Copé, fils spirituel de Sarkozy, père de la « droite décomplexée »

C’est vrai que quand l'on tient un numéro pareil, on a du mal à le lâcher (tant les bons mots viennent facilement), justement on en parlait hier

En attendant, à droite, le drame continue, et si on se prenait à rêver ? Eh bien, avec Marine Le Pen qui guette l’explosion de l’UMP en embuscade (pour mieux ramasser les morceaux), ça pourrait vite tourner au cauchemar… Alors soyez avisé dans vos spéculations et vos souhaits…

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Amicalement,

F.

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(F. LEPAGE/SIPA)

Le plus grave, à l’UMP, n’est pas la mise à nu d’un processus électoral digne d’une République bananière, avec son lot de fraudes et de manipulations, sans oublier les rebondissements en tous genres puisque les amis de François Fillon vont jusqu’à demander l’inversion des résultats qui ont sacré Copé dans la douleur d’un accouchement aux forceps.

Le plus grave n’est pas la nouvelle faillite des sondages qui avaient annoncé la victoire de l’ex-Premier ministre en interrogeant les sympathisants de l’UMP alors que seuls votaient les adhérents. Le plus grave n’est pas que les journaux aient repris en boucle des prédictions dignes d’une thèse d’Elizabeth Teissier sur le signe astral de Zlatan Ibrahimovic. Le plus grave n’est pas que le principal parti de l’opposition ait explosé au terme d’un processus qui devait, à en croire ses promoteurs, lui redonner une seconde jeunesse.

Non, le plus grave, c’est que le vainqueur (apparent) de ce combat fratricide soit le fils adoptif d’un couple formé de Nicolas Sarkozy et de son ex-mentor Patrick Buisson, lui-même né dans les langes de la droite extrême.  

Jean-François Copé se veut le chantre de la « droite décomplexée ». Etrange formule. Jusqu’ici, personne n’avait réalisé que l’UMP avait le moindre complexe, sauf à considérer que l’adhésion aux principes qui fondent la République et le respect des droits de l’homme relève d’une forme de handicap moral.

Qu’est-ce donc que la « droite décomplexée » ? Au-delà des finasseries de formulation et des copeaux dont on fait la langue de bois, c’est un copier-coller des dérives du Sarkozysme délirant, à l’époque où il s’abreuvait à la fontaine de la famille frontiste. Selon le stratège Patrick Buisson, qui prend la France profonde comme d’autres prennent les tisons brûlants – avec des pincettes – c’est ce qu’attend « le peuple ».

En vertu de quoi, la « droite décomplexée » sème les graines de la guerre civile larvée. Elle fait des arabo-musulmans des ennemis de l’intérieur; de la razzia sur les « pains au chocolat » en période de Ramadan les signes extérieurs d’une invasion programmée; du procès en illégitimité de la gauche l’acte premier de sa revanche politique; de la haine de classe le vecteur d’une reconquête des esprits menée à la hussarde; et de l’hystérie la forme suprême du débat idéologique.

Par parenthèses, on remarquera que les nuances entre François Fillon et Jean-François Copé tiennent plus de l’épaisseur du papier à cigarettes que du mur de Berlin. C’est la rançon de l’héritage sarkozyste qui a marqué au fer rouge (ou blanc, c’est selon) tous les corps se réclamant de la droite.

Bien qu’il soit plus retenu dans l’expression, l’ex-Premier ministre a endossé nolens volens les choix de l’ancien président, banalisant ainsi des orientations contraires à ses engagements de « gaulliste social ». S’il a été battu (de peu), c’est parce que le principe de prééminence de l’original sur la copie a fonctionné à l’intérieur de l’UMP comme à l’échelle du pays. La dérive droitière de l’UMP qui sert le FN a permis la victoire du plus droitier des deux candidats en lice, autrement dit de Jean-François Copé.

Personne ne peut se satisfaire de voir le premier parti d’opposition s’installer sur un terrain déjà occupé avec l’efficacité que l’on sait par Marine Le Pen. Certes, électoralement parlant, la gauche peut considérer que la droitisation piège l’UMP en l’éloignant de la reconquête du pouvoir. Mais c’est une stratégie aussi périlleuse que d’avoir instrumentalisé le FN, naguère, pour diviser la droite.

En effet, si le FN est né des fractures sociales et morales découlant des politiques mises en œuvre tant par la droite que par la gauche, il a semé des ferments de division dangereux pour la démocratie et pour l’équilibre de la société. Autant s’en rappeler avant de spéculer sur des calculs politiciens à courte vue. De même qu’on ne joue pas avec le feu, on ne joue pas avec les allumettes de la surenchère extrémiste.

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