En Suède règnent le plein emploi et la « règle d'or »

Encore une fois, on le voit ici avec l’exemple de la Suède, l’indépendance monétaire n’est pas tout ! C’est tout l’enjeu de la conférence sur un nouveau CNR où participait justement .... Si nous voulons poser des bases de justice, d’égalité (notamment sociale), d’équité, de fraternité, et respecter les valeurs qui ont toujours fait notre patrie, et qui sont mis à mal par le libéralisme effréné des néo-libéraux et de l’Europe, il faut en poser les fondements dès le départ. Quand notre patrie était en péril nous avons su collectivement faire face au nazisme, alors que le fascisme économique des banquiers et le totalitarisme administratif pervers de Bruxelles a pris les commandes de notre pays, saurons-nous réagir ?

Couronne_suede.jpg
(CHAMUSSY/SIPA)

Le Premier ministre a trouvé son modèle à Stockholm, qui affiche des comptes équilibrés... en couronnes.

Lors de sa conférence de presse, le président de la République s'est bien gardé de définir un projet de société. Le «redressement» du pays étant déjà, à ses yeux, une tâche bien assez lourde à mener. Son premier ministre, lui, se montre bien plus audacieux. Voilà une répartition des rôles qui ne correspond pas aux stéréotypes médiatiques. Le 6 novembre, lors de sa présentation du «pacte de compétitivité», Jean-Marc Ayrault s'est ainsi livré à une discrète digression sur le «modèle» auquel il rêve d'aboutir. Ceux qui imaginent une préférence pour l'Allemagne de la part d'un germaniste seront déçus.

Foin des réformes type Hartz, qui ont paupérisé les salariés. «Pour doter enfin notre pays d'une stratégie claire dans la mondialisation, explique-t-il, nous devons nous inspirer des réformes conduites par nos partenaires européens, notamment les Scandinaves, qui ont su se réformer avec succès en profondeur pour conforter leur modèle social ambitieux, relancer leur économie et faire reculer le chômage.» Dans cet élogieux portrait, on aura reconnu le paisible royaume de Suède.

Le modèle qui marche ?

Effectivement, la Suède fait rêver les économistes. La pays a traversé jusqu'à présent la crise sans quasiment en sentir les effets. C'est le pays du plein-emploi, des hauts salaires et des comptes publics à l'équilibre, sinon en excédent. Le néolibéral Jean-Marc Daniel (1) fait un éloge appuyé des réformes menées entre 1993 et 1999, par des gouvernements conservateurs ou socio-démocrates, avec notamment l'adhésion du pays à l'Union européenne, qui a «ouvert» la Suède au marché mondial.

Le pays a réussi son «insertion dans le marché mondial» en occupant un créneau dans le domaine de l'industrie de qualité, grâce à une main-d'œuvre très flexible et très bien formée. La Suède, qui n'était pas loin de réaliser le socialisme sur Terre avec des dépenses publiques représentant 72 % du PIB, adopte, à l'occasion d'une récession terrible, une série de réformes dont une «règle d'or» budgétaire la contraignant à dégager des excédents structurels de 2 % du PIB, permettant d'amortir les récessions. Ensuite, la croissance soutenue du secteur privé a permis de réduire les dépenses publiques à 53 % de la richesse nationale, comme en France.

Ou un piège pour la gauche ?

L'économie suédoise est effectivement en bonne forme. Mais le regain de compétitivité observé a connu un joli coup de booster en 1992, grâce à une dévaluation de 20 % de la couronne ! Depuis lors, la Suède n'est jamais entrée dans l'euro, ce qui lui permet de conserver l'arme de la politique monétaire (taux d'intérêt et taux de change). De plus, le regard est souvent faussé sur le coût social payé par les Suédois. Les coupes budgétaires ont été drastiques, et pas toujours sociales : les fonds consacrés aux politiques de l'emploi sont divisés par deux ! La réforme de la protection sociale est violente. Ainsi, le système de retraite a indexé les pensions sur la production.

Quant elle croît, tout va bien mais, quand elle faiblit, les revenus des retraités baissent... Mais c'est surtout la refonte complète de l'Etat qui pose un problème quand on envisage l'adaptation de ce modèle à la France : la plupart des services publics sont livrés à la concurrence, depuis les transports jusqu'à l'éducation. L'introduction du très libéral système du «chèque parental» a permis l'éclosion de 994 écoles «indépendantes», en fait privatisées, gérées par 550 opérateurs qui vont de l'association de parents à la société cotée...

Les téléspectateurs qui ont regardé l'émission «Le Monde d'après» sur France 3, présentée par Franz-Olivier Giesbert, ont pu voir comment les établissements se font concurrence sur le recrutement des meilleurs élèves, accentuant les différences sociales. Et c'est un des traits du modèle «néosuédois» : les inégalités de fortune et de revenu, certes très réduites, ont progressé régulièrement, permettant l'apparition d'une classe de riches, au royaume le plus égalitaire de la planète (2). Et c'est sans doute ce qui plaît tant chez les libéraux !

(1) «Quand la Suède redressait ses finances publiques»  (édition abonné), dans le Monde économie, 6 novembre 2012.

(2) Lire Christian Chavagneux, sur alternatives-economiques.fr

Du même auteur

 

Source : Marianne.net

 

Informations complémentaires :

 


Inscription à la Crashletter quotidienne

Inscrivez vous à la Crashletter pour recevoir à 17h00 tout les nouveaux articles du site.

Archives / Recherche

Sites ami(e)s