Les djihadistes, dont c'est le dernier bastion, ont refusé d'évacuer et se servent des civils comme bouclier humain.
INFOGRAPHIE - Cette trêve quotidienne, instaurée de 9h à 14h, permettra la création de couloirs humanitaires pour évacuer les civils de la Ghouta orientale, alors que les combats se poursuivent lundi malgré la résolution de l'ONU.
Vladimir Poutine a ordonné à partir de mardi l'instauration d'une «trêve humanitaire» quotidienne dans la Ghouta orientale en Syrie, fief rebelle sous le feu du régime. «Sur ordre du président russe et dans le but d'éviter les pertes parmi les civils de la Ghouta orientale, une trêve humanitaire quotidienne sera instaurée à partir du 27 février de 09h à 14h», a indiqué le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, cité dans un communiqué. Selon lui, des «couloirs humanitaires» seront mis en place pour permettre l'évacuation des civils. «Leurs coordonnées sont prêtes et seront rendues publiques bientôt», a-t-il précisé.
L'initiative de Moscou intervient deux jours après l'adoption à l'ONU d'une résolution exigeant un «cessez-le-feu humanitaire» d'un mois en Syrie. Las, les combats n'ont pas cessé pour autant. Au moins 17 civils ont été tués lundi par de nouveaux raids aériens et des tirs de roquettes du régime sur l'enclave assiégée de la Ghouta orientale, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Parmi les victimes figurent neuf membres d'une même famille, dont trois enfants, tués dans des frappes nocturnes du régime qui ont visé Douma, la grande ville de cette région sous contrôle rebelle située en périphérie Est de Damas, selon l'Observatoire.
L'Iran annonce que les raids vont se poursuivre
Le chef de l'ONU Antonio Guterres a exigé lundi que le texte onusien soit respecté. «Je me félicite de l'adoption» de la résolution mais «j'attends que cette résolution soit immédiatement appliquée (...) pour que l'aide et les services humanitaires puissent être fournis immédiatement (...) pour que l'on puisse alléger les souffrances du peuple syrien», a déclaré à Genève le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. «Les efforts de lutte contre le terrorisme n'ont jamais la primauté», a-t-il estimé, alors que l'Iran, grand allié du régime syrien, a affirmé dimanche que l'offensive contre des groupes «terroristes» allait se poursuivre dans la Ghouta orientale, fief rebelle assiégé.
Les habitants de la Ghouta orientale attendaient dans l'angoisse un début d'application du cessez-le-feu de l'ONU, au lendemain d'une nouvelle journée de bombardements et de combats qui ont causé la mort plus de 550 civils en huit jours. Le régime a en effet poursuivi dimanche ses raids aériens sur l'enclave rebelle aux portes de Damas, même s'ils étaient moins intenses que les jours précédents.
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Les forces du régime ont lancé le 18 février une intense campagne aérienne contre la Ghouta orientale, qui est le prélude, selon un média prorégime, à une offensive terrestre pour reconquérir cette région. Cette campagne du régime est d'une rare violence, même à l'échelle d'un pays déchiré par un conflit qui a fait 340.000 morts.
Chaque jour, les correspondants de l'AFP ont assisté aux mêmes scènes : des corps alignés dans les morgues d'hôpitaux de fortune, des enfants en pleurs et le visage ensanglanté, des secouristes à bout de force, enveloppés dans des nuages de poussière grise et qui tentent de dégager des victimes des décombres.
Des cas de suffocation
Dimanche, 14 cas de suffocation ont été rapportés après un bombardement du régime, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a précisé que parmi eux figurait un enfant qui est décédé. Un médecin a évoqué des «soupçons d'armes chimiques, probablement une attaque au gaz de chlore». «Une odeur de chlore se dégage des vêtements et de la peau de la plupart des patients. Beaucoup ont des difficultés respiratoires et des irritations au niveau des yeux et de la peau», a-t-il précisé. Un responsable du puissant groupe rebelle Jaich al-Islam, Mohamed Allouche, a accusé sur son compte twitter le régime d'avoir utilisé du «gaz de chlore».
Mais le ministère russe de la Défense a pointé du doigt les insurgés, assurant qu'ils prévoyaient «un recours à des substances toxiques afin d'accuser les forces gouvernementales d'utiliser des armes chimiques contre la population civile», selon un communiqué.
Si dimanche les raids aériens du régime se concentraient moins sur les zones d'habitation civiles et visaient davantage les secteurs de combats, 14 civils, dont trois enfants, ont cependant péri dans le pilonnage, selon l'OSDH. Ces dernières victimes portent le bilan total depuis le 18 février à plus 530 civils tués, dont au moins 130 enfants. Selon le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, des combats au sol entre forces du régime et rebelles ont eu lieu dans le sud de l'enclave, «les plus violents depuis le début du mois». Par le passé, plusieurs cessez-le-feu temporaires ont été adoptés en Syrie. Leur entrée en vigueur et leur respect par les belligérants peuvent parfois prendre du temps, et elles finissent souvent par voler en éclats.
La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron ont appelé dimanche Moscou à exercer une «pression maximale» sur la Syrie en vue d'une application «immédiate» de la résolution de l'ONU, a-t-on annoncé de source officielle à Berlin. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, devait d'ailleurs se rendre mardi à Moscou, selon l'Élysée.
Assiégés depuis 2013, les quelque 400.000 habitants de la Ghouta orientale vivent au quotidien des pénuries de nourritures et de médicaments, et sont désormais terrés dans les sous-sols. Leur région est pourtant une des quatre «zones de désescalade» instaurées en Syrie et censées garantir localement une trêve des combats. Sur le terrain, le vote de la résolution a laissé les habitants de marbre. «On ne peut faire confiance ni à la Russie, ni au régime, nous sommes habitués à leur trahison», indique Abou Mazen, un habitant de Douma, réfugié dans une cave.
Source : Le Figaro.fr
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