L'enquête sur Bettencourt se dirige vers le couple Woerth

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Toujours pas de juge dans l'affaire Bettencourt. Alors notre président, tel un pilote de chasse, lâche un nouveau leurre à la face du peuple. Mais pendant ce temps, qui parle des 750 milliard qui serviront finalement à refinancer les banques ?

PARIS (Reuters) - Le ministre du Travail Eric Woerth et sa femme seront rapidement entendus par la police concernant notamment l'embauche en 2007 de cette dernière par la société gérant la fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, a annoncé lundi le parquet.

Le parquet de Nanterre a aussi confirmé lundi que Liliane Bettencourt, 87 ans, devait aussi être entendue par la police mais aucune date n'est fixée, a dit une porte-parole.

Le Premier ministre, François Fillon, plusieurs ministres et le secrétaire général de l'Elysée ont à nouveau défendu publiquement lundi Eric Woerth, chargé du dossier-clé des retraites, qui entend rester en poste au moins jusqu'au remaniement gouvernemental prévu en octobre.

"Il n'y a pas eu de renvoi d'ascenseur, version populaire du conflit d'intérêts", déclare Claude Guéant, le bras droit de Nicolas Sarkozy, dans Le Monde daté de mardi, ajoutant qu'il "n'y a aucun délit" de la part de l'ex-ministre du Budget.

Eric Woerth a redit être étranger à l'embauche pour 200.000 euros par an de son épouse en novembre 2007 chez Clymène, société gérant les actifs de Liliane Bettencourt.

Selon Le Monde, le patron de Clymène, Patrice de Maistre, a déclaré à la police la semaine dernière avoir vu plusieurs fois Eric Woerth début 2007, quand ce dernier lui avait demandé de voir son épouse pour "la conseiller sur sa carrière".

LÉGION D'HONNEUR

Eric Woerth conteste cette déposition.

"Je vais vous décevoir, mais je n'ai pas favorisé l'embauche de ma femme, voilà. Ma femme a rencontré son patron dans le cadre de son ancien travail, c'était dans une banque", a-t-il dit à la presse en marge d'un déplacement.

"Je ne suis pas à l'origine de cette rencontre (...) Je ne peux pas vous dire autre chose, c'est ce que je dirai à la justice quand elle m'entendra", a-t-il ajouté.

Ils auront tous deux l'occasion de s'expliquer lors d'auditions, a annoncé le parquet de Nanterre.

"Ces auditions auront lieu à bref délai dans la procédure", a dit une porte-parole du procureur de Nanterre (Hauts-de-Seine) Philippe Courroye.

Florence Woerth a été embauchée alors que son mari était devenu en mai 2007 ministre du Budget et restait trésorier de l'UMP, parti auquel Liliane Bettencourt faisait des dons légaux.

A la demande du gestionnaire de fortune, Eric Woerth a ensuite remis en janvier 2008 la Légion d'honneur à Patrice de Maistre. Dans des enregistrements clandestins de conversations, Patrice de Maistre déclare avoir embauché Florence Woerth pour "faire plaisir" à son mari et à sa demande.

La fortune de l'héritière, troisième de France et 17e au monde avec 17 milliards d'euros, ne semble avoir fait l'objet d'aucune vérification fiscale depuis de longues années.

Admettant dans la presse avoir "sous-estimé un conflit d'intérêts", Florence Woerth a quitté Clymène fin juin.

Il faudra pour entendre Eric Woerth faire une demande au conseil des ministres, démarche que le parquet de Nanterre n'a pas encore effectuée, dit Claude Guéant.

LE PS DEMANDE UN JUGE INDÉPENDANT

Dans le cadre procédural actuel d'enquête préliminaire, une audition d'Eric et Florence Woerth ne débouchera sur aucune poursuite ou aucune mesure coercitive.

Le procureur Courroye n'a pas le pouvoir des les prononcer, sauf s'il choisit d'ouvrir une information judiciaire et de transmettre le dossier à un juge d'instruction indépendant, une option qu'il exclut en l'état du dossier.

Il peut ouvrir une information quand il jugera ses investigations complètes ou classer l'affaire sans suite, ou citer un ou plusieurs suspects directement devant le tribunal.

L'hypothèse, évoquée par certains élus d'opposition, d'une saisine de la Cour de justice de la République, juridiction réservée aux actes ministériels, est très aléatoire, sa compétence étant très restreinte.

La conduite de l'enquête par le procureur est critiquée, en raison du lien entre parquet et pouvoir politique et du fait que le procureur ne peut enquêter à l'étranger ou mener librement perquisitions, écoutes téléphoniques et arrestations.

Le Parti socialiste a renouvelé lundi sa demande de nomination d'un juge d'instruction. "La démocratie française ne s'en porterait que mieux si un juge indépendant était désigné", a estimé Benoit Hamon, son porte-parole.

Avec Laure Bretton, édité par Yves Clarisse


Source : Reuters

Informations complémentaires :

Les Echos.fr : Affaire Bettencourt : Eric et Florence Woerth bientôt entendus
Le Figaro.fr :
L'Oréal/Banier: plainte d'un actionnaire
La Tribune de Genève :
Le ministre Eric Woerth et sa femme seront interrogés par la police

 


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