Le GIR, instrument sécuritaire d'Hortefeux à Grenoble

Voilà qui devrait faire plaisir à nos concitoyens Brice Hortefeux a inaugurés le G.I.R. à Grenoble...

Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a installé ce jeudi, depuis la préfecture de l'Isère, un Groupe d'intervention régional (GIR), sorte de commando sécuritaire regroupant plusieurs administrations et chargé de la lutte contre l'économie souterraine et la délinquance organisée dans les zones sensibles.

Une initiative aussitôt critiquée pour le manque de moyens nouveaux par rapport aux effets d'annonce, et son approche uniquement répressive.

Les GIR dégradent les rapports police-habitants

L'objectif de Brice Hortefeux : faire de Grenoble un « symbole » de la lutte contre la délinquance. La ville est devenue le centre de l'attention gouvernementale depuis l'échange de tirs qui a éclaté lors d'un braquage le 15 juillet, suivi d'affrontements entre la police et des jeunes dans le quartier de La Villeneuve.

Une vaste opération de police a été menée en début de semaine, et Nicolas Sarkozy y a prononcé un discours sécuritaire très ferme la semaine dernière.

Composé d'un arsenal pluridisciplinaire, la nouvelle entité policière mutualise les champs d'intervention. Son effectif ? Deux policiers, deux gendarmes, un inspecteur des impôts, un agent des douanes, un agent de l'Urssaf (Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales) et, spécificité locale, des fonctionnaires de la Caisse primaire d'assurance maladie (Cnam) et de la Caisse d'allocations familiales (CAF).

En tapant directement sur le portefeuille, le ministre s'attaque selon lui au « premier sentiment d'injustice en France », à savoir la fraude sociale.

La structure sera placée sous la houlette du préfet Eric Le Douaron, fraîchement désigné par le président de la République après les affrontements du quartier de La Villeneuve de juillet.

En France, il existe 35 de ces GIR, une structure créée en 2002 par Nicolas Sarkozy alors ministre de l'Intérieur. Selon un rapport du Sénat d'octobre 2006, « les interventions des GIR ont permis l'interpellation de 15 510 personnes, ainsi que le démantèlement de 221 réseaux de stupéfiants ».

Un bilan positif ? En réalité, le document affirme que le changement des modes d'intervention de la police, qui consiste à multiplier les interpellations pour stopper les incidents, a conduit à une détérioration significative des relations entre la police et les habitants. Et rappelle que la plupart des violences urbaines éclatent à la suite d'altercations entre jeunes et policiers.

21 policiers vont quitter le commissariat

Au lendemain d'une vaste opération de police dans le quartier de La Villeneuve (dont les quatre personnes mises en garde à vue ont été libérées), Brice Hortefeux a participé mercredi dans la soirée à une patrouille de la Brigade anticriminalité, celle-là même prise pour cible et menacée de mort par les jeunes du quartier.

Face à ces exactions, le Président avait annoncé des mesures supplémentaires. Un équipement dernier cri est venu compléter la panoplie des policiers : gilets tactiques, lanceurs de balles à viseur holographique, boucliers balistiques, paires de jumelles à vision nocturne ou encore phares d'éclairage à grande distance. Or, ils seront peu nombreux à pouvoir utiliser ce matériel.

Daniel Chomette, responsable départemental du syndicat de police SGP-FO, résume :

« On nous avait promis 38 fonctionnaires en renfort. Mais parmi ceux-ci, nous aurons 21 adjoints de sécurité. »

Autrement dit, des jeunes agents ayant une formation de quatorze semaines, mais pas avec les mêmes prérogatives que les policiers. Daniel Chomette insiste :

« En plus, entre la fin 2009 et la fin 2010, il devrait y avoir 21 policiers qui vont quitter le commissariat soit pour aller à la retraite, soit pour des promotions externes. Donc à ce compte-là, on ne peut vraiment plus parler de renforts. […] Soit Nicolas Sarkozy n'était pas au courant, soit on nous a pris pour des idiots. »

Photo : Brice Hortefeux lors de l'installation du GIR à Grenoble, avec Eric Le Douaron (deuxième en partant de la droite) et le chef du GIR, Denis Dubuy, le 8 août 2010 (Robert Pratta/Reuters)

Informations complémentaires :

Le Monde.fr : A Grenoble, Hortefeux détaille l'arsenal sécuritaire du gouvernement
Le Nouvel Obs : Nouveau déplacement à Grenoble pour Hortefeux, qui installe un GIR
Le Post : Hortefeux à Grenoble, c'est Noël à (la) BAC


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