Le logiciel antipiratage de l'Hadopi fuite sur Internet

Bienvenue en Chine. Bientôt ce logiciel risque d'être développé et pourquoi pas intégré au routeur de nos chers FAI, par mise à jour automatique par internet. Encore une bonne raison d'avoir préféré un routeur d'une marque connue depuis le début, car ma box n'a jamais voulu fonctionner ;)

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«Ce document ne fait l'objet d'aucun secret», dit l'Hadopi.

Une ébauche du projet du logiciel censé empêcher les internautes de pirater a été publiée sur Internet. A terme, ce système antipiratage pourra être inclus dans les «box» des fournisseurs d'accès.

Il existe une méthode encore plus radicale que les amendes et les coupures d'Internet pour endiguer le piratage : installer, directement sur les ordinateurs, des logiciels capables de bloquer les connexions vers les sites pirates. Prévus dès le vote de la loi l'an dernier, ces logiciels de sécurisation seront facultatifs. Mais ils pourront intéresser les internautes qui voudront à tout prix éviter de recevoir les messages d'avertissement de l'Hadopi. Seulement, leur conception relève du casse-tête technique.

Lundi, la Haute autorité a lancé une consultation auprès des professionnels de la sécurité pour définir le cahier des charges de ces applications. Elle recueillera leurs avis jusqu'au 10 septembre. La notice accompagnant cette consultation, rédigée par Michel Riguidel, expert et professeur à l'école Télécom-ParisTech, était restée jusqu'à présent confidentielle. Elle a été publiée vendredi par le site Numerama. «Ce document, qui ne fait l'objet d'aucun 'secret', est bien celui qui fait l'objet de la consultation prévue par la loi et dans les termes prévus par celle-ci», confirme Eric Walter, secrétaire général de l'Hadopi, au figaro.fr.

Un logiciel simple à utiliser

Le document de 36 pages, encore à l'état de projet, regorge de détails sur les «spécifications» de ces logiciels de sécurisation, qui recevront une labellisation de l'Hadopi. On y découvre que l'application devra être simple à installer et à désinstaller, sans laisser de trace. Elle devra rester sous le contrôle du titulaire de l'abonnement, et ne rien retenir de la navigation sur Internet, contrairement à un logiciel de contrôle parental. Le logiciel ne devra ni ralentir l'ordinateur, ni nécessiter de «connaissance technique» et savoir se faire quasi invisible. Il devra en outre fonctionner sur la plupart des plates-formes, aussi bien propriétaires (Windows), que libres (Linux).

Le document ne cache cependant pas les véritables ambitions du système de sécurisation souhaité par l'Hadopi. L'application disposera de plusieurs armes pour contrôler les téléchargements sur l'ordinateur dès qu'il sera activé, dont un système de listes noires, grises et blanches. Mises à jour automatiquement à distance, ces listes contiendront les sites Internet interdits par décision de justice, les applications de téléchargement à surveiller en priorité, comme eMule et µTorrent, et les services légaux de téléchargement à laisser passer. En revanche, le contenu même des données transitant par le réseau ne sera pas examiné.

Un mouchard «infalsifiable»

Le journal de bord ne stockera pas que les échanges sur les réseaux «peer-to-peer». Selon une illustration incluse dans le document, ce mouchard signalera aussi le visionnage de contenus en «streaming vidéo». «Les règles et les critères devront évoluer avec les usages dans le temps», est-il précisé. Le cas des VPN chiffrés, qui permettent se rendre invisible sur Internet, est aussi évoqué. Tout comme l'échange de pièces-jointes volumineuses par courriel. Enfin, l'installation facultative du logiciel pourrait n'être qu'un début. A terme, il est possible de «réfléchir» à embarquer ces solutions de sécurisation directement dans les box des opérateurs, «pour les futures générations de boîtiers», est-il encore écrit.

En cas de comportement suspect, le logiciel saura lancer des alertes, que l'internaute pourra d'ignorer. Il proposera aussi de «bloquer certaines connexions [ou] la communication réseau de certaines programmes», et alertera le titulaire de la ligne si la connexion n'est pas suffisamment sécurisée. Toutes ces actions seront consignées dans deux journaux de bord distincts, l'un public, l'autre privé, «confidentiel et infalsifiable». Si l'adresse IP de l'internaute est repérée sur les réseaux de «peer-to-peer» par les ayants-droits, et que l'abonné affirme ne s'être livré à aucun téléchargement, c'est ce compte-rendu crypté qui lui servira à prouver sa bonne foi auprès de l'Hadopi. D'où l'intérêt d'installer un mouchard sur son PC.

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