Allemagne : les anti-euros percent à l'ouest et bousculent les conservateurs de Merkel

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Bernd Lucke (d), chef du parti anti-euro allemand Alternative für Deutschland (AfD), salue le maire de Hambourg
Olaf Scholz du SPD lors d'un débat télévisé à Hambourg Marcus Brandt  /  DPA/AFP

Le jeune parti anti-euro allemand (AfD) a fait son entrée au parlement régional de Hambourg (nord) dimanche, une première dans un Land de l'ouest qui confirme l'ancrage de cette nouvelle force politique à la droite des conservateurs d'Angela Merkel.

L'AfD, qui milite pour la dissolution de la monnaie unique européenne et défend une ligne dure sur l'immigration, était crédité dimanche soir d'environ 6% des voix lors d'un scrutin local dans cette ville-Etat, selon une projection de la chaîne ZDF, au-dessus du seuil des 5% nécessaire pour remporter des sièges.

Le parti "Alternative für Deutschland", créé il y a seulement deux ans dans le sillage de la crise de l'euro, poursuit son ascension rapide, après être entré l'an dernier dans trois parlements régionaux de l'est du pays (Brandebourg, Thuringe et Saxe).

La poussée de ce mouvement souvent qualifié de populiste s'inscrit plus largement, dans celle des partis anti-système en Europe. Elle pourrait renforcer la pression sur Mme Merkel alors que Bruxelles est engagée dans des négociations tendues avec la Grèce sur les réformes économiques depuis l'arrivée au pouvoir de la gauche radicale à Athènes.

"Nous sommes très heureux de ce résultat, car c'est la quatrième fois que nous entrons dans un parlement régional", s'est réjoui le président de l'AfD, Bernd Lucke, un ancien professeur d'économie à l'université de Hambourg.

Avec environ 46% des voix, le parti social-démocrate (SPD) au pouvoir a été largement reconduit dans cette grande cité portuaire (deuxième ville du pays avec 1,8 million d'habitants), même s'il perd la majorité absolue dans son bastion historique et devra gouverner avec les Verts (près de 12%).

Les conservateurs (CDU) de la chancelière Angela Merkel ont au contraire subi une défaite historique avec seulement 16% des voix (en baisse de 6 points par rapport à 2011), leur plus faible score à Hambourg depuis 1945.

L'AfD surfe sur le mécontentement de contribuables allemands persuadés d'être les vaches à lait de l'Europe, condamnées à payer pour les pays du Sud en crise.

Ce parti a endossé des positions très conservatrices en matière de famille, de sécurité ou d'immigration. Certains élus ont même plaidé pour un rapprochement avec le mouvement islamophobe Pegida, qui a mobilisé pendant des semaines des milliers de manifestants chaque lundi à Dresde (est) avant de décliner.

La percée de l'AfD a contribué à l'affaissement de la CDU à Hambourg, également plombée par la faible aura de son candidat local face au maire sortant SPD, Olaf Scholz, qui jouit d'une excellente réputation.

Les conservateurs sont régulièrement battus depuis plusieurs années dans les scrutins locaux des grandes agglomérations allemandes. Le SPD dirige la totalité des dix plus grandes villes du pays : outre Hambourg, il est aux commandes à Berlin, Munich, Francfort, ou Cologne notamment.

Au niveau national, les conservateurs d'Angela Merkel sont pourtant toujours au sommet dans les sondages (plus de 40% des intentions de vote), tirés par la cote personnelle de la chancelière.

"Olaf Scholz a fait beaucoup de choses bien. Quand la personne au pouvoir jouit d'une réputation tellement élevée, c'est difficile pour les opposants. C'est ce que montre la CDU au niveau national avec Angela Merkel à sa tête", a estimé un responsable des conservateurs, Michael Grosse-Brömer.

Outre les facteurs locaux, le parti d'Angela Merkel n'échappera pas à une remise en question, alors que certains élus critiquent son positionnement trop centriste sur les questions de société, notamment l'immigration.

Pragmatique, la chancelière mène une politique favorable au travail des femmes et à l'ouverture aux étrangers, convaincue qu'il s'agit d'une nécessité pour l'économie du pays en raison de son déclin démographique.

La poussée de l'AfD "va enflammer la discussion sur le juste positionnement" politique de la CDU, commentait dimanche soir le quotidien Frankfurter Rundschau. "La question pour les prochaines élections sera : est-ce que la CDU doit devenir plus moderne et ouverte sur le monde ou bien accentuer son profil conservateur", ajoutait le journal.

 

Dans le scrutin de dimanche, marqué par une abstention historique (46%), le parti libéral FDP, qui n'est plus représenté au Bundestag depuis les législatives de 2013, a assuré son maintien au parlement de Hambourg, avec 7% des voix. La gauche radicale Die Linke a progressé de deux points à 8%.

 

Source : Ladepeche.fr

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