Près d’un mois et demi s’est écoulé depuis les élections du 4 mars, et le pays n’a toujours pas de gouvernement en vue. En Italie, c’est au président de la République – qui a un rôle essentiellement honorifique – que revient la responsabilité de discuter avec les différentes forces politiques afin de composer une majorité. Mais les deux premiers tours de consultations n’ont rien donné.

La situation n’a pas bougé d’un iota : le Mouvement 5 étoiles (M5S), première force politique avec 32,5%, accepte de s’allier avec la Ligue (anciennement Ligue du Nord, extrême droite), mais sans son encombrant allié Silvio Berlusconi. La Ligue, de son côté, refuse de se défaire de sa coalition des droites, qui la place en position de force (37% au total). Quant au Parti démocrate (centre gauche, gouvernement sortant), tombé à 19%, il maintient que, les électeurs l’ayant désavoué, il restera dans l’opposition et refusera toute alliance.

“À moins d’un miracle…”

Après avoir constaté le blocage pour la deuxième fois, le président Sergio Mattarella a décidé de confier, le 18 avril, une mission d’“exploratrice” à la présidente du Sénat, Maria Elisabetta Alberti Casellati, issue de la coalition des droites. Et pour ce faire, il lui a donné deux jours. Autrement dit, c’est “mission impossible”, constate Il Gazzettino en une. “Il s’agit du mandat ‘exploratif’ le plus réduit de l’histoire, confirme La Repubblica. Tant en termes de délai – environ quarante-huit heures – que de périmètre : vérifier s’il est possible de composer une majorité entre le M5S de Di Maio et la droite de Berlusconi, Salvini et Meloni.” Au terme de ces deux jours, vendredi 20, l’exploratrice devra rendre ses conclusions au président et, “à moins d’un miracle”, écrit La Stampa, elle conclura à un échec.

Que fera le président Mattarella ? Après la présidente du Sénat, il pourrait “se tourner vers le président de la Chambre, Roberto Fico, issu du M5S, et lui confier une mission analogue : explorer la piste Mouvement 5 étoiles-Parti démocrate”, indique encore La Stampa. Mais ce parti est en pleine crise interne, déchiré entre ceux qui sont ouverts à une coalition et ceux qui y sont fermement opposés. Si bien qu’il est peu probable qu’en quelques jours “il retrouve miraculeusement une unité et se jette dans les bras du M5S”.

Plusieurs options restent sur la table. Notamment un retournement de situation après les régionales dans le Molise (le 22 avril) et dans le Frioul (le 29), ou un recours du président à sa “botte secrète”, indique La Stampa, c’est-à-dire un gouvernement d’union nationale, “chargé d’assurer les missions les plus urgentes : les documents économiques que l’Europe attend, le budget, les sommets internationaux”, etc. Car “Le président de la République en a marre”, assure le journal, "sa patience a atteint ses limites”.

 

Carole Lyon