Des scientifiques percent les mystères de la météorite de Tcheliabinsk

Rappelez-vous… Du reste, juste pour l’anecdote, les Russes ont quand même dû avoir la peur de leur vie avec cette histoire…

Une équipe d'astronomes a passé au crible les vidéos amateurs de l'astéroïde qui s'est abattu en Russie en février dernier. Résultat : sa trajectoire, sa taille et bien d'autres caractéristiques ont été dévoilées.

L’astéroïde qui s’est abattu en février dernier sur la ville russe de Tcheliabinsk mesurait environ 19 mètres de diamètre pour une masse de 12.000 tonnes, estiment des chercheurs qui ont reconstitué ses caractéristiques et sa trajectoire grâce aux nombreuses vidéos diffusées sur internet.

Selon les astronomes, cette météorite renfermait une énergie équivalente à 500.000 tonnes de TNT à son entrée dans l’atmosphère terrestre. Et même si elle a fait plus d’un millier de blessés dans l’Oural, les dégâts auraient été bien plus importants si elle ne s’était pas fragmentée à plusieurs reprises avant de toucher le sol.

Trajectoire, courbe lumineuse, traînée de poussières, «bangs» supersoniques : en analysant minutieusement une vingtaine de vidéos amateurs prises le 15 février 2013, à l’arrivée de la pluie de météorites au-dessus de Tcheliabinsk, les chercheurs ont pu déduire un grand nombre de paramètres concernant l’astéroïde.

A son entrée dans l’atmosphère, à 95 km d’altitude, il file à 19 km par seconde et pèse alors quelque 12.000 tonnes. Sous la pression de l’air, la météorite se déforme comme une balle de tennis géante et se comprime tant qu’elle commence à se casser, «la série de fragmentations la plus importante survenant entre 40 et 30 km d’altitude», souligne l’étude, publiée mercredi dans la revue britannique Nature.

L’analyse acoustique des vidéos révèle ainsi pas moins de onze fragmentations et, parvenue à 29 km du sol, la météorite initiale «s’est déjà fragmentée en une vingtaine de gros rochers pesant environ 10 tonnes chacun», écrivent les chercheurs. Le processus s’est poursuivi tout au long de la descente, les morceaux continuant à se désintégrer au fur et à mesure.

Un fragment géant a survécu

Une autre étude internationale, publiée simultanément par la revue américaine Science, estime que seules 4 à 6 tonnes de la météorite initiale ont finalement survécu à son passage dans l’atmosphère. «76% du météoroïde s’est évaporé, et l’essentiel de ce qui restait a à son tour été transformé en poussière», soulignent les chercheurs.

Plus que les milliers de petits fragments rocheux qui ont atteint le sol, c’est l’onde de choc de la désintégration, environ une minute plus tard, qui a provoqué d’importants dégâts dans la ville, blessant plus d’un millier de personnes.

Un fragment géant a toutefois survécu pour suivre une trajectoire séparée à partir de 25 km d’altitude et finir par s’écraser dans le lac Tchebarkoul voisin, gelé à l’époque. Ce morceau devait peser 400 à 500 kilos à son arrivée au sol. Le mois dernier, des scientifiques russes ont annoncé avoir remonté à la surface un fragment géant de cette météorite, long d’environ 1,5 m et d’un poids supérieur à 570 kilos.

D’après les analyses des astronomes tchèques et canadiens ayant participé à l’étude, la météorite de Tcheliabinsk possédait une orbite «très similaire» à l’astéroïde 1999 NC43, un «géocroiseur» de 2 km de diamètre identifié le 14 juillet 1999 et considéré comme une menace potentielle pour la Terre. «Il y a approximativement une chance sur 10.000 que la proximité de ces orbites soit le seul fait du hasard», écrivent-ils. Une ressemblance frappante qui veut vraisemblablement dire que les deux astéroïdes appartenaient auparavant à un même corps céleste, concluent les chercheurs.

Les spécialistes estiment que près de 100 tonnes de matières météoritiques s’abattent sur Terre chaque jour mais la plupart sont déjà réduites à l’état de poussière lorsqu’elles touchent le sol. Et dans 85% des cas, elles finissent leur course dans les océans qui couvrent la majeure partie de la surface terrestre. Il est donc très rare qu’une météorite tombe sur une zone habitée, encore plus qu’elle blesse ou tue.

 

Source : Liberation.fr avec AFP

Informations complémentaires :

 
meteorite_russie.jpg
Une traînée laissée par le passage d'une météorite, le 15 février 2013 au-dessus de
Tcheliabinsk, dans l'Oural, en Russie. (Photo Oleg Kargopolov. AFP)