Montebourg demande aux banquiers de s'expliquer sur leurs salaires

Le ministre de l'Economie dénonce la hausse des rémunérations des dirigeants de banques. Sur proposition du Premier ministre, ceux-ci seront convoqués pour s'expliquer, a-t-il déclaré aux sénateurs.

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Le nouveau ministre de l'Economie fustige la hausse des salaires des dirigeants de banques. - AFP E. PIERMONT

Les rémunérations des banquiers sont reparties à la hausse en 2013 à la faveur de l’embellie des résultats de leurs groupes. Une nouvelle que digère mal le nouveau ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, connu pour ses diatribes à répétition sur la finance et la spéculation. Sur proposition du Premier ministre, il a donc décidé de convoquer les grands patrons de banques françaises pour une explication, a-t-il annoncé jeudi devant les sénateurs.

"Les rémunérations des dirigeants de banques ont progressé dans des proportions absolument indécentes", a-t-il déclaré. "Le PDG du Crédit agricole a eu une augmentation de 38%, Natixis +14 %, BPCE +29 %. Donc il va falloir qu'on discute de tout cela avec la place bancaire." Si les salaires fixes des dirigeants de banques sont plutôt restés stables cette année - de 550 000 euros pour François Pérol à 1,25 million d'euros pour Jean-Laurent Bonnafé - les bonus ont quant à eux considérablement grimpé  : + 15 % pour le PDG de la Société Générale, + 58 % pour le patron de BPCE et + 137 % pour le patron du Crédit Agricole.

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La Fédération FO Banques condamne dans un communiqué "une attitude inadmissible" des dirigeants de banques. "Alors que les bénéfices sont là (15 millards d’euros en 2013), les patrons se servent et les salariés payent la note ! Car pour les salariés en 2013, c’était des centaines de suppressions d’emplois (dans toutes les banques) et pour les augmentations générales rien ou quasiment rien", souligne le syndicat qui dit avoir alerté à plusieurs reprises l'exécutif. FO Banques et Sociétés Financières, qui réclame "une augmentation générale des salaires pour l'ensemble des salariés" de la profession bancaire, annonce son intention de "saisir de nouveau le Président de la République et son gouvernement pour faire cesser cette politique de l’emploi et de rémunérations inadmissibles !"

Des rémunérations en-deçà de celles des banques américaines

"La méthodologie concernant les rémunérations est transparente et contenue dans notre document de référence", fait valoir une banque française. "Elle est approuvée par le conseil de surveillance et applique les règles en matière de différé notamment ". La part variable des rémunérations des dirigeants suit l'évolution des résultats des banques, or ceux-ci sont repartis à la hausse en 2013. En outre, les rémunérations des banquiers français restent bien en-deçà de leurs homologues anglo-saxons . Le patron le mieux payé de Wall Street, Lloyd Blankfein, qui dirige Goldman Sachs, a ainsi touché cette année 23 millions de dollars, soit 9,5 % de plus qu’en 2012. Le patron de JP Morgan a, lui, encaissé au total près de 20 millions de dollars, contre 11,5 millions au titre de 2012.

Montebourg dénonce "un système bancaire défaillant"

Arnaud Montebourg juge toutefois ces rémunérations "disproportionnées", dans un contexte où l'accès au crédit est difficile pour les PME, estime-t-il. "On ne peut pas avoir un système bancaire défaillant et des rémunérations et des profits qui s'envolent dans des proportions qui sont à nos yeux disproportionnées", a-t-il déclaré aux sénateurs.

Pourtant, les dernières statistiques établies par la Banque de France montrent que l'étau du crédit pour les PME commence à se desserrer. Entre janvier et mars, l’accès au crédit de trésorerie a atteint un taux d’obtention de 70 %, soit deux points de mieux qu’au dernier trimestre 2013. La demande en crédit d’investissement affiche des taux d’obtention supérieurs à 90 % pour les PME comme pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI).

"Le système bancaire français est performant dans le financement de l’économie et notamment des PME. Le montant total des encours de crédits aux entreprises s’élève à 817 milliards d’euros, dont 45% bénéficient aux TPE/PME", rappelle la Fédération Bancaire Française (FBF). Les encours de crédit aux PME ont progressé de 0,8% à fin février sur un an, selon les dernières statistiques de la Banque de France. Outre les contraintes réglementaires en matière de fonds propres qui les empêcheraient de prêter autant qu'elles le souhaitent, les banques soulignent que c’est moins l’offre de prêts que la demande des entreprises qui freine la dynamique du crédit.

 

Écrit par Aurelie ABADIE
Journaliste au desk web

 

Source(s) : Lesechos.fr von Chalouette

Informations complémentaires :

 


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