Petit meurtre entre amis. Ma nuit passée à composer le gouvernement avec l'UMP

Une petite plongée au coeur du gouvernement, qui étudie son remaniement pour toujours mieux vous satisfaire. En cette période de Crise, l'Elysée ou Matignon n'étant définitivement pas assez prestigieux pour l'événement, et parce que les voyages forment la jeunesse, c'est La Rotonde du Bellevue qui a été choisie. Même si cela ne semble pas être François Fillon qui applaudira tout ce bling bling... Mais au final, qu'en retiendront les ministres ? "Un ministre : « Ça m'emmerde profondément ces journées. Je suis fatigué. »"

A Biarritz pour les journées parlementaires, les pontes de la majorité ont fait et refait le gouvernement entre la poire et le fromage.

(De Biarritz) Qui ira à Matignon ? C'est l'unique question qui agite les conversations d'une table à l'autre. Qui remplacera François Fillon ? Personne n'en sait rien, mais tout le monde s'interroge.

Six pronostics semblent sérieux. La veille, on assurait savoir que Jean-Louis Borloo déjeunerait au 57 rue de Varenne les deux prochaines années.

Une petite remontée de MAM a finalement été éclipsée par l'hypothèse d'un Bruno Le Maire premier ministrable, puis par celles, fluctuantes, des arrivées de Brice Hortefeux (« trop risqué »), de François Baroin ('trop vieux, Fabius avait huit ans de moins ») et de Jean-François Copé (« impossible »).

Personne n'évacue complétement l'idée d'un maintien de François Fillon à son poste.

Les tables proches de l'océan réservées aux ministres

"Ce jeudi soir, autour de ces dizaines de tables impeccablement dressées, des parlementaires, des ministres et des journalistes font et défont le gouvernement. Pour ce repas entre les deux journées parlementaires de l'UMP, le parti a soigné l'accueil en choisissant La Rotonde du Bellevue où les « réceptions de prestige face à l'immense océan, sont inoubliables ». Laurent Wauquiez salue les parlementaires : - « Je vous ai pas vu depuis longtemps. Dans l'hémicycle, on n'a pas vraiment le temps de se voir. - Vous savez que ma femme travaille au Sénat, je ne peux pas dire du mal des sénateurs. » .

Les tables les plus proches de l'immense océan sont réservées aux ministres : Besson, Châtel, Daubresse, Lagarde, Apparu, Baroin, Estrosi, Morano, Bocekl, Lemaire, Lelouche, Borloo.

Jean-François Copé et Michèle Alliot-Marie sont installés autour de la table des présidents de groupe. Celle que doit rejoindre François Fillon.

Besson très remonté contre Backchich

"Coup de théâtre : Christian Estrosi s'installe à la table d'Eric Besson (absent donc). Malade ? Fâché ? Repenti ? Le ministre de l'Immigration finit par débarquer. Il reste quelques minutes, boit un verre d'eau, discute avec Xavier Bertrand et s'en va. Sa soirée a été « bousillée » par l'article de Bakchich qui l'accuse d'avoir fait payer par le ministère son voyage de noces en Italie. Pas avare en insultes contre l'hebdomadaire, Eric Besson regrette la publication de « mensonges » qui restent, qui salissent, qui ravagent… et dont Nicolas Sarkozy commence à se lasser. Autre coup de théâtre, dévoilé plus tôt dans la soirée : François Fillon, annoncé pour vendredi à Biarritz, sera de la partie. A 21h35, le chef du protocole qui fait les cent pas lâche : « Il arrive. » Jean-François Copé l'accueille d'un « quelle arrivée ! » jovial, Jean-Louis Borloo galope derrière et victoire, il est à ses côtés pour l'entrée dans la salle de réception. (Voir la vidéo).

Entre le Premier ministre et le candidat le plus sérieux à Matignon, c'est au minimum tendu. Fillon s'amuse à décrire la petite frayeur qu'a eu Jean-Louis Borloo à cause des turbulences dans l'avion, concluant : « Il faut avoir des nerfs… »

De quoi pourrir la soirée du ministre de l'Ecologie. Jusque tard dans la soirée, il a pesté contre les bavardages du Premier ministre et de la presse.

Fin du dîner. Copé est ravi, il serre des mains et dit « c'est super ». Xavier Bertrand, tendu et très fâché contre Rue89, esquive les questions sur sa rivalité avec Jean-François Copé :

- « Une compét ? Où ça une compét ?
- Partout, ce soir, ce matin, à Port-Marly [où se tenait le campus des jeunes UMP, ndlr].
- Vous aurez noté que ce n'est pas moi qui fait la compét. J'ai dit quelque chose, moi ?
- Vous êtes contesté.
- (Contrarié) Et par combien de personne ?
- …
- Une ! »

Essoufflée mais radieuse, Christine Lagarde, qui ressemble de plus en plus à Allison Janney de la série « A la Maison-Blanche », raconte en arrivant son crochet par la plage. Les autres vont et viennent entre le bar Impérial et l'entrée.

Borloo ne semble pas avoir de doutes sur sa nomination à Matignon

Sans affirmer ouvertement qu'il sera le prochain Premier ministre, Jean-Louis Borloo, très porté sur l'Evian et la Badoit (sans rire), ne semble pas avoir beaucoup de doutes. Planté devant lui, Patrick Balkany en rajoute : « Il est le meilleur pour ce poste. »

On se moque des absents, « Où est Roselyne ? », et surtout de Michèle Alliot-Marie, bousculée ces dernières semaines. « Elle, Premier Ministre ? Si vous saviez ce qu'en pense le Président. »

Un ministre : « Ça m'emmerde profondément ces journées. Je suis fatigué. »