L'argent liquide pourrait disparaître dans les dix prochaines années, notamment grâce aux monnaies virtuelles, selon des experts du monde bancaire réunis à Davos

Certains des plus grands experts bancaires participaient au Forum économique mondial de Davos cette semaine. Ils affirment que l'impact de la technologie, le thème général de cette année, sera énorme. L'évolution pourrait être si fulgurante que John Cryan, co-PDG de Deutsche Bank AG, prédit la disparition « probable » de l'argent liquide, qu'il juge « terriblement inefficace », dans les dix années à venir.

« L'argent liquide devrait être dématérialisé », a-t-il assuré lors d'une discussion sur l'avenir de la finance. Il estime que les gouvernements devraient se pencher sur ce processus, afin de rendre la transition « plus traçable ». La disparition de l'argent liquide permettrait notamment de lutter contre le financement illégal et le blanchiment d'argent.

Dan Schulman, PDG de PayPal, est du même avis : « la monnaie se numérise devant nos yeux », a-t-il affirmé. Si 85 % des transactions se font toujours en liquide, la transition vers les monnaies virtuelles est « inexorable », selon lui, même s'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour y arriver.

Les banquiers et le Fonds monétaire international sont convaincus que la technologie blockchain sera un perturbateur incontournable en termes de monnaies virtuelles.

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Le 20 janvier, le FMI a publié un rapport sur les monnaies virtuelles, ou cryptomonnaies.

Christine Lagarde, directrice générale du FMI, a résumé les conclusions du document par la première phrase du roman Le Conte de deux cités, de Charles Dickens : « c’était le meilleur et le pire de tous les temps ».

Selon elle, les cryptomonnaies pourraient être extrêmement utiles, parce qu'elles atteindraient facilement les personnes qui vivent dans des régions très reculées, par exemple.

Cependant, ces nouvelles monnaies pourraient également être « un outil criminel génial », à cause de l'absence de réglementation. De plus, si cette technologie se développe très rapidement, elle pourrait menacer la stabilité financière, voire même « perturber la politique monétaire ».

Ce n'est toutefois pas pour tout de suite, étant donné que le secteur est encore « trop petit » pour avoir un impact important dans l'immédiat. À l'heure actuelle, la valeur totale des monnaies virtuelles n'est en effet encore que de 6,4 milliards d'euros. Si « l'on ne sait pas encore grand-chose » sur les monnaies virtuelles, elles pourraient néanmoins bouleverser l'industrie en profondeur, estime-t-elle. Les autorités ont donc du pain sur la planche pour réglementer ce secteur émergent.

Mégadonnées

Les monnaies virtuelles ne sont cependant pas la seule innovation perturbatrice à l'horizon. L'autre principal moteur de changement sera la meilleure utilisation des données.

Pour Tom de Swaan, PDG du groupe Zurich Insurance, les mégadonnées représentent une occasion extraordinaire pour le secteur des assurances. Des assurances auto à l'évaluation des risques, l'utilisation des mégadonnées permettra aux sociétés de travailler « de manière plus granulaire », explique-t-il.

Dan Schulman prédit quant à lui que le secteur financier connaîtra des changements plus importants dans les cinq années à venir que lors des trois dernières décennies.

Cette révolution sera le fruit d'un effort mené non seulement par des entreprises comme PayPal, mais également par les acteurs des marchés financiers, et même les législateurs, ajoute-t-il.

Tom de Swaan souligne cependant qu'il est difficile de prédire les changements technologiques et qu'il serait bénéfique pour tout le monde que les sociétés traditionnelles et les sociétés innovantes coopèrent. « Nous devrions utiliser [les perturbateurs] pour créer de nouveaux produits et systèmes de distribution », poursuit-il.

Quel type de réglementation ?

Dans les années à venir, la question clé sera de savoir quelles règles mettre en place pour le secteur.

James Gorman, le PDG de Morgan Stanley, souligne également que les législateurs devraient se pencher sur la cybersécurité, afin de réduire le risque systémique et donc de rassurer les clients. « Le système bancaire repose sur la confiance », rappelle-t-il.

Source : Euractiv.fr