Garde à vue terminée pour les proches de Bettencourt

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C’est une parodie de justice à laquelle nous assistons. Le procureur Philippe Courroye, plutôt que de les donner à un juge, garde les rênes de l’enquête !

par Thierry Lévêque

PARIS (Reuters) - Les quatre proches de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt placés en garde à vue jeudi matin ont été remis en liberté vendredi soir, a annoncé le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine).

"Les mesures de gardes à vue ont été levées, l'enquête préliminaire se poursuit", a dit une porte-parole.

Le gestionnaire de fortune de la milliardaire Patrice de Maistre, l'avocat fiscaliste Fabrice Goguel, le photographe François-Marie Banier et Carlos Vejarano, gérant de l'île d'Arros aux Seychelles, achetée par les Bettencourt en 1999, sont donc libres d'aller et venir.

Ils ne sont soumis à aucun contrôle judiciaire, que le procureur ne peut procéduralement leur imposer.

Ce magistrat, Philippe Courroye, un proche de Nicolas Sarkozy, garde le contrôle exclusif de trois enquêtes préliminaires visant des soupçons de fraude fiscale, de conflit d'intérêt ou de trafic d'influence du ministre du Travail Eric Woerth et du financement politique illégal.

Les interrogatoires portaient sur les enregistrements clandestins de la milliardaire où apparaissent des conversations mettant en lumière ces faits.

Philippe Courroye a la possibilité à l'issue de l'enquête, dans un délai qui n'est pas connu, de citer tout ou partie des quatre hommes directement devant le tribunal, ou d'ouvrir une information judiciaire confiée à un juge d'instruction.

Une voie médiane est aussi possible, confier une partie des faits à un juge d'instruction et garder le reste en enquête préliminaire sous contrôle du parquet.

Philippe Courroye subit de vives critiques de la part des syndicats de magistrats et de la gauche qui considèrent qu'il conduit une enquête biaisée pour sauver les apparences et épargner le pouvoir d'une enquête indépendante.

En qualité de procureur, à la différence d'un juge d'instruction, il ne peut envoyer de commissions rogatoires à l'étranger ou procéder librement à des écoutes téléphoniques et des perquisitions.

FINANCEMENT POLITIQUE ?

L'affaire est sensible politiquement, d'anciens employés de Liliane Bettencourt parlant de remises d'espèces fréquentes à des responsables politiques.

La comptable de Liliane Bettencourt a dit ne jamais avoir vu les bénéficiaires des enveloppes mais jugé "possible" devant la police que Nicolas Sarkozy en fasse partie.

L'affaire trouve son origine dans un conflit familial entre Liliane Bettencourt, 87 ans, 17e fortune mondiale avec 17 milliards d'euros, et sa fille Françoise Meyers, qui demande le placement de sa mère sous tutelle car, selon elle, son entourage profite de son état de faiblesse pour la spolier.

François-Marie Banier, 63 ans, fait l'objet d'un procès engagé par la fille de la milliardaire pour "abus de faiblesse", en raison de dons d'un milliard d'euros qu'il a reçus de la milliardaire entre 2002 et 2007.

Des enregistrements clandestins de la milliardaire réalisés entre mai 2009 et mai 2010 par un employé, ont été publiés par la presse mi-juin et remis à la justice. Des perquisitions ont été conduites la semaine dernière chez les quatre suspects.

Dans les enregistrements, Patrice de Maistre évoque une évasion fiscale en Suisse, à Singapour et en Uruguay, mentionnant le rôle de Fabrice Goguel.

Liliane Bettencourt a annoncé le rapatriement de ses actifs en France et il est déjà avéré qu'elle détenait 78 millions d'euros sur des comptes en Suisse.

La police examine aussi le possible conflit d'intérêt, voire un trafic d'influence imputable à Eric Woerth.

Dans les enregistrements, Patrice de Maistre, qui fait signer des chèques pour l'UMP à Liliane Bettencourt, déclare avoir embauché fin 2007 Florence Woerth à la demande de son mari, alors ministre du Budget. Eric Woerth et son épouse devraient être vraisemblablement entendus prochainement.

Il apparaît aussi dans les enregistrements que l'île d'Arros, villégiature d'une valeur de plusieurs centaines de millions d'euros dissimulée au fisc, détenue via une fondation au Liechtenstein par Liliane et André Bettencourt, décédé en 2007, semble avoir été donnée à François-Marie Banier.

Thierry Lévêque, édité par Nicole Dupont


Source :
Reuters

Informations complémentaires :

Ouest-France : Affaire Bettencourt : fin des gardes à vue
Metro :
Affaire Bettencourt : fin des gardes à vue
NouvelObs :
Bettencourt: levée des quatre gardes à vue

 


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