Témoins embarrassants sur le financement de la campagne Balladur

On en parlait hier, ce matin c'est Thierry Lévêque et Yves Clarisse de Reuters qui vous donnent fidèlement les détails de cette affaire, dont il ne sortira rien... ; )))

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Nicolas Sarkozy et Edouard Balladur. | MAXPPP

PARIS (Reuters) - Deux témoins renforcent les soupçons sur le financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, objet d'une enquête judiciaire sur un possible lien avec une présumée corruption en marge de deux importants contrats d'armement.

La validation des comptes de campagne d'Edouard Balladur s'est faite en fermant les yeux sur des irrégularités manifestes, au nom de la "raison d'Etat", déclare dans le Parisien de jeudi un ancien membre du Conseil constitutionnel.

Cet épisode, durant lequel des sommes importantes en espèces d'origine mystérieuse - l'équivalent de plus de trois millions d'euros - ont été "oubliées" par cet organe malgré l'opposition des rapporteurs, était connu, mais les déclarations de Jacques Robert sont particulièrement amères.

"Nous nous sommes dispersés sans un mot, avec le sentiment que la raison d'Etat l'avait emporté sur le droit", dit ce juriste qui fut membre du Conseil de 1989 à 1998.

C'est Roland Dumas, président socialiste du Conseil constitutionnel de l'époque, qui a obtenu que les "Sages" ferment les yeux sur ces comptes, confirme-t-il.

"Mon impression, c'est que Roland Dumas, Jacques Chirac et Edouard Balladur se tenaient à l'époque par la barbichette. Et que nous avons servi de caution à une belle entourloupe", dit le témoin. Les comptes de campagne de Jacques Chirac ont aussi été validés alors qu'ils étaient aussi irréguliers, précise-t-il.

Roland Dumas a admis ses doutes mais a justifié la validation des comptes d'Edouard Balladur par la difficulté qu'il y aurait eu à rejeter ceux de Jacques Chirac, sur lesquels des doutes existaient aussi, ce qui aurait privé la France de président.

Deux juges d'instruction s'intéressent aujourd'hui à cet épisode dans le cadre d'une enquête visant le possible détournement de commissions légales convenues en marge d'une vente de sous-marins au Pakistan (84 millions d'euros) et de frégates en Arabie saoudite (200 millions d'euros), quand Edouard Balladur était Premier ministre (1993-1995).

L'enquête judiciaire ouvre l'hypothèse d'un retour en France d'une partie de cet argent via des comptes "off shore" au Luxembourg et, in fine, des retraits d'espèces en Suisse.

DIX MILLIONS DE FRANCS

Les juges ont interrogé le Conseil constitutionnel et Roland Dumas sur les circonstances de la validation des comptes mais se sont vu opposer le secret du délibéré.

Edouard Balladur avait expliqué l'apport d'espèces dans ses comptes de campagne par des ventes de T-shirts et de gadgets, ou par des dons de sympathisants.

Il doit justifier aujourd'hui devant les juges, qui pourraient l'interroger, l'achat au comptant à Tourgéville (Calvados) en 1996 d'une maison de 13 pièces pour 7,3 millions de francs (1,1 million d'euros).

Selon Le Monde, la justice suisse a par ailleurs recueilli à la demande des juges français la déposition d'un banquier suisse qui confirme que Thierry Gaubert, proche de Nicolas Sarkozy déjà mis en examen dans le dossier, avait bien retiré d'importantes sommes en espèces sur un compte avant et après l'élection présidentielle de 1995.

Thierry Gaubert était déjà été mis en cause par son épouse Hélène de Yougoslavie, qui a relaté que son mari disait à l'époque avoir remis l'argent à Nicolas Bazire, directeur de campagne d'Edouard Balladur. Ce dernier est aussi mis en examen.

Ils auraient travaillé avec l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, intermédiaire sur les deux contrats d'armement.

Selon le témoignage du banquier suisse, Mauricio Safdié, dont la banque porte le nom, Thierry Gaubert venait en personne en Suisse chercher l'argent.

"Je ne me souviens plus des raisons pour lesquelles il souhaitait ouvrir un compte. Il a simplement demandé que le compte soit ouvert au nom d'une société pour ne pas qu'il soit ouvert à son nom", dit-il dans sa déposition citée par Le Monde.

Un retrait de 397.500 francs français (60.000 euros) a été relevé par la justice suisse le 2 mai 1995, à cinq jours du second tour de la présidentielle.

Plus de dix millions de francs, l'équivalent de 1,5 million d'euros, sont sortis entre 1995 et 1998 de ce compte, selon les découvertes de la justice suisse.

Nicolas Sarkozy, qui était porte-parole de la campagne Balladur, a déclaré à la télévision en octobre : " "Il ne sortira rien de tout cela et tout le monde le sait".

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse

Source : Reuters

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