Berlin et la BCE obtiennent gain de cause sur le FESF

Le week end c'est bien passé ? Prêt à attaquer une nouvelle semaine ? Je pense qu'elle va être politiquement mouvementée... Car, alors que le bilan de Nicolas S. sur la crise a du plomb dans l'aile, devinez qui va payer le FESF ? Eh bien, ça ne sera certainement pas la BCE. Je me demande bien comment les banques privées (qui sont déjà en difficulté) vont pouvoir nous prêter (avec intérêts) de telles sommes... (2000 à 7000 milliards !) Je suis par contre sûr que, Mario Draghi qui arrive à la tête de la BCE le 31 octobre, va trouver une solution innovante ! Son ex-employeur, Goldman Sachs, est riche d'expérience avec la Grèce...

BRUXELLES (Reuters) - L'Allemagne et la Banque centrale européenne ont obtenu dimanche que le fonds de soutien à l'euro, le FESF, ne soit pas transformé en banque, contre le souhait de la France, d'une majorité des pays de la zone euro et de membres du G20 qui y voyaient un moyen facile de multiplier sa force de frappe.

La chancelière Angela Merkel a clos le débat lors d'une conférence de presse commune avec Nicolas Sarkozy en déclarant que les ministres des Finances de la zone euro travaillaient sur deux modèles pour renforcer les moyens du Fonds européen de stabilité financière (FESF).

"Les deux n'englobent pas la Banque centrale européenne parce que les traités ne le permettent pas", a-t-elle dit.

Nicolas Sarkozy a souligné pour sa part que la France "tient autant" à l'indépendance de la BCE que l'Allemagne et qu'il ne revenait donc pas aux chefs d'Etat et de gouvernement de donner des instructions au garant de la solidité de l'euro.

La France défendait encore publiquement à la veille du week-end l'octroi d'une licence bancaire au FESF, qui aurait pour avantage de lui donner un accès illimité aux liquidités de la BCE.

Elle pouvait s'appuyer sur le soutien de 14 des 17 pays de la zone euro, l'Italie, l'Espagne et la Belgique étant en pointe, face à une Allemagne qui n'avaient que les Pays-Bas et la Finlande à ses côtés.

Alors que se profile le sommet du G20 de Cannes début novembre, les Etats-Unis, les grands pays émergents et le Fonds monétaire international (FMI) poussaient aussi en coulisses pour que les pare-feu érigés par les Européens soient les plus solides possibles et impliquent l'institution de Francfort.

"Le problème n'est pas la Grèce, mais d'installer un pare-feu efficace pour éviter une contagion au reste de la zone euro", a résumé une source proche du G20, qui insiste sur les risques que font peser les tergiversations européennes sur la reprise mondiale.

"Pour cela, il faut la taille et la rapidité (...) Seule la BCE dispose de la taille et de la rapidité d'action nécessaire", a ajouté cette source.

RAPIDITÉ D'ACTION

Une autre source a indiqué que si le ministre français de l'Economie, François Baroin, avait suggéré vendredi soir une flexibilité sur cette question, c'était avant tout pour ouvrir la porte à de possibles concessions mutuelles entre les différents aspects de la réponse à la crise sur lesquels planchent les Européens.

Car si les Allemands s'opposent à la transformation du Fonds européen de stabilité financière (FESF) en banque et au fait de laisser la BCE devenir prêteur en dernier ressort en Europe, les Français refusent quant à eux d'entériner la décote de 60% que réclame Berlin sur les titres obligataires grecs.

Une inconnue demeure : la position de la Banque centrale européenne une fois que Jean-Claude Trichet en aura quitté la présidence, le 31 octobre.

Le Français est hostile à cette double évolution du FESF et de l'institution de Francfort mais son successeur, l'Italien Mario Draghi, actuel gouverneur de la Banque d'Italie et jugé plus pragmatique, n'y serait pas forcément opposé.

"Il est plus que probable que l'Italie soit du côté de la France contre les positions plus dures défendues par l'Allemagne et les Pays-Bas", confirme-t-on au Trésor italien.

L'arrivée prochaine du "pragmatique" Jörg Asmussen au conseil de la BCE en remplacement du "faucon" Jürgen Stark comme représentant de l'Allemagne ainsi que celle possible d'un Français qui remplacerait numériquement Jean-Claude Trichet pourraient aussi infléchir la position du gardien de l'euro.

Dans le passé, la BCE avait pareillement tracé des "lignes rouges", comme son refus absolu de racheter des emprunts d'Etat sur les marchés ou d'envisager une décote de la dette grecque, pour se voir contrainte d'y renoncer avec l'aggravation de la crise.

En attendant, deux solutions restent sur la table pour maximiser la puissance de tir du FESF : l'Allemagne et la BCE plaident pour un mécanisme d'assurance partielle des titres de dette souveraine des pays de la zone euro.

L'autre solution serait la création d'un véhicule spécial alimenté notamment par des banques mais aussi des fonds souverains étrangers et aux ressources duquel le Fonds européen aurait accès pour intervenir sur le marché secondaire.

par Julien Toyer et Yann Le Guernigou

Avec Dan Flynn et Francesca Landini, édité par Danielle Rouquié

Source : Reuters

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