Et même les Suisses s’en prennent aux grands patrons !

Les vieux démons ont la vie dure, mais on saluera le courage du peuple suisse...

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Walter Bieri/AP/SIPA

Il s’agissait, ce week-end en Suisse, d’un de ces fameux referendums dits d’initiative populaire. Il s’agissait de limiter les « rémunérations abusives » des patrons des sociétés cotées en bourse, notamment d’interdire les si décriés « parachutes dorés », de limiter à une année le mandat des administrateurs, et de faire voter les principaux salaires et autres avantages par les actionnaires. Une série de propositions quasiment révolutionnaires et gauchisantes pour — prenons cet exemple évidemment au hasard — les socialistes français au pouvoir. Problème, il a été initié, ce projet, par Thomas Minder, chef d’entreprise et surtout sénateur de l’UDC, le parti suisse de droite populiste.

67,9 % ! Les Suisses, ces extrémistes bien connus, ont approuvé à 67,9 % ! Voilà qui mérite qu’on y réfléchisse.

J’entends déjà le chœur des pleureuses de la bien-pensance : ils couinent que les « horribles populistes » ont à nouveau frappé, cette fois dans le coffre-fort du capitalisme financier, à l’épicentre d’un pays jusque-là modèle et que nos pleureuses estimaient à jamais protégé et ignifugé. Ils se sont gourés, une nouvelle fois. Car chaque jour, les pleureuses de la bien-pensance comprennent moins bien que la veille les psychologies des peuples d’Occident et leurs souffrances. Les Suisses viennent à leur tour de le signifier.

Ils vont, cela va de soi, nous expliquer qu’une déferlante « populiste » balaye l’Europe, que la démagogie politique et la facilité idéologique sont à l’œuvre. La preuve ? C’est un « populiste » suisse, à la limite de l’extrême droite qui est à la manœuvre dans la patrie des banques. Ce n’est pas faux, loin de là, le dénommé Minder étant par ailleurs xénophobe et lancé dans une détestable traque aux immigrés. Mais pourquoi les Suisses l’ont-ils approuvé ? Pourquoi les Italiens ont-ils relancé l’ignoble Berlusconi et propulsé Grillo le clown ? Pourquoi la droite populiste conquiert-elle désormais l’Europe du Nord ?

On peut s’en prendre, à l’exemple des parangons de la pensée unique, aux peuples eux-mêmes — c’est en effet le plus facile —, les accabler, railler leurs angoisses, moquer leurs inquiétudes. Mais les citoyens d’Europe n’ont plus que faire de ces jugements péremptoires, de cette pseudo-supériorité de classe. Ils ont attendu ; et rien ne s’est passé. Voilà donc le moment des punitions politiques.

Qu’ont-ils attendu, les peuples d’Europe ?

1. Que le système financiaro-bancaire soit assaini, qu’il soit mis à la disposition de la relance économique. Ce n’est pas le cas, et moins que jamais.

2. Qu’il soit mis un terme aux folies salariales, à l’indécence des sommes versées aux « grands » managers. Les pouvoirs politiques, tous les pouvoirs politiques, de droite et de gauche, ont promis. Or, ils n’ont rien fait, à gauche comme à droite. Voilà ce que les Suisses ont voulu exprimer ce week-end.

3. Que la rigueur ne soit pas un objectif en soi, qu’elle soit au service de l’avenir, d’un dessein, d’une perspective. La politique, oui, mais pas celle des technocrates de Bruxelles qui ont détourné le sens, précisément, de la politique.
 

Les Suisses se doutaient-ils seulement qu’ils exprimaient aussi ces revendications-là ?

 

Source : Marianne.net

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