Arbitrage Tapie : nouveau face-à-face Lagarde-Richard

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Christine Lagarde et son ancien directeur de cabinet au ministère de l'Économie Stéphane Richard, le 28 mai
2010 à Paris (Photo Eric Piermont. AFP)

La directrice du FMI et son ex-directeur de cabinet sont arrivés à la Cour de justice de la République, où ils doivent être confrontés, ce mercredi.

La directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, est arrivée mercredi matin à la Cour de justice de la République (CJR), à Paris, pour y être confrontée à son directeur de cabinet à Bercy, Stéphane Richard, qui entend la mettre «face à ses contradictions» dans l’enquête sur l’arbitrage Tapie.

Stéphane Richard, actuel PDG d’Orange, est arrivé quelques minutes après elle, peu avant 8h30. Hormis un «bonjour» lancé par Christine Lagarde, qui porte tailleur et écharpe sombres, aucune déclaration n’a été faite aux journalistes.

Il s’agit de la troisième visite de l’ex-ministre de l’Economie à la CJR, habilitée à enquêter et à juger les faits commis par des ministres dans l’exercice de leur fonction. Elle l’avait placée sous le statut de témoin assisté en mai.

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Elle avait alors évité une mise en examen qui l’aurait sans doute contrainte à quitter ses fonctions au FMI. Depuis, l’institution internationale a toujours assuré Christine Lagarde de son soutien. Une «différence de traitement» que, selon son entourage, «n’a jamais compris» Stéphane Richard, qui fait partie des cinq mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans le volet non ministériel du dossier.

La commission d’instruction de la CJR entend comprendre le rôle qu’a pu jouer Christine Lagarde dans le choix pris à l’automne 2007 de préférer à la justice de droit commun l’arbitrage, c’est-à-dire une justice privée, pour clore le long litige entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais sur la revente d’Adidas.

Ce tribunal composé de trois arbitres avait octroyé quelque 400 millions d’euros à Bernard Tapie, dont 45 millions d’euros au titre du préjudice moral. Les juges cherchent à déterminer si cette sentence est le fruit d’un «simulacre» d’arbitrage organisé avec l’aval du pouvoir. Autre interrogation : la décision en 2008 de Christine Lagarde de ne pas intenter de recours contre cette décision.

La griffe de la ministre

Au cœur de la confrontation de mercredi, l’usage de la «griffe», cette signature pré-imprimée utilisée en l’absence de la ministre. Elle semble avoir été utilisée sur une lettre du 23 octobre 2007 que les enquêteurs pensent cruciale dans la décision d’aller à l’arbitrage.

Un courrier qui est l’une des seules instructions écrites de la ministre figurant au dossier. Christine Lagarde a confirmé aux juges qu’il avait été signé en son absence et assuré qu’elle n’avait pas eu connaissance de son contenu. Mais, en 2008, devant les parlementaires, elle avait confirmé «avoir donné des instructions» pour soutenir «la décision» d’aller à l’arbitrage et avait assumé «la responsabilité des instructions écrites» en ce sens.

«C’est la première fois depuis sa mise en examen que Stéphane Richard va pouvoir mettre Christine Lagarde face à ses contradictions», relève-t-on dans l’entourage du patron d’Orange, favori à sa succession et «très serein» avant le face-à-face.

Contacté par l’AFP, l’avocat de Christine Lagarde n’a pas donné suite avant la confrontation. Outre Stéphane Richard, quatre personnes sont mises en examen pour escroquerie en bande organisée : Bernard Tapie, l’avocat de l’homme d’affaires, Me Maurice Lantourne, un des juges arbitres, Pierre Estoup, et l’ex-patron du CDR, la structure chargée de gérer l’héritage du Crédit lyonnais, Jean-François Rocchi.

Durant l’enquête, Stéphane Richard a insisté sur le fait qu’il n’avait «jamais été personnellement en position de prendre des décisions». «Je n’ai pas dissimulé d’informations à Mme Lagarde», a-t-il martelé, ajoutant que «le choix de l’arbitrage a été partagé à tous les niveaux de l’Etat».

 

Source(s) : Liberation.fr avec Afp

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