Leur dernière ambition : gagner grâce à Marine Le Pen

François Hollande est optimiste en ce début d'année 2015. Il reprend même espoir en son destin personnel, selon ceux qui recueillent ses confidences. Mais c'est moins de sa politique économique que Hollande attend des améliorations que des circonstances extérieures.

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Thibault Camus/AP/SIPA

A lire et écouter la fine fleur du journalisme politique qui a recueilli en délégation ses confidences, une chose se présente bien en ce début d’année 2015 : le moral de François Hollande. Le président de la République « espère », paraît-il, un petit mieux. Parce qu’il se passe ailleurs des événements favorables pouvant soulager le marasme français : le prix du pétrole chute, l’économie américaine repart, l’euro baisse, le plan Juncker va injecter quelques milliards d’euros…

C’est moins de sa politique économique, sous-traitée au patronat et à la peine – chômage en lévitation, familles et retraités ponctionnés – que François Hollande attend une amélioration que des circonstances extérieures. « On [sic] nous prévoit une croissance », a d’ailleurs surenchéri Bruno Le Roux (le Christian Jacob de la gauche), annonçant « un retour de l’optimisme ».

La météorologie semble devenue le modèle de l’exercice politique pour nombre de nos élus, ces « décideurs qui ne décident plus de rien » selon l’attentive formule de Régis Debray. Leur horizon n’est plus un programme à appliquer, mais ce que nous impose ce monde qui bouge tout seul et auquel ils ont décidé de s’en remettre. Avec la conviction que la politique ne peut plus qu’accompagner au mieux les deux forces qui progressent : le marché qui s’étend, l’individu qui s’émancipe. Avec elles – François Hollande ne mentait pas –, « le changement, c’est maintenant ». C’est même tout le temps. Plus besoin de décider, mais de « s’adapter ». L’ambition n’est plus le volontarisme, mais le « réalisme », le « pragmatisme », comme disent Emmanuel Macron et Pierre Moscovici. Le vrai programme vient des vrais acteurs : Merkel et Juncker, banquiers et juges européens.

L’optimisme hollandais pêche par économisme (penser que le PIB fait société), ce reste de marxisme chez les socialistes français. D’une part parce que la nouvelle « croissance » du XXIe siècle carbure à la baisse du coût du travail, s’accompagnant de restrictions salariales et d’inégalités croissantes (comme on le voit chez les mieux dotés, l’Allemagne et les Etats-Unis), ce qu’ont bien compris les catégories populaires, déjà laminées par une mondialisation non régulée. D’autre part parce que la crise de confiance politique ne résulte pas seulement d’une insécurité économique que quelques points de croissance pourraient dissiper. Beaucoup de Français ont l’impression de ne plus avoir prise sur leur univers qui se défait sans qu’un autre leur soit proposé clairement. Ils attendaient de François Hollande de leur dire où va la France et ont l’angoissante impression que lui-même n’en sait rien.

Mais il reprend espoir pour son destin personnel : « 2015, ce ne sera pas les mêmes thèmes, pas le même contexte, on approche de 2017 », a-t-il expliqué à ses confidents, qui nous rapportent avec gourmandise qu’il est déjà « reparti en campagne ». Se faire élire et réélire : la seule ambition qui reste à cette nouvelle génération qui, depuis Chirac, n’excelle que dans les campagnes électorales et la prise d’un pouvoir dont ils ne savent que faire. Pour 2017, Hollande serait donc très optimiste ; là aussi les circonstances seraient favorables. Les stratèges du PS voient dans la candidature Sarkozy une divine bouée de secours. Elle va diviser la droite en gonflant une candidature de centre droit (Bayrou IV ?) et en boostant le vote archéo-gaulliste de Dupont-Aignan, ce qui devrait permettre à un candidat unique de la gauche de parvenir au deuxième tour. Avec Marine Le Pen. Car droite et gauche ont redimensionné leur ambition politique : ne pas être éliminées au premier tour. Pour gagner au second face à l’épouvantail lepéniste que leur programme commun ne cesse de nourrir.

 

Source : Marianne.net

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