Après avoir mis à genoux l'Egypte, les islamistes s'attaquent à la Tunisie... Et dire que c'est nous qui avons mis le ver dans la pomme en Libye, il serait bien que la France (et les autres pays) assument leurs responsabilités dans ce chaos.
Le parti islamiste Ennahda, principale formation politique en Tunisie, a refusé, jeudi 7 février, la dissolution du gouvernement voulue par le premier ministre, Hamadi Jebali, issu de ses rangs, et veut poursuivre les discussions sur un éventuel remaniement. "Le premier ministre n'a pas sollicité l'opinion de son parti", a déclaré le vice-président d'Ennahda, Abdelhamid Jelassi, l'un des fondateurs du parti qui demeure son secrétaire général. "Nous croyons nous, à Ennahda, que la Tunisie a besoin aujourd'hui d'un gouvernement politique. (...) Nous allons poursuivre les discussions avec les autres partis sur la formation d'un gouvernement de coalition", a-t-il ajouté.
Hamadi Jebali a annoncé mercredi sa décision de former un "gouvernement de compétences nationales" composé de technocrates "n'appartenant à aucun parti et travaillant pour l'intérêt de la nation". Il a également promis d'organiser rapidement des élections pour tenter de calmer les violentes manifestations provoquées par l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd.
M. Jebali n'a donné cependant aucun calendrier concernant la formation du nouveau gouvernement. Des voix ont commencé à s'élever dans l'opposition pour réclamer la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC) qui depuis 15 mois ne parvient pas à rédiger de Constitution faute de compromis réunissant les deux tiers des députés.
UN OPPOSANT SOUS PROTECTION POLICIÈRE
Le chef du Parti républicain tunisien, Ahmed Nejib Chebbi, opposant historique sous le régime de Ben Ali et aujourd'hui chef d'un parti centriste opposé aux islamistes au pouvoir, a affirmé qu'il était "menacé". "Le ministère de l'intérieur m'a officiellement informé il y a déjà quatre mois que j'étais sur une liste de personnalités à assassiner. Le président de la République m'a accordé une garde depuis trois ou quatre mois", a-t-il déclaré sur RTL. M. Chebbi dénonce "les groupes extrémistes religieux qui se sont attaqués aux galeries d'art, aux manifestations politiques, aux artistes, aux restaurants, aux bars. Ils veulent établir une dictature religieuse violente, donc ils me prennent pour un ennemi à abattre, a-t-il dit. Le changement de gouvernement nous permet d'espérer une nouvelle situation."
Ahmed Nejib Chebbi, chef du parti républicain tunisien : "Je suis moi aussi menacé" http://minu.me/87m3 #Tunisie
A Tunis, un important dispositif de sécurité a été déployé par la police avenue Habib Bourguiba, théâtre de heurts entre manifestants et policiers jeudi et haut-lieu de la révolution de janvier 2011 qui avait renversé le régime de Ben Ali. Des bus, des camionnettes et des fourgons cellulaires ont été postés en nombre et la circulation interdite le long du ministère de l'intérieur. Les commerces ont rouvert sur cet axe mais par précaution nombre de magasins ont abaissé leur rideau de fer pour protéger leur vitrine.
Les syndicats des avocats, des magistrats et du parquet ainsi que les enseignants de la principale université tunisienne (La Manouba, banlieue de Tunis) ont annoncé observer une grève dès jeudi.
La famille de Chokri Belaïd préparait pour sa part les funérailles prévues vendredi après-midi. Quatre partis politiques ont appelé à une grève générale pour le jour des obsèques mais la puissante centrale syndicale UGTT n'a pas exprimé de position sur le sujet, alors que sa capacité de mobilisation est la clé de tout débrayage d'ampleur.
Source : Lemonde.fr
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