Décrochage universitaire : la France moins médiocre qu'attendu

L'information n'était pas foison ce matin, mais les querelles intestines de Ferry, Bettencourt, etc. Il y en a marre, que pensez-vous de ces universités des métiers ? pour ces 80.000 jeunes qui ne peuvent capter le discours d'un prof trop distant, et ne peuvent stopper le cours de toute une classe ? Et se retrouve bien mal engagé dans leurs études, pourquoi pas des choses plus concrètes ? C'est 20 % de nos jeunes dont il est question... N'oubliez pas les autres qui n'ont même pas la chance d'arriver jusque là....

Non, les étudiants français ne sont pas plus "décrocheurs" qu'ailleurs. Au contraire, "la France fait partie des 'bons élèves' de l'OCDE notamment grâce à la diversité de son système, sa quasi gratuité dans de nombreux cas, son système de bourses, ses possibilités de réorientation des études longues vers les courtes."

C'est l'un des principaux enseignements du rapport sur le décrochage remis mardi 14 juin par le sénateur Christian Demuynck (Seine-Saint-Denis, UMP) à Valérie Pécresse, la ministre de l'enseignement supérieur. Selon le sénateur, "les taux d'échec, souvent soulignés, de fin de première année de licence universitaire occultent souvent une réalité bien plus positive de notre enseignement supérieur. Huit jeunes Français sur dix qui s'inscrivent dans l'une de nos formations du supérieur en sortent avec un diplôme".

Selon une autre enquête du Céreq, cité par le rapport, "19 % des jeunes dont la dernière inscription était soit en université, soit en IUT, BTS n'ont pas obtenu de diplômes. Il n'est pas compté dans ce chiffre les nombreuses autres formations plus spécialisées, publiques ou privées, dont les taux de réussite sont en général identiques ou supérieurs. On peut donc penser que, s'agissant du supérieur dans son ensemble, le taux d'échec est donc plutôt proche de 18 %".

  • TREIZE PISTES POUR LUTTER CONTRE LE DÉCROCHAGE

Malgré ces données moins alarmistes qu'attendu, le niveau de sorties sans diplôme du supérieur représente tout de même chaque année environ 75 000 jeunes… Beaucoup trop. Dans son rapport de plus de 130 pages, M. Demyunck avance treize grandes pistes pour améliorer à tous les niveaux le système d'enseignement supérieur.

Avant tout, il convient de "mieux mesurer et connaître le décrochage" en disposant notamment de données fiables, grâce à la mise en place d'un "indicateur national de mesure de la réussite dans l'enseignement supérieur et pour chacune des formations".

Concernant l'accès à l'enseignement supérieur, le sénateur propose une petite révolution : revoir la procédure admission post bac afin de réserver des places pour les bacheliers technologiques et professionnels en IUT et BTS. "Il faut rappeler que 66 % des bacheliers professionnels et 33 % des bacheliers technologiques interrompent leurs études contre à peine 8 % des bacheliers généraux", précise le rapport.

L'idée serait d'imposer un quota de 60 % de bacheliers professionnels ou technologiques en BTS et 40 % dans les IUT (pour les activités de services). Jusqu'à présent directeurs d'IUT et proviseurs ont toujours cherché à éviter tout quota et contrainte…

  • L'APPRENTISSAGE, SOLUTION MIRACLE

Au sein des établissements d'enseignement supérieur, le sénateur Demyunck défend une "amélioration des dispositifs de repérage" des étudiants en difficulté. De même, il veut une meilleure participation des élèves les plus en difficulté aux dispositifs de soutien prévus pour eux. Dans les faits, cela relève du vœu pieux, puisque jusqu'à maintenant les dispositifs de soutien sont toujours utilisés en priorité par les bons étudiants qui comprennent leur intérêt.

Autre idée souvent avancée par la droite, l'utilisation de l'apprentissage et de la formation en alternance pour lutter contre le décrochage. Cependant, comme la proposition précédente, l'idée d'attirer les étudiants les plus dans le besoin vers l'apprentissage relève là aussi du vœu pieux puisque les employeurs vont toujours préférer les meilleurs étudiants, et non les étudiants risquant le décrochage.

Pour l'organisation des cursus de licence, Christian Demyunck demande plus de souplesse. Il propose de "repenser la gestion du temps d'étude" en conditionnant par exemple le passage d'un semestre à l'autre à un "contrat de réussite" sur l'ensemble du cursus et non sur les matières validées chaque semestre. Il propose dans ce cadre-là de mieux individualiser les parcours des étudiants en les autorisant à préparer leur licence en trois, quatre ou cinq ans.

  • ADAPTER LE FINANCEMENT DU SUPÉRIEUR

A l'image de la Conférence des présidents d'université, le sénateur UMP propose de "renforcer les nouveaux modes de transmission des savoirs" et de "récompenser l'investissement pédagogique des enseignants-chercheurs et des professeurs agrégés détachés à l'université".

En plus d'une habilitation à diriger les recherches (HDR, nécessaire pour encadrer des doctorants), le sénateur encourage la création d'une habilitation à diriger des formations à destination des universitaires les plus engagés dans cette voie.

Côté finances, le rapport préconise d'adapter les allocations de ressources des filières courtes (IUT, BTS) "en fonction de la progression de leurs effectifs de bacheliers non généraux et de leur performance dans la lutte contre le décrochage".

Dans la même idée, il propose d'intégrer le passage entre la première année et la deuxième année de licence à l'université dans le calcul de la "performance" des universités, et donc de leur financement.

Enfin, Christian Demyunck évoque la création dans chaque rectorat d'une "instance en charge des réorientations et de la lutte contre le décrochage associant l'ensemble des établissements de formation et les services publics de l'emploi".

Philippe Jacqué

Source : Le Monde

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