Rentrée des classes : le professeur Brighelli note Vincent Peillon

Bonjour, 2e jour de la rentrée, ce matin le petit réintègre son école privée. Le grand, quant à lui, est « très content » de sa classe et de ses profs, « les meilleurs » du lycée. Eh bien, j’espère que ça ira mieux cette année, parce que l’année dernière il les a vraiment « baladés ». Quand votre enfant « sèche », dans le meilleur des cas vous recevez un SMS, et après on vous demande de justifier son absence. Mais si vous indiquez qu’il n’y a aucune justification, c’est VOUS que l’on met en doute. Mais le pauvre chérubin lui ne sera jamais inquiété, j’entends par là qu’il ne sera pas « collé » ou qu’on ne lui fera pas nettoyer des tables, voire ramasser des papiers dans la cour, car « c’est trop avilissant » pour les élèves…

Un autre point, si votre enfant rencontre des difficultés avec un prof, à VOUS de prendre les devants et de contacter le professeur en question, sinon la faute vous retombe dessus, etc.

 

Bref … avec les monstres d’égoïsme qu’ils ont contribué à créer avec leurs valeurs humanistes et matérialistes, moi je leur souhaite bon courage… (eh oui, je ne vous raconte pas tout encore…) ; )

 

Le problème, c’est qu’avec de telles bases pour la société, eh bien, dans le futur, c’est la communauté tout entière qui va morfler…

 

Je ne rejette pas ma responsabilité, mais sachez que je n'ai jamais cédé sur mes valeurs, quelque part ce sont donc in fine des saboteurs…

 

Bien à vous,

 

L'Amourfou.

 

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Quelle note pour la rentrée de Vincent Peillon ? © AFP

Copie hors sujet, réforme ratée, "et pendant ce temps l'école française s'effondre", l'auteur de La fabrique du crétin dresse un constat accablant !

Lundi matin, à 7 h 45, à une demi-heure de la prérentrée, comme on dit chez les profs, Thomas Sotto m'a demandé au débotté et en direct sur Europe 1 quelle note j'attribuerais à Vincent Peillon pour évaluer cette rentrée, la première sous son entière responsabilité. Je me suis laissé aller. "4 ? 5 ?" Et j'ai failli descendre plus bas, bien plus bas...

Peccavi, pater optime * (Stendhal, Le Rouge et le Noir). Oui, je suis un méchant, un coupable (Molière, Tartuffe) - liste non limitative des heureuses expressions du repentir hypocrite... Qu'avais-je dit là ?

Certes, le ministre est presque entièrement hors sujet : l'École se meurt, les Français en sont globalement insatisfaits, les nouveaux profs sont dotés en catastrophe d'un titre que souvent les jurys ont hésité à leur attribuer, et qui en tout cas n'ont bénéficié d'aucune formation réelle, ni disciplinaire, ni pédagogique, les élèves sont de plus en plus livrés à eux-mêmes, et sous prétexte de combattre les discriminations, on détruit toutes les filières soupçonnées d'élitisme - encore un gros mot pour la gauche, on va finir par croire qu'ils en ignorent le sens...

On occupera les élèves

Certes, après avoir lancé à grand fracas en août 2012 une grrrrrande concertation sur l'École, le ministre a accouché d'une souris - réforme des rythmes scolaires pour 1/5 des écoliers français, et encore, dans cette demi-journée enfin récupérée, ce n'est pas du français que l'on fera, ni des maths, ni de l'histoire ou de la géographie, mais des danses bretonnes, du jardinage appliqué, de la varappe citoyenne (ça, ça n'existe pas - pas encore...), bref, on occupera les élèves au lieu de leur enseigner quelque chose d'indispensable... Certes, Vincent Peillon, que je n'avais pas connu si discret ni si effacé, a laissé Geneviève Fioraso légiférer sur le bac et obliger les enseignants de l'académie d'Orléans-Tours à noter sur 24 afin que plus de chérubins possèdent, in fine, un diplôme désormais inutile...

Mais 4/20 ! la note-sanction ! L'horreur pédagogique ! Je pourrais fâcher le ministre ! Le déprimer ! Courroucer aussi Peter Gumbel, ce journaliste anglais qui pense que nous "achevons bien les écoliers"... Qui sait ? Je pourrais les pousser l'un et l'autre au suicide - comme un quelconque prof de lycée technique marseillais qui vient de passer à l'acte, la veille de la prérentrée, tant il n'y croyait plus, de son propre aveu, tant il était dans l'incompréhension face à l'évolution de son métier - notre métier ! Le ministère se tait depuis des années sur la dépression en milieu enseignant - on sait juste qu'effectivement l'École tue ceux qui y ont cru.

Mais on supprime les notes à l'école, de peur qu'elles ne traumatisent les chérubins des quartiers nord et du 9-3 - alors que seules les notes, justement, seul un système intelligemment coercitif peut faire comprendre à des mômes en perdition que le Savoir n'est pas une plaisanterie ! On pontifie, on lénifie, on colmate - et pendant ce temps l'école française s'effondre dans les classements internationaux...

Vous avez tout raté

Alors, oui, 20/20, monsieur le ministre ! Vous aviez tout en main, et potentiellement le soutien de tous ceux qui ces dernières années ont travaillé à défendre l'école de la République - et la laïcité, parce que la laïcité est le savoir, et vice-versa. Pour complaire à quelques syndicalistes qui ne représentent plus qu'eux-mêmes, à quelques idéologues illuminés qui vous ont convaincu de sauver les IUFM (les instituts universitaires de formation des maîtres) en les rebaptisant ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation), et finalement à tous ceux qui n'ont jamais mis les mains dans le cambouis des vraies classes, vous avez tout raté. 20/20 !

Qu'attendait-on ? Une révision complète des programmes, qui irait dans le sens du sérieux, de l'étude, de la transmission des savoirs. Un retour de l'exigence. Une volonté d'amener chaque élève au plus haut de ses capacités, parce que les enfants sont capables de beaucoup donner si on leur demande beaucoup. Et une revalorisation sérieuse, conséquente, des plus bas salaires de la profession, parce qu'il est scandaleux - mais significatif - que les très bons élèves, désormais, envisagent toutes les professions sauf enseignant. Dans un monde où "avoir", c'est "être", un peu plus d'avoir permettrait aux enseignants, qui s'échinent de leur mieux à faire la France de demain, d'être moins méprisés de leurs propres élèves, et de leurs parents.

 

* J'ai pêché, j'avoue ma faute, ô mon père

Par Jean-Paul Brighelli

 

Source : Lepoint.fr

Informations complémentaires :

 

 


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