François Hollande est-il un nouveau Louis XVI ?

Voilà une bien bonne question que tout le monde devrait se poser...

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Division interne, calculs partisans, manque d'autorité... François Hollande, à force de gérer la France comme un parti politique risque fort de se confronter à la dure expérience qu'a vécu Louis XVI en son temps.

De Louis XVI, les Français ont gardé le souvenir, au demeurant injuste, d’un bon Roi victime des événements, maltraité par l’Histoire, emporté par une inéluctable Révolution. Et l’historiographie marxiste, qui conteste le rôle des hommes et croit à l’inéluctabilité des grands conflits historiques, a nourri cette perspective finalement indulgente pour le dernier des Capet. Le mythe de la révolution bourgeoise est au fond un hommage posthume rendu au monarque, comme s’il avait été le jouet de l’Histoire malgré lui.

La réalité était tout autre : Louis XVI n’avait guère de bienveillance pour son peuple, mais il avait vu juste sur un certain nombre de réformes à entreprendre : réduire les pensions versées aux nobles, réformer la fiscalité et la géographie administrative, réformer la bureaucratie. Le mouvement des physiocrates qui le talonnait en avait fait son fond politique : les sujets majeurs de l’Ancien Régime s’appelaient réforme fiscale, réforme de l’État et crise de la dette.

Ce qui manquait à Louis XVI, c’était l’esprit de décision: quand il entrevoyait une réforme nécessaire, il faisait un pas vers elle, et tout de suite la somme de difficultés à affronter pour parvenir à ses fins le faisait reculer.

Cette indécision, qui résonnait dans l’esprit des Français comme le signal de la faiblesse, eut raison de notre monarchie décadente. Ainsi, en convoquant les États Généraux le 1er mai 1789, Louis XVI eut l’intuition géniale que seule une consultation large permettrait de surmonter les résistances à une réforme fiscale, indispensable pour financer la dette. Mais, dans son souci de ne pas aller trop loin, il voulut placer ces États sous l’autorité de la noblesse qui ne représentait plus rien. Lorsque le Tiers État, lors de la fameuse séance du Jeu de Paume, refusa ce principe, Louis XVI céda.

Quelques jours plus tard, il rassembla des troupes loyalistes autour de Paris pour reprendre la situation en main. Mais le peuple prit la Bastille pour s’armer, et Louis XVI recula à nouveau. La monarchie se désagrégea peu à peu, à force d’atermoiements et d’indécision.

Comment ne pas voir que la France de François Hollande se promet aux mêmes affres ? François Hollande élu sur le principe d’une renégociation du traité budgétaire ? Quelques semaines suffisent à enterrer l’idée.

François Hollande élu sur la promesse d’une réforme fiscale majeure ? La loi de finances se limite à créer une contribution exceptionnelle pour quelques centaines de ménage, et le reste est oublié. Avait-il juré qu’une loi sur les licenciements boursiers protégerait les salariés contre des patrons voyous ? Il ne reste plus qu’Arnaud Montebourg pour défendre une forteresse fantôme où les futurs chômeurs vérifient jour après jour l’abandon dans lequel le gouvernement les laisse.

L’affaire du rapport Gallois constitue, de ce point de vue, une sorte de zénith dans la dénégation, le reniement, la velléité faite gouvernance.

Lors de la conférence sociale de juillet, le gouvernement avait annoncé un grand chantier sur la réforme du financement de la sécurité sociale. Le projet avait du sens. Dans un premier temps, les experts documentaient les différentes pistes possibles. Parallèlement, Louis Gallois devait établir la cohérence d’un transfert de cotisations vers l’impôt pour diminuer le coût du travail. Rappelons clairement que cette concomitance n’a jamais fait de doute, puisque le document de synthèse de cette conférence présentait la remise de ce rapport comme un préalable à la concertation qui devait rassembler, au premier trimestre 2013, les partenaires sociaux sur l’avenir du financement de la sécurité sociale.

Fin septembre, le bruit commence à courir d’un transfert de cotisations à hauteur d’environ 40 milliards, en une ou deux années, ce qui constituerait un choc majeur pour le coût du travail en France. Les défenseurs de cette idée jugeront qu’il s’agissait d’un choc salutaire.

Assez rapidement, tout le monde déchante. Le gouvernement évoque l’idée d’un saupoudrage tel que le choc se transformerait en mesurettes étalées sur une éternité, sans impact sur la réalité.

Il semblerait que Louis Gallois, qui fut directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement en 1981 puis en 1988, prépare dans le même temps un rapport favorable à un transfert de cotisations à hauteur de 30 milliards d’euros vers l’impôt. Précisément l’arbitrage dont nombre de députés socialistes semblent ne pas vouloir, pour des raisons tout à fait idéologiques.

Résultat ? Les petites phrases fusent, qui annoncent déjà une mise à l’écart d’un rapport dont le gouvernement avait pourtant fait grand cas. Les dégâts causés par ce reniement risquent d’être cataclysmiques : après avoir fait l’apologie d’une méthode fondée sur la concertation, présentée comme une rupture avec l’ère Sarkozy, le système Hollande n’aura pas mis six mois à reprendre des pratiques anciennes : les discussions en vase clos, et le silence arrogant opposé à toute pensée alternative.

Ces circonvolutions donnent l’impression d’être une méthode de gouvernement. Un jour, un ministre prône la dépénalisation du cannabis, le lendemain, le Premier Ministre lui cloue le bec, et une semaine plus tard, la ministre de la Santé se réjouit d’expérimentations en centres ouverts. Qui peut comprendre la ligne officielle du gouvernement?

Le petit monde socialiste imagine qu’après tout, le pays peut bien être dirigé comme le parti lui-même : dans les luttes de clan, les reniements, les coups fourrés, les calculs partisans à trois balles, et l’esprit de vengeance. Il n’est vraiment pas certain que cette conviction soit fondée, car un pays, qui plus est la France, ne se manie pas comme un parti. Il lui faut de la vision, de la grandeur, des certitudes et des valeurs respectées.

Faute d’obéir à cette règle, le gouvernement risque bien de faire la dure expérience que vécut la monarchie en son temps : celle d’une division interne, d’une incapacité à réagir faute d’autorité, d’un lent engloutissement dans la férocité de l’histoire.

Je le sais... Tout le monde constate le calme de l’opinion publique. Relisons les journaux de mars 1968, et nous y trouverons la même torpeur.

Source : Atlantico.fr

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