Niger : la France en soutien de la Cédéao mais jusqu'où ? (Lefigaro.fr)

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Paris a apporté jeudi soir «son plein soutien à l'ensemble des conclusions» adoptées lors du sommet de la Cédéao. En insistant sur ces mots, le Quai d'Orsay inclut l'option militaire.

La situation au Niger est suivie de très près par le chef de l'État Emmanuel Macron. Si la France laisse à la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) le soin de gérer la crise en première ligne, elle n'est pas résignée à subir le coup d'État à Niamey comme elle a subi ceux à Bamako, au Mali, et à Ouagadougou, au Burkina Faso. Dans la soirée de jeudi, Emmanuel Macron s'est entretenu avec ses ministres, ses équipes et l'ambassadeur de France à Niamey pour évaluer la situation. Il a aussi été en contact avec ses partenaires européens et américains ainsi qu'avec ses homologues de la Cédéao.

Dans la capitale nigérienne, la situation est tendue. Une manifestation a été annoncée pour vendredi aux alentours de la «base aérienne projetée» qui abrite les forces françaises. Quelque 1500 soldats se trouvent dans l'ensemble du Niger et une grande partie à Niamey. L'aviation et les drones Reaper français y sont stationnés. Jeudi des rumeurs et des fausses informations ont circulé sur les réseaux sociaux, prenant pour cible les forces françaises. La base militaire américaine au Niger est située quant à elle à Agadez, plus au Nord. L'Allemagne et l'Italie disposent aussi de soldats dans le pays.

À l’issue de la réunion de la Cédéao qui s'est tenue jeudi à Abuja, au Nigeria, les États d'Afrique de l'Ouest ont décidé le déploiement d'une «force en attente». Le déploiement pourrait même intervenir «dans les plus brefs délais», selon le président ivoirien Alassane Ouattara, pour pouvoir restaurer l'ordre constitutionnel à Niamey. Le président élu Mohamed Bazoum y est toujours retenu prisonnier par les putschistes, avec son épouse et son fils. La junte menacerait sa vie en cas d'intervention extérieure. La Cédéao, qui ne veut pas céder à ce chantage, tente d'accroître la pression. Est-elle crédible? Il faudrait plusieurs semaines pour constituer une force militaire cohérente. D'autres sources disent cependant que le délai pourrait être plus court. Pour le président du Nigeria Bola Tinubu, qui assure la présidence tournante de la Cédéao, une «résolution pacifique» est toujours à rechercher. Le recours à la force n'interviendrait qu'en «dernier ressort».

En attendant, la France, par la voix du ministère des Affaires étrangères, a apporté jeudi soir «son plein soutien à l'ensemble des conclusions» adoptées lors du sommet de la Cédéao. En insistant sur ces mots, le Quai d'Orsay inclut l'option militaire. «Nous soutenons» le travail de la Cédéao, a aussi commenté le secrétaire d'État américain Anthony Blinken. Les Occidentaux veillent à modérer leurs commentaires pour ne pas être accusés d'ingérence. Mais ils comptent bien défendre leurs intérêts et chercher à mettre un coup d'arrêt à ce qu'ils considèrent comme le coup d'État de trop. Ils cherchent à crédibiliser toutes les options, y compris celle d'une opération militaire. Dans ce bras de fer, la France se montre intransigeante et considère impossible de négocier avec les putschistes.

La force de la Cédéao pourrait-elle faire appel à un appui occidental pour une intervention militaire? Même si l'armée du Nigeria prend la tête d'une opération, les capacités ne semblent pas suffisantes pour garantir l'ascendant. Il leur manquerait des capacités aériennes ou logistiques, des moyens de renseignement… Dès lors la question d'un soutien serait évidemment d'abord posée à la France, qui est le pays le plus exposé au Niger. Aucune demande précise ne semble encore avoir été formulée. Mais Paris ne semble pas avoir exclu non plus de fournir un tel soutien. Tout dépendra des requêtes précises qui seront exprimées.

La France est confrontée à un dilemme particulièrement sensible : laisser s'installer une alliance Bamako-Ouagadougou-Niamey de régimes putschistes plus ou moins soutenus par la Russie et abandonner tout espoir démocratique au Sahel, ou tenter de reprendre la main avec les risques que cela comporte. Pour l'instant, le risque de l'inaction est jugé le plus grave. La possibilité de voir l'influence de Wagner s'étendre encore dans la région est jugée réelle. Par ailleurs, les diplomates français ne peuvent que constater l'échec de toutes les tentatives de médiations menées depuis le 26 juillet par les autorités africaines.

 

 

Source : Lefigaro.fr via Les moutons enragés.fr

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