PARIS — Plusieurs questions se posaient jeudi autour de l'intervention du Raid, qui s'est soldée en fin de matinée par la mort à Toulouse de Mohamed Merah, 23 ans, auteur de sept meurtres, après un siège de 32 heures et une fusillade nourrie.
- Pourquoi avoir attendu plus de 30 heures pour donner l'assaut ?
Le Raid avait pour consigne de "tout faire pour interpeller Merah vivant" et de ne "tirer qu'en légitime défense", a expliqué jeudi le procureur de Paris, François Molins.
"C'est précisément parce que tout a été fait que l'opération a duré aussi longtemps au péril du Raid, qui compte dans ses rangs cinq blessés", selon le magistrat.
Les équipes du Raid avaient amorcé des négociations avec le tueur mercredi. Mais dans la soirée, changement de ton. "A 22h45, il indique (...) qu'une reddition serait contraire à ses engagements et ses convictions", relate M. Molins. "Il indique aux négociateurs du Raid qu'il veut mourir en moujahidine, les armes à la main, qu'il refuse d'être jugé" et dit : "Si c'est moi, tant pis, j'irai au paradis, si c'est vous, tant pis pour vous."
L'assaut final est lancé à 10H30. Mohamed Merah est abattu une heure plus tard.
Le député Jean-Jacques Urvoas, spécialiste de la sécurité au PS, a amorcé un début de polémique en critiquant le Raid avant de faire machine arrière.
"Le Raid n'est donc pas capable en 30 heures d'aller chercher un individu seul dans un appartement ?" s'interroge-t-il sur Twitter pendant l'assaut, avant de rendre "hommage au courage" des policiers.
- Pourquoi les policiers ne sont-ils pas parvenus à pénétrer chez Merah lors d'une première tentative ?
Mercredi à 03H00, les policiers du Raid tentent une première fois, en vain, de pénétrer dans l'appartement de Merah qui tire à travers la porte. Deux policiers sont blessés et un choqué.
Selon un spécialiste s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, les policiers ont tenté de défoncer la porte avec un système d'ouverture de porte à vérin, mais sans utiliser d'explosifs. Ils craignent sans doute qu'une déflagration ne déclenche des explosifs qu'aurait pu installer Merah.
Mais "cela donne le temps à Merah d'ouvrir le feu et de repousser le premier assaut", relève sur son blog Jean-Dominique Merchet, journaliste défense à Marianne, en soulignant que "le Raid maîtrise peu ou mal - ou en tout cas n'emploie pas -" la technique des explosifs. "Sans doute est-elle jugée trop militaire, bonne pour les gendarmes ou les commandos", conclut-il.
- Dans quelles circonstances est mort Mohamed Merah ?
Mercredi soir, à 23H30, le Raid jette des grenades pour faire sauter les volets des trois fenêtres de l'appartement donnant sur la rue. Deux tirs sont entendus en réponse. Puis, plus de signe de vie jusqu'à l'assaut final le lendemain.
Jeudi en fin de matinée, le Raid parvient à ouvrir la porte de l'appartement. Merah arrose d'une "trentaine de coups de feu" les policiers en progression, selon le procureur Molins. La riposte du Raid est longue et massive : quelque 300 cartouches sont tirées au total pendant la fusillade, qui a duré cinq minutes.
Merah, équipé d'un gilet pare-balles, est finalement atteint d'une balle dans la tête. La marque d'un tir "pour tuer", à la différence des tirs visant à "neutraliser", dans le genou par exemple.
Pour l'avocat de Mohamed Merah, la mort du tueur est "le résultat logique de la stratégie adoptée" par la police. "On l'a enfermé de plus en plus radicalement dans son autisme, dans sa coupure d'avec la réalité, rien n'a été fait pour l'aider à rétablir un lien, un dialogue", déplore Me Christian Etelin.
De Daphné BENOIT et Pierre-Marie GIRAUD (AFP)
Source : Afp
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