Nouveau coup de pression sur l’investigation à Canal+

Je vous passe cet article en Une pour affirmer notre solidarité avec les équipes de l’excellent Zapping et les journalistes de Special Investigation. Vous voyez on parlait ce week end de la dictature de la pensée unique, et bien la voilà encore illustrée dans les faits....

Aussi assumer votre différence, si vous gardez vos valeurs, n’en ayez pas honte, et au contraire mettez-les bien en avant. Les lâches sont déstabilisés par le courage, tout simplement parce qu’ils ne le comprennent pas…

Update 20.10.2015 : Canal+ renonce à licencier un responsable de Spécial Investigation

Bien à vous, ; )

L'Amourfou

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La censure de l’enquête sur le Crédit mutuel par Vincent Bolloré n’en finit pas de faire des vagues à Canal+. Vendredi 16 octobre, le site Pure Médias annonçait que Patrick Menais, le responsable du Zapping de Canal+, était sur le point d’être licencié pour avoir diffusé de larges séquences de ce documentaire, finalement diffusé le 6 octobre sur France 3. L’information a été démentie par la direction de Canal+.

Mais on murmure dans la chaîne que cette initiative a fortement irrité en haut lieu. Selon nos informations, Patrick Menais n’a pas été convoqué officiellement par la direction mais s’est vu reprocher verbalement par Maxime Saada, le directeur général de Canal+, de ne pas être « solidaire » de la chaîne.

M. Saada a pointé notamment la rediffusion dans le Zapping des propos controversés sur le Front national de Maïtena Biraben, l’animatrice du Grand Journal, ainsi que la diffusion d’extraits du magazine « Complément d’enquête » de France 2 où le présentateur Nicolas Poincaré évoquait la reprise en mains de Canal « avec une certaine brutalité » et l’intervention de Vincent Bolloré sur la ligne éditoriale.

Concernant l’enquête sur le Crédit mutuel, M. Saada a minimisé auprès de M. Menais les révélations qu’elle contient, mais ne lui a pas ordonné de la passer sous silence. Le 8 octobre, le Zapping a proposé six extraits de l’enquête diffusée sur France 3 deux jours auparavant. Pour le moment, il n’y a pas eu de sanctions à l’encontre de M. Menais.

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Nomination comme représentant syndical

En revanche, il semble que la direction de Canal+ souhaite solder le contentieux avec l’équipe du magazine « Spécial investigation » qui avait exprimé son mécontentement après la censure de l’enquête sur le Crédit mutuel. Jean-Baptiste Rivoire, rédacteur en chef adjoint du magazine, est convoqué lundi 19 octobre par la direction des relations humaines de Canal+ pour un entretien préalable « à un éventuel licenciement ». Dans sa lettre de convocation, envoyée en recommandé le 9 octobre et que Le Monde a pu consulter, la DRH n’a indiqué aucun motif au journaliste.

Dimanche soir, la direction de Canal+, jointe par Le Monde, démentait, dans un premier temps, avoir envoyé cette lettre. Puis, quelques minutes plus tard, elle expliquait que Jean-Baptiste Rivoire « n’était pas en procédure de licenciement ». Or, le journaliste a affirmé au Monde n’avoir pas reçu cette annulation. Il a décidé de se rendre, lundi, à la convocation.

Cette dernière a été envoyée alors que le matin du 9 octobre, Jean-Baptiste Rivoire a expédié un courriel interne à ses collègues de Spécial investigation pour leur annoncer qu’il avait adhéré au syndicat SNJ-CGT et que ce dernier l’avait nommé « représentant syndical » à Canal+. Il leur expliquait que ce mandat allait lui permettre d’assister aux comités d’entreprise mensuels, et de poser des questions à la direction, notamment sur la façon dont elle « traite » l’investigation sur la chaîne.

« Mise en cause à peine masquée » de la direction

La démarche syndicale de Jean-Baptiste Rivoire fait suite à la censure de l’enquête sur le Crédit Mutuel. Après l’annonce de sa déprogrammation, le journaliste a envoyé le 4 juin un courriel à M. Saada, cosigné par deux de ses collègues de Spécial Investigation, Steeve Baumann, rédacteur en chef adjoint, et Nathalie Moutoz, chef d’édition, dans lequel ils demandaient des explications sur cette déprogrammation.

Les trois signataires interrogaient également M. Saada sur le nouveau processus de décision du Comité d’investigation concernant le lancement des enquêtes. Ils pointaient son refus de rediffuser une enquête sur la coupe du monde 2022 au Qatar, et l’absence de réponse de la direction de Canal concernant des investigations sur la BNP et Center Parcs proposées par KM, la société de Renaud Le Van Kim qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel.

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Quelques jours plus tard, M. Saada a reçu les journalistes du magazine. Il s’est agacé de « la mise en cause à peine masquée » de la direction de Canal+ concernant l’investigation. Il leur a également expliqué que le processus de décision pour le lancement des enquêtes « n’avait pas changé ». « Il n’y a pas eu de déprogrammation, mais KM nous a informé directement auprès de la direction de l’antenne que le programme ne nous serait pas livré », a-t-il avancé à propos de l’enquête sur le Crédit mutuel, en soulignant qu’il n’était en rien intervenu dans la non-diffusion de ce programme. Or, il a été révélé depuis par le site Médiapart, que le documentaire avait bien été censuré par M. Bolloré.

Regrettant ce qui s’était passé, M. Saada a assuré à l’équipe que l’investigation serait renforcée sur Canal+.

Dans sa prochaine édition, le 26 octobre, Spécial investigation diffusera finalement l’enquête « Hollande-Sarkozy, la guerre secrète » qui avait été déprogrammée de la grille le 28 septembre.

 


Source : LeMonde.fr

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