Pourquoi les vaccins sont-ils moins efficaces face au variant Omicron ? (Lefigaro.fr)

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Bonjour à toutes et à tous, j'ai vu qu'en Allemagne une dizaine de personnes avait été contaminées par Omicron, et ce malgré 3 doses de vaccins, du reste les laboratoires annoncent une 4e dose pour le variant Omicron.

Covid Shot
Avec une troisième dose différente des deux premières, le rappel non seulement relance la production
d’anticorps, mais il ajoute de nouvelles armes à l’arsenal. Luis Barron /Eyepix Group/MAXPPP

DÉCRYPTAGE - Le variant semble se jouer des anticorps, mais les questions demeurent sur les formes graves

Face au variant Omicron, la bataille est-elle perdue d’avance ? Plusieurs travaux mis en ligne en début de semaine ont montré qu’il contournait une partie des défenses immunitaires apportées par une précédente infection ou par la vaccination. Les anticorps induits par les vaccins seraient 40 fois moins efficaces contre Omicron, et les personnes doublement vaccinées (quel que soit le vaccin) beaucoup moins protégées contre la contamination. Mais le système immunitaire est très complexe et si les anticorps y jouent un rôle primordial, d’autres mécanismes entrent en jeu. De plus, ces études ne disent rien de la protection apportée contre les formes graves de Covid-19.

Quand un virus nous contamine, notre organisme apprend à le combattre puis garde en mémoire les outils qui ont permis cette lutte. C’est cette même réponse que va entraîner la vaccination. Un des premiers remparts repose sur les anticorps neutralisants, qui s’attaquent directement au virus pour le bloquer. Les vaccins anti-Covid ciblent une protéine virale, le spicule ou protéine Spike, qui leur permet de se fixer à nos cellules et d’y entrer. Bien plus petits que le virus ou la spicule, les anticorps vont se fixer sur des points précis pour empêcher le virus de s’accrocher à nos cellules. «La bonne nouvelle avec Omicron, c’est qu’en dépit des mutations, le virus utilise le même mode opératoire pour entrer dans les cellules, explique Mylène Ogliastro, virologue et directrice de recherche à l’Inrae de Montpellier.
L’immunité n’est pas totalement contournée.»

Sélection naturelle

Après l’infection ou la vaccination, les anticorps se maintiennent d’abord en quantité importante. Notre organisme reste sur le qui-vive en l’attente d’une prochaine infection. Au fil du temps, le nombre d’anticorps diminue mais des cellules (les lymphocytes B) gardent en mémoire leurs caractéristiques et peuvent en relancer la production. C’est sur ce principe que s’appuie le rappel vaccinal : alors que notre système immunitaire baisse la garde, une nouvelle injection lui montre que la menace est toujours présente et pousse les lymphocytes B à produire des anticorps en plus grande quantité. Pourquoi ce nouveau variant met-il à mal ces défenses ? Comme tous les êtres vivants, les virus évoluent. Ces évolutions répondent aux règles de la sélection naturelle : les évolutions qui donnent un avantage au virus prennent petit à petit le dessus sur les autres.

La sélection naturelle a d’abord privilégié les virus les plus contagieux, mais à mesure que le nombre de personnes immunisées contre la maladie augmentait, le contexte a favorisé des virus capables d’échapper à nos défenses. C’est ce qui pourrait se passer avec Omicron. Les scientifiques ont dénombré plus d’une trentaine de mutations qui modifient la structure du virus, dont «une dizaine que l’on ne connaissait pas mais qui ont d’emblée été fortement suspectées d’induire une perte d’efficacité», poursuit Mylène Ogliastro. Certaines modifient la forme géométrique de la protéine Spike. Une grande partie des anticorps induits par une primo-infection ou la vaccination ne peuvent alors plus s’imbriquer correctement et deviennent inopérants.

Il y a quatre classes d’anticorps, et les mutations affectent les zones d’action des deux classes les plus efficaces. Les autres agissent toujours mais doivent être beaucoup plus nombreux pour bloquer le virus

Bruno Canard, virologue à Aix-Marseille Université

Les premiers résultats obtenus in vitro suggèrent cependant qu’une troisième dose de vaccin permet de maintenir une protection, et que les personnes guéries puis vaccinées sont mieux protégées. Pourquoi ? Quand le taux d’anticorps est élevé, ce qui est le cas après une troisième dose ou une primo-infection, leur nombre important compense leur perte d’efficacité. «Il y a quatre classes d’anticorps, et les mutations affectent les zones d’action des deux classes les plus efficaces, explique Bruno Canard, virologue à Aix-Marseille Université. Les autres agissent toujours mais doivent être beaucoup plus nombreux pour bloquer le virus. Dans le cas d’une primo-infection, l’organisme aura développé une réponse qui va au-delà du spicule en produisant aussi des anticorps ciblant d’autres parties du virus. La réponse est donc plus large et moins fragilisée par les mutations.»

C’est aussi ce qui se produit quand le rappel et les premières doses sont issus de deux vaccins différents : tous les vaccins ne produisent pas exactement la même réponse, la batterie d’anticorps produits après une injection de Pfizer sera donc différente de celle induite par le vaccin AstraZeneca. Avec une troisième dose différente des deux premières, le rappel non seulement relance la production d’anticorps, mais il ajoute de nouvelles armes à l’arsenal.

Réponse cellulaire

En l’absence de rappel, les anticorps sont bien là mais une grande partie ne parviendra pas à bloquer Omicron. Celui-ci pourra pénétrer nos cellules. C’est là qu’intervient la deuxième étape de notre système de défense : les lymphocytes B vont relancer la production d’anticorps et les lymphocytes T s’attaquer aux cellules malades. Cette réponse, appelée cellulaire, prend plus de temps à se mettre en place, mais elle est plus générale donc moins sensible aux mutations du virus. Le vaccin pourrait donc garder son efficacité contre les formes graves de la maladie, d’autant que plusieurs études ont montré que les vaccins ARN produisaient une forte réponse cellulaire. Les données encore préliminaires venues d’Afrique du Sud ne semblent en tout cas pas montrer une hausse des Covid sévères.

Le nouveau variant est-il moins pathogène, ou la population sud-africaine, en grande partie immunisée, est-elle protégée contre les formes graves ? Les prochains jours nous le diront : Omicron commence à gagner du terrain partout dans le monde, y compris dans des populations vaccinées. Si les hospitalisations ne grimpent pas en flèche, cela voudra dire que les vaccins restent très efficaces pour nous protéger des formes graves, même face à Omicron.

Source : Lefigaro.fr

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