L'intervention embarrassante du patron de la police

Après des années d'observation en interne, le jugement semble sans appel, voilà ce que donne la vue de près du métier de la police... Par un jeune 'protégé'

079600e4-c158-11df-9b95-c5318c74f09c.jpg
Frédéric Péchenard s'est entretenu avec l'agent qui souhaitait porter plainte contre son fils. Crédits photo : AFP

Le fils de Frédéric Péchenard, le directeur général de la police nationale, a été interpellé l'an dernier pour conduite en état d'ivresse et insultes à agent. Des consignes ont été données pour lui éviter des poursuites, affirme Le Parisien.

Frédéric Péchenard, qui a affirmé lundi avoir commandité l'enquête des services secrets sur les fuites dans l'affaire Bettencourt, doit faire face à une toute autre affaire, plus personnelle cette fois. Selon les informations du Parisien, le directeur général de la police nationale (DGPN), ami proche de Nicolas Sarkozy, serait intervenu l'an dernier après l'interpellation de son fils de 16 ans pour conduite en état d'ivresse et outrage à agents.

Les faits remontent à la nuit du 17 au 18 février 2009, raconte le quotidien, qui publie des extraits de deux procès-verbaux et d'une note de service pour appuyer ses affirmations. Vers 23 heures, l'attention des policiers est attirée sur les Champs-Élysées «par le conducteur d'un scooter de couleur rouge […] qui circule sur le trottoir […] et effectue plusieurs dérapages», explique un agent dans une déposition. Il s'agit du fils de Frédéric Péchenard, manifestement en état d'ébriété. Contrôlé, l'adolescent se fait menaçant. «Tu fais qu'un métier de con, je vais te muter à la circulation», lance-t-il. Il est conduit au commissariat du VIIIe arrondissement.

C'est dans ces locaux de la rue du Faubourg-Saint-Honoré que la procédure prend une tournure inhabituelle. L'officier de police judiciaire, à qui l'adolescent a été présenté, y reçoit rapidement des instructions très «directives» du commissaire de permanence cette nuit-là à Paris. «J'ai reçu pour consigne de Monsieur X de ne pas placer l'interpellé en GAV (garde à vue, ndrl), de ne pas aviser la permanence de nuit du Parquet, ne pas auditionner le mis en cause […]», déclare ce fonctionnaire dans un rapport interne de ce commissariat.

«Il ne s'est rien passé cette nuit»

Un gardien de la paix, s'estimant outragé par le fils de Frédéric Péchenard lors de l'interpellation, décide malgré tout de porter plainte. Il est 2h50. C'est alors qu'arrive le patron de la DGPN pour récupérer son fils. Une pièce spéciale lui est réservée avec l'agent qui a porté plainte. «Aucune bride ne s'échappera de cette conversation, et la plainte restera sans suite. Le parquet de Paris reconnaît ne pas en avoir de trace», précise le quotidien. Convoqués pour une réunion le matin-même, les agents sont invités à oublier l'événément. «Il ne s'est rien passé cette nuit», leur lance-t-on.

Ces consignes émanaient-elles de Frédéric Péchenard ? Interrogé par le journal, l'entourage du patron de la police nationale a démenti toute intervention pour faire retirer la plainte ou «enterrer» la procédure. «S'il s'est déplacé dans un commissariat pour aller chercher son fils, c'est en tant que père et sûrement pas en tant que chef de la police», objecte un proche. «Je suis sûr qu'il n'aurait jamais demandé à des policiers de ne pas exercer leur métier. Ce serait suicidaire», précise cette même source.

Ainsi, «personne n'exclut que la plainte déposée par un gardien de la paix contre le jeune Péchenard pour outrage ait ‘disparu d'elle-même'», par la simple évocation du nom de Frédéric Péchenard, qui aurait pu «exercer une pression», explique Le Parisien. Les proches du patron de la police jugent surtout que l'évocation de cette affaire aujourd'hui n'est pas un hasard. «A travers son fils, c'est lui qui est visé, ainsi que le président de la République», a fait valoir une source du journal.


Source :
Le Figaro


Inscription à la Crashletter quotidienne

Inscrivez vous à la Crashletter pour recevoir à 17h00 tout les nouveaux articles du site.

Archives / Recherche

Sites ami(e)s