Yémen : Parly tente de justifier les ventes d'armes à l'Arabie

5 of 5 (3 Votes)

Ce qui est grave, c'est que l'on s'est ridiculisé en refusant la vente des Mistral à la Russie sous des prétextes fallacieux, pour obéir au diktat de Washington. Par contre, pour exploser des Yéménites avec des Mirage 2000, des chars Leclerc et autres canons Caesars, là il n'y a pas de soucis. La France a vraiment une éthique à géométrie variable... Pour le reste, il ne faut pas se voiler la face, un des seuls secteurs (avec le tabac et l'alcool, la drogue, la prostitution, les jeux de hasard et le monde de la finance...) qui fait des bénéfices monstres en France, c'est l'industrie de l'armement... Bref que des business bien éthiques...

La France, l'un des premiers exportateurs d'armements en Arabie saoudite, encadre strictement ses ventes
mais n'est pas maîtresse de l'usage d'armes qui "n'étaient pas censées être utilisées", a déclaré vendredi
Florence Parly (photo) à propos du conflit au Yémen. /Photo prise le 8 février 2018/REUTERS/P. Wojazer.

PARIS (Reuters) - La France, l'un des premiers exportateurs d'armements en Arabie saoudite, encadre strictement ses ventes mais n'est pas maîtresse de l'usage d'armes qui "n'étaient pas censées être utilisées", a déclaré vendredi Florence Parly à propos du conflit au Yémen.

L'Arabie saoudite - qui a scellé avec la France pour plusieurs milliards d'euros de contrats, particulièrement sous le quinquennat de François Hollande - est engagée depuis mars 2015 au Yémen dans une guerre contre les rebelles houtis appuyés par l'Iran chiite, à la tête d'une coalition militaire de pays arabes sunnites soutenue par les Etats-Unis.

"Qui pouvait imaginer la survenance de ce conflit au Yémen? (...) Beaucoup de pays sont confrontés à cette situation que d'avoir, le cas échéant, livré des armes à d'autres pays alors que ces armes n'étaient pas censées être utilisées", a justifié la ministre des Armées sur France Inter, alors qu'on lui demandait si la coalition utilisait des "bombes françaises".

"L'utilisation des armes, une fois livrée, est normalement encadrée, mais les conflits peuvent évoluer", a-t-elle dit.

La France, a-t-elle souligné, ne vend "pas des armes n'importe comment".

"Rien n'est plus encadré que le régime d'autorisation d'exportation des armements. Il y a une procédure, une commission, tout cela se passe sous le regard du Parlement, il y a un rapport qui est public sur la manière dont ces autorisations d'exportation sont données", a rappelé Florence Parly, tout en observant que le secteur de l'armement "occupe de très nombreuses entreprises" en France.

"Les intérêts commerciaux et la création d’emplois ne devraient pas conduire l’Etat et nos entreprises de Défense à fermer les yeux sur les risques graves que certaines exportations font courir aux populations civiles à l’étranger, au Yémen en particulier", a répliqué dans un communiqué l'ACAT, ONG chrétienne de défense des droits de l'Homme, en dénonçant l'opacité du système français.

La France exporte également des armements aux Emirats arabes unis, membre de la coalition sunnite au Yémen.

PARIS SIGNATAIRE DU TRAITÉ SUR LE COMMERCE DES ARMES

La ministre a rappelé que la France avait pu remettre en cause des contrats par le passé pour des raisons géopolitiques, comme l'annulation en août 2015 de la livraison de deux navires Mistral à Moscou (commandés en 2010) en raison de l'annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014. Ces deux bâtiments ont été finalement revendus à l'Egypte, critiquée pour son bilan en matière de droits de l'Homme.

"Nous savons aussi interrompre des processus", a fait valoir Florence Parly.

La France a ratifié en avril 2014 le traité sur le commerce des armes qui réglemente le commerce international des armes classiques (armes légères, chars de combat, avions de combat, navires de guerre...).

Ce texte stipule notamment que tout pays exportateur doit évaluer "de manière objective et non discriminatoire" si la vente de ses armes pourrait servir à "commettre une violation grave du droit international des droits de l’Homme ou à en faciliter la commission".

L'Onu dénonce "la plus grave crise humanitaire au monde" au Yémen, où plus des deux tiers de la population - environ 22 millions de personnes - ont besoin d'assistance, exposés aux risques de famine et de choléra.

Le conflit a fait plus de 10.000 morts et l'Onu accuse l'ensemble des belligérants de violer les lois de la guerre en visant les populations et infrastructures civiles, comme les hôpitaux et les écoles.

La résolution 2216 adoptée en avril 2015 par le Conseil de sécurité des Nations unies impose un embargo sur les armes à destination de la rébellion houthie et de ses alliés, pas à la coalition emmenée par Ryad.

(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)

 

Source : Challenges.fr

Informations complémentaires :


Inscription à la Crashletter quotidienne

Inscrivez vous à la Crashletter pour recevoir à 17h00 tout les nouveaux articles du site.

Archives / Recherche

Sites ami(e)s