Premières gardes à vue dans l'affaire Bettencourt

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En tout cas la police travaille... Tout ce que je constate c'est que j'ai moins de requins dans mon aquarium...

par Thierry Lévêque

PARIS (Reuters) - Quatre hommes ont été placés en garde à vue jeudi dans une enquête sur des soupçons d'évasion fiscale concernant la fortune de Liliane Bettencourt et un présumé conflit d'intérêt du ministre du Travail Eric Woerth.

 Il s'agit du gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal Patrice de Maistre, de l'ex-avocat fiscaliste Fabrice Goguel, du photographe François-Marie Banier et de Carlos Vejarano, gérant de l'île d'Arros aux Seychelles, achetée par le couple Bettencourt en 1999, a dit le parquet de Nanterre.

Cette enquête pénale trouve son origine dans un conflit familial entre Liliane Bettencourt, 87 ans, 17e fortune mondiale avec 17 milliards d'euros, et sa fille Françoise Meyers, qui demande le placement de sa mère sous tutelle car, selon elle, son entourage profite de son état de faiblesse pour la spolier.

 "Ces gardes à vue sont un cap important puisque, depuis des mois et des mois, nous dénonçons les prédateurs qui entourent Liliane Bettencourt", a déclaré sur France 2 Me Olivier Metzner, avocat de Françoise Meyers.

François-Marie Banier, 63 ans, fait l'objet d'un procès engagé par la fille de la milliardaire pour "abus de faiblesse", en raison de dons d'un milliard d'euros qu'il a reçus de la milliardaire entre 2002 et 2007.

Des perquisitions ont été conduites la semaine dernière chez les quatre suspects. La procédure vise tous les faits apparus dans les enregistrements clandestins de la milliardaire, réalisés entre mai 2009 et mai 2010 par un employé, publiés dans la presse mi-juin, et remis à la justice, a-t-elle dit.

Commencée dans la matinée, la garde à vue, qui peut durer jusqu'à 48 heures, se prolongeait jeudi en fin d'après-midi.

La mesure étant utilisée pour des auditions complexes, il était vraisemblable que les suspects passent la nuit en cellule.

Après la garde à vue, le procureur peut soit citer les suspects devant le tribunal, option peu probable, soit ouvrir une information confiée à un juge d'instruction, choix déjà exclu, soit laisser les suspects libres et continuer l'enquête.

Ce dossier devenu affaire d'Etat menace Eric Woerth, qui a déjà dû quitter son poste de trésorier de l'UMP. Il fut aussi celui de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

ÉVASION FISCALE, WOERTH ET ARROS

Dans les enregistrements clandestins, Patrice de Maistre évoque une évasion fiscale en Suisse, à Singapour et en Uruguay, mentionnant le rôle de Fabrice Goguel.

Liliane Bettencourt a annoncé après la publication des enregistrements le rapatriement de ses actifs en France et il est déjà avéré qu'elle détenait près de 80 millions d'euros sur des comptes en Suisse.

La brigade financière est aussi chargée d'examiner dans le cadre de l'enquête le possible conflit d'intérêt, voire le trafic d'influence qui serait imputable à Eric Woerth.

Dans les enregistrements, Patrice de Maistre, qui fait signer des chèques pour l'UMP à Liliane Bettencourt, déclare avoir embauché fin 2007 Florence Woerth, à la demande de son mari, alors ministre du Budget.

Le dossier professionnel de Florence Woerth, qui a démissionné de son emploi fin juin, a été saisi par la police. Eric Woerth et son épouse ont demandé à être entendus.

Il apparaît aussi dans les enregistrements que l'île d'Arros, villégiature d'une valeur de plusieurs centaines de millions d'euros et dissimulée au fisc, détenue via une fondation au Liechtenstein par Liliane et André Bettencourt, décédé en 2007, a été donnée à François-Marie Banier.

Des conversations houleuses portant sur le fait que le photographe refuse d'en financer l'entretien malgré le fait que 20 millions d'euros lui ont été donnés pour cela figurent dans les enregistrements clandestins.

Carlos Vejarano demande de l'argent en laissant entendre que si on refuse, il parlera, a dit aussi Patrice de Maistre le 12 juin 2009. Selon les bandes, il demande sept millions d'euros et s'en voit finalement accorder deux.

Thierry Lévêque, avec Nicolas Bertin, édité par Yves Clarisse


Source : Reuters

 

Informations complémentaires:

Ouest-France : Gardes à vue dans l'affaire Bettencourt
Tribune de Genève :
Affaire Bettencourt: un témoin valaisan en garde à vue à Paris
Le Nouvel Obs:
Bettencourt: quatre gardes à vue dont Banier et le gestionnaire de fortune


 


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