Rappel : Lagarde, Baudis : la France d'en haut néglige l'exemplarité
Témoignage intégral de Sophie Conrad, la collaboratrice droguée par l'ex-directeur de l'Institut Montaigne, très proche de Macron. Les policiers ont subi des pressions. Le parquet a bâclé l'enquête. Le motif sexuel n'a pas été retenu
— Aude Lancelin (@alancelin) March 8, 2022
Pourquoi ? #8mars https://t.co/m7xjqUTARu
EXCLU RMC. Sophie Conrad, qui a porté plainte contre l’ancien directeur de l’Institut Montaigne Laurent Bigorgne pour l’avoir droguée à la MDMA, a témoigné pour la première fois ce mardi dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story. Elle déplore que le motif sexuel n’ait pas été retenu.
Elle témoigne pour la première fois, ce mardi dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story. Sophie Conrad, collaboratrice de Laurent Bigorgne, a porté plainte pour avoir été droguée par celui qui était alors directeur de l’Institut Montaigne, avant sa démission après la révélation de l'affaire. "Le mardi 22 février dernier, j’étais invitée à dîner à son domicile, raconte Sophie Conrad, ex-belle sœur de Laurent Bigorgne. J’avais hésité à y aller, j’avais proposé qu’on reporte, mais je m’y suis rendue. Arrivée chez lui, il a servi deux coupes de champagne. Dans sa cuisine, il a un peu tardé à les apporter dans la salle à manger où je figurais. J’en ai bu une demi-coupe et le monde a changé. Les murs tournaient. J’avais extrêmement chaud. J’avais le cœur qui battait extrêmement fort. J’ai cru que je ne me souviendrais de rien de cette soirée. J’ai envoyé un SMS à une amie, qui a essayé de me joindre et qui a fini par l’appeler lui. Ça l’a perturbé et moi, ça m’a un peu réveillée, ça m’a réveillé de ma torpeur. J’ai réussi à partir et à sortir de chez lui."
"J’étais extrêmement mal, poursuit Sophie Conrad. Je lui ai demandé par texto s’il avait mis quelque chose dans ma coupe. J’étais dans un taxi avec le cœur qui battait extrêmement vite. Je ne savais honnêtement pas quoi faire, mais j’ai eu très peur pour ma santé. Je suis d’abord rentrée chez moi et j’ai pris ensuite un deuxième taxi pour aller à l’hôpital Cochin. J’ai été reçue. Ils m’ont dit que j’étais en sécurité. Ils se sont assurés que du point de vue cardiaque, la situation n’était pas préoccupante à ce stade-là. J’ai voulu savoir la vérité, faire des analyses. J’avais besoin de savoir ce qu’il s’était passé. Il faut passer par la case police. C’est une réquisition de la police qui permet de faire ces analyses-là. Je suis allée au commissariat du 5e, qui m’a accompagné à l’Hôtel-Dieu, qui est l’hôpital habilité pour faire ces analyses, qui ont tout de suite révélé la présence d’amphétamines et de MDMA."
"Les policiers étaient tous convaincus du motif sexuel de cette administration de drogue"
Sophie Conrad ne comprend pas que le motif sexuel n’ait pas été retenu par le parquet dans cette enquête. "Je ne sais pas quelle est l’autre motivation pour mettre de la drogue dans le verre d’une femme, que de vouloir abuser d’elle ou la violer, explique-t-elle. Il n’a reconnu que ce qu’il ne pouvait absolument pas nier. Les faits étaient là, les analyses aussi. Il ne pouvait pas le nier. J’ai été entendue quatre fois par la police. La dernière, c’était par la 3e DPJ. Ils étaient tous persuadés que l’enquête allait se poursuivre. Ils étaient tous convaincus du motif sexuel de cette administration de drogue. Et j’ai découvert dans la presse que les faits avaient été sous-qualifiés."
"Les policiers ont vraiment travaillé sous pression, ajoute Sophie Conrad. L’enquête a duré moins de 90 heures. Il manque des choses dans cette enquête. Je n’ai pas été expertisée. Ils ont retenu zéro ITT, c’est-à-dire aucun préjudice à mon endroit. Alors que je suis juste incapable de retourner travailler, depuis. Il y avait eu d’autres faits similaires. On est dans une situation de réitération. Il l’avait fait sur une autre personne, qui a été écoutée, qui l’a reconnu et lui-même l’a reconnu aussi. Aucun lien n’a été fait entre ces deux affaires. Quand je suis allée porter plainte, j’ai eu peur pour ma famille, mon emploi, l’emploi de mes collègues. J’avais besoin que ça s’arrête, qu’il n’y ait pas d’autres victimes après. Les policiers m’ont proposé une confrontation. Je leur ai dit que j’étais là bien évidemment pour que l’enquête progresse et que je l’accepterais. Ils m’ont dit que les téléphones n’arrêtaient pas de sonner depuis le lendemain des faits, le mercredi."
Pourquoi le parquet chercherait-il à minimiser l’affaire ? "Pour aller vite, pour étouffer, parce que ça ne se dit pas, estime la victime. Je viens d’un milieu où on ne parle pas. Ce n’est pas une démarche facile. Il faut qu’on puisse dire que ça arrive partout. Cette double peine d’avoir dû porter plainte, de m’être remise à la justice, de penser qu’elle allait faire justice, et qu’en fait non, elle ne m’a pas protégée et qu’au contraire, il faut que je démontre moi qu’il y avait une autre intention… Mon discours n’a pas été entendu. Je comprends la difficulté et la douleur des femmes victimes de violences, comme jamais." Proche d’Emmanuel Macron", Laurent Bigorgne a reconnu les faits et est convoqué le 10 mars devant le tribunal.
Source : Rmc.bfmtv.com via Twitter
La question est posée… https://t.co/jQjYeJgWNJ
— Lucky Luc (@LuckyLu32431232) March 9, 2022
Informations complémentaires :