Violents affrontements près de Bangkok, un soldat tué

par Ambika Ahuja

BANGKOK (Reuters) - De violents affrontements entre l'armée thaïlandaise et les opposants au gouvernement, dans la banlieue nord de Bangkok, ont fait un mort et 18 blessés.

Un soldat a été touché par balle à la tête et a succombé à ses blessures, rapporte le centre médical public Erawan. Selon des témoins, il aurait été victime d'un tir ami.

Les soldats ont effectué des tirs de sommation à l'arme automatique pour bloquer un convoi de quelque 2.000 "chemises rouges", partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui avaient quitté le centre de la capitale.

Plusieurs kilomètres en amont du cortège principal, une centaine de manifestants se sont heurtés aux forces de l'ordre, qui ont fait usage de balles en caoutchouc, de matraques et de boucliers pour les disperser. Les protestataires ont riposté avec des pierres, des billes en métal et des feux d'artifice.

Les affrontements ont cessé lorsqu'une pluie tropicale s'est abattue sur les lieux, à une quarantaine de kilomètres du centre de la capitale, sur la route Vipavadee-Rangsit.

A la nuit tombée, les soldats s'étaient retirés et la plupart des manifestants avaient regagné leur campement dans le centre commercial de Bangkok qu'ils occupent sans discontinuer depuis le 3 avril.

Ces violents incidents sont les derniers en date d'une crise politique qui a paralysé Bangkok et fait 27 morts et plus de 900 blessés depuis sept semaines. Vingt-cinq personnes avaient été tuées lors de la seule journée du 10 avril.

GOUFFRE ENTRE LES MASSES ET L'ÉLITE

"Les 'chemises rouges' ont testé la volonté des forces de sécurité et on a vu que le gouvernement prenait la chose au sérieux", souligne Somjai Phagaphasvivat, professeur à l'université Thammasat. "Mais il est difficile de dire qu'un camp est sorti vainqueur des incidents d'aujourd'hui".

Mardi soir, des mouvements de troupes avaient été signalés dans plusieurs quartiers du centre de Bangkok, faisant planer la menace d'une intervention. Un porte-parole de l'armée a précisé qu'il s'agissait d'un "entraînement" en vue d'une éventuelle dispersion des manifestants.

Ces derniers ont arrosé d'essence la barricade de trois mètres, faite de bambous et de pneus, qui entoure leur campement dans le quartier d'affaires de la capitale. Ils menacent d'y mettre le feu en cas d'intervention des forces de sécurité.

Les espoirs de voir émerger une solution négociée à ce conflit ont été douchés ce week-end par le refus du Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, d'organiser des élections anticipées dans les trois mois comme le demandait l'opposition.

Le vice-Premier ministre, Suthep Thuangsuban, a prévenu mardi que le temps de l'indulgence était révolu à l'égard des manifestants et a mis en garde contre une "intensification" des opérations de la part des autorités.

Les autorités ont laissé entendre que les "chemises rouges" pourraient avoir l'objectif de faire de la Thaïlande une république, alors que la monarchie y est une institution quasi sacrée. Les opposants démentent une telle intention.

La crise a élargi le fossé entre les masses rurales et ouvrières qui soutiennent les "chemises rouges" et l'élite traditionnelle du pays, à tel point que la société thaïlandaise a rarement paru si divisée.

La colère enfle dans les deux camps et les "chemises jaunes", un groupe rival favorable au gouvernement, a annoncé que si les autorités n'agissaient pas pour chasser les "chemises rouges", il s'en chargerait.

En 2008, les "chemises jaunes" avaient assiégé trois mois durant le siège du gouvernement de Thaksin et paralysé pendant huit jours les aéroports de la capitale.

La crise commence à avoir des conséquences néfastes sur le tourisme, qui représente 6 % de l'économie du pays et emploie directement ou indirectement 15 % de la population. Les arrivées à l'aéroport Suvarnabhumi de Bangkok ont chuté d'un tiers au mois d'avril, selon des statistiques du gouvernement.

Avec Adrees Latif et Chalathip Thirasoonthrakul, Pierre Sérisier et Clément Dossin pour le service français, édité par Gilles Trequesser sur le NouvelObs



Informations complémentaires :


AFP : Thaïlande: 2.000 "chemises rouges" en mission en dehors de Bangkok
Le Figaro.fr : Thaïlande/manifestations: un soldat tué
CCTV.com : Thaïlande : au moins 1 soldat mort et 10 blessés dans des affrontements
 


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