Lyon-Turin : une ligne ferroviaire à 30 milliards d’euros pour gagner une heure ?

Encore un très bon article de Sophie Chapelle chez Basta. Du reste, pour bien comprendre la bêtise du truc, je vous ai trouvé une belle illustration de la chose (dans l'article). Et pourtant, dans l'absolu, faire des grands chantiers et faire travailler des Français(es) je suis d'accord, mais pas quand c'est stupide. Il y a assez à faire chez nous, ce n'est pas la peine de donner cet argent à l'Europe pour qu'elle nous le rétrocède comme un « cadeau ».

Enfin, c'est une longue histoire ! Lol ; )

Amitiés,

f.

Lyon_turin_28_10_2014.jpg
En 2005, lors de travaux préparatoires, une extrayeuse a creusé le conduit qui permettra de descendre sur le
chantier en Savoie.| Jean-Pierre Clatot / AFP

« Pourquoi améliorer les lignes [ferroviaires] existantes quand on peut tout simplement creuser un nouveau mégatunnel dans les Alpes, et dépenser des milliards d’euros pour gagner quelques minutes ? » L’association des Amis de la Terre ne mâche pas ses mots à l’égard du projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin (voir nos précédents articles). Elle a décidé de nominer aux Prix Pinocchio la société Lyon-Turin ferroviaire (LTF) – filiale commune de Réseau Ferré de France (RFF) qui gère le réseau ferré national et de son homologue italien Rete Ferroviaria Italian – dans la catégorie « Mains sales, poches pleines ». Un prix décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus opaque au niveau financier, en termes de lobbying ou dans sa chaîne d’approvisionnement.

100 millions d’euros par kilomètre

Les critiques portent en partie sur le coût pharamineux de l’ouvrage qui ne cesse d’augmenter. « De 3 milliards d’euros initialement, on est passé aujourd’hui à 30 milliards, observe les Amis de la terre. Le tout pour quoi ? Pour relier Paris à Milan en 4 heures et quart. Alors qu’avec la ligne actuelle, on pourrait déjà assurer cette liaison en un peu plus de 5 heures… ». Soit seulement une heure gagnée avec ce projet de ligne à grande vitesse. Dans un courrier à l’association [1], la société LTF défend son projet, soulignant que le trajet entre Paris et Milan s’effectuera bien « en 4 h au lieu de 7 aujourd’hui ». Le coût de la section entre la France et l’Italie serait par ailleurs établi à 8,5 milliards d’euros. Deux arguments que les Amis de la Terre déconstruisent point par point sur leur site [2].

Le rapport de la Cour des comptes publié le 23 octobre dernier n’épargne pas le projet Lyon Turin dont elle juge la rentabilité « trop faible » [3]. « Rappelons que la ligne coûterait 100 millions du kilomètre selon les évaluations les plus basses et que selon les prévisions de LTF en valeur 2010, pour le seul tunnel de base de 57 km, le kilomètre coûterait plus de 149 millions d’euros ! », s’insurge Daniel Ibanez, fervent opposant au projet. « Comment justifier, au moment où le gouvernement recherche 50 milliards d’euros, un projet dont chaque kilomètre de tunnel est égal à la construction d’un hôpital de 60.000 m² », réagissent les eurodéputées écologistes Karima Delli et Michèle Rivasi. Le financement de la section transfrontalière par l’Union européenne, à hauteur de 40 %, ne serait par ailleurs toujours pas confirmé, selon Michael Cramer, président du Comité des transports du Parlement européen [4].

Profilenlong Lyon Turin.gif

Risques « d’infiltration criminelle » ?

L’association des Amis de la Terre rappelle également que deux anciens responsables de LTF, le directeur général et le directeur des travaux, ont tous deux été condamnés à de la prison en première instance en Italie pour trucage d’appel d’offre [5]. Une procédure d’appel étant en cours, la société LTF se refuse à tout commentaire sur ce dossier. Lyon Turin Ferroviaire tient néanmoins à préciser qu’elle a signé un protocole visant à prévenir des infiltrations criminelles dans les marchés des travaux publics entre les pouvoirs publics italiens et les organisations syndicales du BTP. Elle s’est également engagée à respecter auprès du CIPE – Comité interministériel pour la programmation économique – des engagements antimafia dans l’attribution des marchés. En trois ans, l’autorité publique de contrôle (GITAV) aurait ainsi écarté 4 entreprises intervenant sur le chantier du Lyon-Turin.

Les Amis de la Terre observent toutefois que « des comptabilisations troublantes persistent dans les comptes de LTF ». A l’instar des 10,322 millions d’euros pour une galerie jamais creusée à Venaus, en Italie... Malgré les interpellations de l’association de lutte contre la corruption Anticor, LTF n’a pas donné de réponse à ce sujet. Les Amis de la Terre, aux côtés d’autres organisations, remettent en question la pertinence du projet de ligne à grande vitesse. Et appellent à utiliser la ligne ferroviaire existante modernisée, « qui à elle seule pourrait transporter la totalité des marchandises circulant actuellement par les Alpes du Nord entre la France et l’Italie ».

Le vote en ligne pour le prix Pinocchio 2014 est ouvert jusqu’au 17 novembre.

 

@Sophie_Chapelle

Pour aller plus loin :

- La société LTF invite à lire les 10 questions clés sur le Lyon-Turin (voir ici)
- Le site de la coordination des opposants au Lyon-Turin (voir là)

 

Source : Bastamag.net

 


Inscription à la Crashletter quotidienne

Inscrivez vous à la Crashletter pour recevoir à 17h00 tout les nouveaux articles du site.

Archives / Recherche

Sites ami(e)s