No comment, ça serait cruel... Mais au risque de me répéter, je préfère vous indiquer le billet en information complémentaire que nous avons récemment publié ; )
Ces derniers temps, on a beaucoup réduit les faux pas, les hésitations ou les « couacs » (termes fermement récusés par les intéressés) de l’exécutif à un problème de communication. Pour faire simple, nous serions passés d’une présidence qui communiquait le matin en se rasant jusqu’au soir en nous rasant à une présidence soucieuse de ne pas céder aux sirènes du tout médiatique permanent. Sirènes pouvant précipiter, comme on l’a vu, les frêles esquifs gouvernementaux vers les récifs.
Nous autres journalistes, nous aurions une grande responsabilité dans cette attente. Abreuvés durant cinq ans de faits, de proclamations et de gesticulations, nous aurions développé une sorte d’addiction au coup d’éclat permanent.
Le terme même de « storytelling », (l’utilisation forcené de procédés narratifs pouvant parfois s’apparenter aux contes dans la technique de communication) ne nous a t-il pas nourri durant toute une année ? D’abord pour nous émerveiller de la trouvaille, puis pour en comprendre le sens et son absence de nouveauté, puis pour la dénoncer.
Nous autres journalistes, nous aurions une grande responsabilité dans cette attente. Abreuvés durant cinq ans de faits, de proclamations et de gesticulations, nous aurions développé une sorte d’addiction au coup d’éclat permanent.
Le terme même de « storytelling », (l’utilisation forcené de procédés narratifs pouvant parfois s’apparenter aux contes dans la technique de communication) ne nous a t-il pas nourri durant toute une année ? D’abord pour nous émerveiller de la trouvaille, puis pour en comprendre le sens et son absence de nouveauté, puis pour la dénoncer.
Bref, de même que le sarkozysme a contaminé l’ensemble de la droite française comme on le voit dans la compétition acharnée que se livrent les duettistes, Francois Fillon et Jean-François Copé, il aurait durablement influencé notre manière d’appréhender l’actualité. Nous serions devenus incapables, maladivement incapables, de nous concentrer sur les vrais problèmes qui méritent, comme chacun sait, d’être examinés, retournés, flairés, soupesés puis rapportés avant d’être analysées et pour finir, un jour, tranchés.
Au début, certains éditorialistes, bons garçons, ont consenti à faire leur introspection. Après tout, c’est vrai que la disparition du bruit et de la fureur sarkozysiennes a pu nous donner l’impression erronée de laisser la place à une période ou rien ne se faisait, rien ne se décidait. Et puis, le doute est revenu au galop quand on a vu les ministres se contredire, changer de pied, se dédire parfois le jour même, comme ce fut le cas avec le premier d’entre eux, Jean-Marc Ayrault empêtré dans un débat qu’il n’avait ni choisi, ni voulu sur les 35 heures. A cela, on rétorqua non sans raison que les premiers pas du gouvernement Fillon I et même II, furent également placés sous le signe du cafouillage mais il ne s’agissait que d’un cafouillage de « collaborateurs », les vraies décisions se prenant à l’Elysée et rien qu’à l’Elysée.
Non, l’élément le plus surprenant n’est pas l’absence de « gourous » de la com dans les hautes sphères du pouvoir. Jacques Pilhan avait inventé le travail de… Pilhan Jacques, taillé le costume à sa mesure. Ce fut assurément son coup de génie. Le job disparut avec lui. Ce n’est pas non plus l’absence de décisions qui est en cause. On l’a vu et pas seulement dans la séquence sur la compétitivité. L’exécutif sait décider. Non, ce qui frappe davantage c’est…l’absence de conviction affichée, proclamée, revendiquée. Est-ce le souci de gouverner par consensus ? Est-ce la volonté de ne pas « cliver » (fortune de ce verbe en passe de remplacer « stigmatiser ») ? Toujours est-il que ce pouvoir là ne paraît pas toujours convaincu. On sait bien que, pour reprendre un mot de Nietzsche, ce ne sont pas les doutes qui rendent fous mais les certitudes. Certes. Mais face à une droite bardée et hérissée de certitudes et même de préjugés, la retraite comme défense n’apparaît peut-être pas la meilleure des solutions.
On le voit tous les jours dans le « débat » autour du mariage pour tous. Est-ce l’ombre portée de Lionel Jospin qui en bon héritier de Lambert (le trotskiste pas le comique) n’a jamais eu de grande empathie pour cette question ? Toujours est-il que ce pouvoir se montre singulièrement mou du genou face aux coups de boutoirs de l’alliance reconstituée du sabre et du goupillon voulant sauver la France au nom du Sacré-Cœur. Du coup, l’information est complaisamment relayée qui fait état d’une indifférence du locataire de l’Etat sur ce sujet.
Mais… ce n’est pas le seul domaine où la gauche au gouvernement paraît manquer singulièrement de conviction. Prenons le droit de vote des étrangers. Proprement enterré par Manuel Valls. Est-il normal que cette revendication si fondamentale soit ainsi expédiée aux oubliettes ? François Mitterrand a fait de même, est-ce un argument suffisant ? En fait, on aimerait bien entendre, aujourd’hui, les principaux responsables de la gauche et ses hérauts pour qu’ils nous disent simplement de quoi ils sont convaincus. C’est vrai après tout, qu’est ce qui mérite pour eux de mener une bataille idéologique et politique ? Car ce n’est pas l’absence de communication ou de stratégie qui inquiète actuellement mais l’absence de convictions. Faute de quoi, l’opinion publique risque d’être condamnée durant cinq ans à entendre la droite exposer quotidiennement les siennes. Il est sûr qu’en philosophie, l’ataraxie est synonyme d’harmonie mais en politique ?
La chose est dure à admettre pour celui qui fut tant d’années premier secrétaire du Parti socialiste. Néanmoins, la fonction transforme la personne. Et l’on peut raisonnablement espérer que François Hollande dans la conférence de presse qu’il tient, aujourd’hui, conviendra que, pour paraphraser une phrase célèbre, on ne tombe pas amoureux d’une motion de synthèse.
Au début, certains éditorialistes, bons garçons, ont consenti à faire leur introspection. Après tout, c’est vrai que la disparition du bruit et de la fureur sarkozysiennes a pu nous donner l’impression erronée de laisser la place à une période ou rien ne se faisait, rien ne se décidait. Et puis, le doute est revenu au galop quand on a vu les ministres se contredire, changer de pied, se dédire parfois le jour même, comme ce fut le cas avec le premier d’entre eux, Jean-Marc Ayrault empêtré dans un débat qu’il n’avait ni choisi, ni voulu sur les 35 heures. A cela, on rétorqua non sans raison que les premiers pas du gouvernement Fillon I et même II, furent également placés sous le signe du cafouillage mais il ne s’agissait que d’un cafouillage de « collaborateurs », les vraies décisions se prenant à l’Elysée et rien qu’à l’Elysée.
Non, l’élément le plus surprenant n’est pas l’absence de « gourous » de la com dans les hautes sphères du pouvoir. Jacques Pilhan avait inventé le travail de… Pilhan Jacques, taillé le costume à sa mesure. Ce fut assurément son coup de génie. Le job disparut avec lui. Ce n’est pas non plus l’absence de décisions qui est en cause. On l’a vu et pas seulement dans la séquence sur la compétitivité. L’exécutif sait décider. Non, ce qui frappe davantage c’est…l’absence de conviction affichée, proclamée, revendiquée. Est-ce le souci de gouverner par consensus ? Est-ce la volonté de ne pas « cliver » (fortune de ce verbe en passe de remplacer « stigmatiser ») ? Toujours est-il que ce pouvoir là ne paraît pas toujours convaincu. On sait bien que, pour reprendre un mot de Nietzsche, ce ne sont pas les doutes qui rendent fous mais les certitudes. Certes. Mais face à une droite bardée et hérissée de certitudes et même de préjugés, la retraite comme défense n’apparaît peut-être pas la meilleure des solutions.
On le voit tous les jours dans le « débat » autour du mariage pour tous. Est-ce l’ombre portée de Lionel Jospin qui en bon héritier de Lambert (le trotskiste pas le comique) n’a jamais eu de grande empathie pour cette question ? Toujours est-il que ce pouvoir se montre singulièrement mou du genou face aux coups de boutoirs de l’alliance reconstituée du sabre et du goupillon voulant sauver la France au nom du Sacré-Cœur. Du coup, l’information est complaisamment relayée qui fait état d’une indifférence du locataire de l’Etat sur ce sujet.
Mais… ce n’est pas le seul domaine où la gauche au gouvernement paraît manquer singulièrement de conviction. Prenons le droit de vote des étrangers. Proprement enterré par Manuel Valls. Est-il normal que cette revendication si fondamentale soit ainsi expédiée aux oubliettes ? François Mitterrand a fait de même, est-ce un argument suffisant ? En fait, on aimerait bien entendre, aujourd’hui, les principaux responsables de la gauche et ses hérauts pour qu’ils nous disent simplement de quoi ils sont convaincus. C’est vrai après tout, qu’est ce qui mérite pour eux de mener une bataille idéologique et politique ? Car ce n’est pas l’absence de communication ou de stratégie qui inquiète actuellement mais l’absence de convictions. Faute de quoi, l’opinion publique risque d’être condamnée durant cinq ans à entendre la droite exposer quotidiennement les siennes. Il est sûr qu’en philosophie, l’ataraxie est synonyme d’harmonie mais en politique ?
La chose est dure à admettre pour celui qui fut tant d’années premier secrétaire du Parti socialiste. Néanmoins, la fonction transforme la personne. Et l’on peut raisonnablement espérer que François Hollande dans la conférence de presse qu’il tient, aujourd’hui, conviendra que, pour paraphraser une phrase célèbre, on ne tombe pas amoureux d’une motion de synthèse.
Source : Marianne.net
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