Lyon la bourgeoise connaît des scènes de "guérilla urbaine"

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C'est pathétique... Alors que les États-Unis entrent dans les heures les plus sombres, les jeunes lucides et courageux traitent Brice Hortefeux de fasciste, et la seul réponse du gouvernement est de les interpeller. Gageons qu'ils auront gagné une séquence "émotion" gratuite.

LYON (Reuters) - Les heurts qui ont éclaté cette semaine à Lyon entre des groupes de jeunes et les forces de l'ordre, les plus importants de France, peuvent surprendre dans une ville à la réputation bourgeoise.

Mais ses banlieues ont souvent été en pointe dans les émeutes urbaines de ces vingt dernières années.

Avec 200 interpellations sur un total de 1.423 depuis le début des violences, Lyon est la ville de France qui a connu les plus forts débordements en marge des manifestations de lycéens contre le projet gouvernemental de réforme des retraites.

"Des violences ont été recensées à Nanterre et en banlieue parisienne, mais Lyon offre une situation particulière", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui s'est rendu mercredi dans la ville pour tenter de calmer le jeu.

Il a d'ailleurs été pris verbalement à partie par un groupe de jeunes qui l'a traité de "fasciste" et de "raciste". Trois d'entre eux ont été interpellés par les forces de l'ordre.

Les fauteurs de troubles de ces derniers jours ont été clairement identifiés comme venant des banlieues lyonnaises.

"Cinquante pour cent des jeunes interpellés sont mineurs, 50% sont scolarisés dans des établissements du VIIe arrondissement, de Saint-Priest, de Bron. Il s'agit de jeunes délinquants venus de banlieues", a dit mardi le préfet du Rhône, Jacques Gérault, précisant que nombre d'entre eux étaient connus de la police.

L'organisation géographique de l'agglomération lyonnaise et sa taille moyenne ont la particularité d'offrir une grande facilité de déplacement entre la banlieue, disposée en couronne autour de Lyon intra muros, et le centre ville.

Les transports en commun sont construits en étoile, reliant, en métro, en tramway et en bus les communes de banlieue au centre ville et c'est d'ailleurs par la fermeture du réseau de transport en commun que les autorités ont tout de suite répliqué aux émeutes depuis le début de la semaine.

"GUÉRILLA URBAINE"

"Le préfet nous a demandé de couper les transports en commun dans la Presqu'Ile", explique Bernard Rivalta, le président du réseau lyonnais. "On évite ainsi d'alimenter la pagaille."

Le Lyonnais Michel Mercier, ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement du territoire, qui préside par ailleurs le Conseil général du Rhône, a expliqué cette situation particulière à Brice Hortefeux qu'il accompagnait dans son déplacement.

"Les transports en commun sont organisés de telle façon qu'ils permettent un accès facile au centre ville depuis la banlieue", a-t-il confirmé, confiant que, lorsqu'il était étudiant à Lyon en 1968, il avait déjà observé le même phénomène avec de jeunes "voyous" venus des banlieues.

Michel Mercier évoque aussi "une tradition anarchiste qui perdure à Lyon".

"Il me semble que parmi ceux qui ont été arrêtés, il y avait pas mal de représentants de cette tradition-là."

A partir du début des années 1980, les banlieues lyonnaises ont été les premières à faire parler d'elle et à exprimer le malaise des cités construites à la hâte en périphérie des villes puis oubliées. L'été 1981 avait mis sous les feux de l'actualité le quartier des Minguettes à Vénissieux.

A l'automne 1990, c'est Vaulx-en-Velin, commune toute proche qui s'enflamme et prend le relais, après la mort, dans un barrage policier, de Thomas Claudio, un jeune du quartier.

C'est la même année que le président François Mitterrand viendra à Bron, autre banlieue lyonnaise, lancer, avec l'architecte Roland Castro, l'un des leaders de Mai-68, les prémices des "politiques de la ville".

Les efforts des politiques publiques qui ont engagé depuis vingt ans d'importants programmes de rénovation urbaine semblaient pourtant avoir payé en 2005. Lors des violences urbaines qui avaient sévi dans les banlieues françaises cet automne-là, Lyon s'était plutôt distingué par sa sagesse.

Mais cette semaine, ce sont des scènes de "guérilla urbaine" qui s'y sont déroulées, selon les mots du porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.

par Catherine Lagrange

Edité par Yves Clarisse


Source :
Reuters

Informations complémentaires :

20Minutes.fr : Retraites: Sarkozy hausse le ton, les grévistes toujours mobilisés
LeNouvelObs :
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La Croix.com :
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