Quand le FMI s'interroge sur le coût du néolibéralisme...

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Dans un article publié dans la revue du FMI, trois experts remettent en cause les dogmes néolibéraux, dont les coûts ont été "sous-estimés".

Neoliberalisme 01 06 2016 

Le néolibéralisme creuse les inégalités et ses bienfaits ont été « exagérés » : ce verdict n'émane pas de militants d'extrême gauche mais du Fonds monétaire international, fer de lance, pourtant, de cette doctrine économique sur le globe.

Certes, la plume reste polissée et la critique prudente : « Les bénéfices de certaines des mesures qui constituent une partie importante de l'agenda néolibéral semblent avoir été quelque peu exagérés », écrivent ainsi trois cadres du département recherche du Fonds monétaire international (FMI) dans un récent article. Mais, selon ces chercheurs, les coûts des politiques néolibérales en termes de creusement des inégalités sont « tangibles », tout comme leurs effets négatifs sur l'activité économique. « L'accroissement des inégalités amenuise (...) le niveau et la viabilité de la croissance », indiquent-ils dans la revue Finances & Développement du mois de juin publiée par le FMI.

Les trois experts s'intéressent plus précisément à deux axes de la doctrine néolibérale, qui vise sommairement à réduire le champ d'intervention économique de l'État : la libre circulation des capitaux et les politiques d'austérité budgétaire. D'après leur évaluation, certains transferts de capitaux, notamment les investissements directs étrangers, peuvent certes doper la croissance d'un pays, mais d'autres flux à plus court terme alimentent au contraire la volatilité financière et « augmentent les risques de crash ».

« Le coût sous-estimé du recul de l'État-providence »

Sur l'austérité, pudiquement appelée « consolidation budgétaire », les experts du FMI soulignent que son coût - hausse des impôts, coupes dans les dépenses publiques - peut parfois être « bien plus important » que ses bienfaits, notamment dans les pays (Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni) où ces cures d'assainissement ne sont pas indispensables. « Les coûts en termes de plus faible production, de recul de l'État-providence et de chômage plus élevé ont été sous-estimés », ajoute l'article.

Les experts démontent également l'argument selon lequel l'austérité serait bonne pour la croissance en rassurant les investisseurs privés sur la solidité budgétaire d'un pays. « Des phases de consolidation budgétaire ont été suivies généralement par des chutes d'activité plutôt que par des hausses », assurent-ils. L'article ne reflète pas nécessairement la position officielle de l'institution. Mais le FMI est revenu sur certains de ces dogmes. Accusé d'imposer une austérité drastique en échange de ses prêts, le Fonds a ainsi esquissé un mea culpa en Grèce en admettant avoir sous-estimé l'impact négatif de ses recommandations sur l'activité économique. Revenant sur une de ses règles d'airain, il a également récemment reconnu que des mesures de contrôles de capitaux pouvaient s'avérer utiles dans certains cas pour stabiliser l'économie.

 

Source : Le Point.fr

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