Quelle est vraiment la mortalité du H5N1 ?

Le virus H5N1 de la grippe aviaire tue près de 60 % des humains qu'il contamine. Ce taux est-il surestimé ? C'est la question posée par une étude publiée cette semaine dans Science.

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Février 2012 : Le propriétaire d'un élevage de canards au Vietnam patiente pendant la désinfection de sa ferme après des cas suspects de H5N1 chez les volailles (Na Son Nguyen/AP/SIPA)

Le virus H5N1 de la grippe aviaire peut contaminer des humains qui ont des contacts prolongés avec des oiseaux malades – notamment dans les élevages. Le taux de mortalité de cette infection est alors de plus de 50 %, d’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé. Mais ce taux est peut-être surestimé, avancent aujourd'hui des chercheurs dans la revue Science.

En effet, ce taux est calculé en fonction du nombre de cas d’infections par le H5N1 recensés par l’OMS à travers le monde. Il s’agit de cas déclarés, donc en général d’hospitalisations, et deux tests différents sont nécessaires pour que l’OMS le considère comme un cas confirmé d’infection par le virus H5N1. De 2003 jusqu’à février 2012, 586 cas dans le monde ont été comptabilisés, dont 346 décès, soit une mortalité de 59 %.

Cependant, dans les pays les plus touchés par la grippe aviaire – l’Indonésie, l’Egypte, le Vietnam et la Chine - les personnes ne consultent pas un médecin pour une infection modérée. Les épidémiologistes soupçonnent donc que des cas modérés de H5N1 chez l’humain aient échappé à la comptabilité. Des études de terrain ont été menées à de petites échelles. Trois chercheurs de l’école de médecine du Mont Sinaï (New-York, Etats-Unis) ont réalisé une méta-analyse de 29 études de terrain destinées à mesurer la présence du virus H5N1 dans différentes populations.

Au total, la présence du H5N1 a été mise en évidence chez 1 à 2 % des 12.600 personnes étudiées. Cela signifierait que des milliers de cas d’infections par le virus H5N1 sont passés inaperçus et que le taux de mortalité est surévalué, avancent Taia Wang et ses collègues. De plus amples études sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse, avec des méthodes uniformisées pour s’assurer que d’autres virus grippaux – nombreux à circuler en Asie - n’ont pas été confondus avec celui de la grippe aviaire. Tous les tests de détection du virus dans le sang n’ont pas la même efficacité pour repérer le H5N1.

 

Source : Sciences & Avenir.fr