tel démantèlement n'a été entrepris qu'aux États-Unis, après l'accident de Three Miles Island. Mais dans ce cas, la fusion du cœur n'avait été que partielle, et n'avait pas perforé la cuve du réacteur, ce qui simplifie la situation

Source : Le Figaro.fr

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