Santé mentale, privation alimentaire… Les effets de l’inflation sur les Français (Lexpress.fr)

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Selon une étude de l’Ifop, plus d’un tiers des Français ne dispose que de 100 euros le 10 du mois, et la moitié d’entre eux sautent des repas pour des raisons financières.

inflation course
Plus d’un Français sur deux (58 %) a réduit ses dépenses alimentaires pour des motifs financiers
ces douze derniers mois. afp.com/Christophe SIMON
 

Réduction du budget alimentaire et des dépenses de santé, augmentation des troubles anxiogènes dépressifs… Dans une étude publiée ce jeudi 1er juin pour le site MonPetitForfait, l’Ifop documente les multiples effets de l’insécurité financière engendrée par l’inflation, située en mai à 5,1 % sur un an, qui pèse toujours sur la population française. Les chiffres alarmants révélés par l’enquête "montrent que l’anxiété financière des Français, loin d’être un sentiment irrationnel, est bien le fruit d’une dégradation réelle de leur pouvoir d’achat non sans conséquences inquiétantes sur leur corps comme sur leur esprit", pointe l’institut de sondage.

De nombreux indicateurs sont au rouge, et bien plus négatifs que les chiffres observés durant la dernière crise financière de 2008. Actuellement, 56 % des Français admettent rencontrer des difficultés à vivre avec les revenus de leur foyer, soit une proportion en hausse significative par rapport à janvier 2023 (49 %). C’est notamment le cas des deux tiers (65 %) des Français gagnant personnellement moins de 2 000 euros nets mois, "soit le seuil de revenu fixé pour toucher l’indemnité inflation jusqu’en février 2022", note l’Ifop.

reste salaire

Illustration très concrète de ces difficultés : lorsque vient le 10 du mois, "c’est-à-dire après le prélèvement des dépenses "contraintes" sur les comptes bancaires", 31 % des Français se retrouvent avec un "reste à vivre" de moins de 100 euros sur leur compte en banque. 10 % d’entre eux sont même à découvert. Ces difficultés financières affectent, selon l’étude, tous les aspects de leur vie quotidienne, des plus pratiques au bien être physique et mental de la population.

L’alimentation et la santé sacrifiées

Pour faire face aux difficultés financières, certaines familles sont contraintes de renoncer à une partie de leurs dépenses essentielles, aux dépens parfois de leur santé. Plus d’un Français sur deux (58 %) a ainsi réduit ses dépenses alimentaires pour des motifs financiers ces douze derniers mois. C’est deux fois plus que les 29 % mesurés par l’Ifop en 2007. Pire encore : par manque d’argent, un Français sur deux en vient même à "sauter des repas" régulièrement ou occasionnellement, soit une hausse de 7 points depuis juin 2022.

Autre impact direct de cette baisse de pouvoir d’achat sur la santé : 41 % des Français ont reporté certaines dépenses de santé ces 12 derniers mois. C’est quasiment deux fois plus qu’il y a une quinzaine d’années lors de la dernière crise inflationniste.

 sauter repas

Certaines dépenses secondaires relatives à leur bien-être physique sont aussi rognées. L’abonnement à une salle de sport par exemple (40 %) est le premier type de contrat que les Français résilieraient s’ils le pouvaient, à partir du 1er juin. De même, deux Français sur trois (69 %, + 3 points depuis juin 2022) renoncent parfois à aller chez le coiffeur par manque d’argent.

Santé mentale, les effets cachés de l’inflation

Anxiété, pensées suicidaires, dépression… Au-delà des effets directs provoqués par l’inflation sur la vie pratique et quotidienne, les conséquences de l’instabilité financière sur la santé mentale des Français sont nombreuses, selon l’étude de l’Ifop. L’insécurité financière et la détresse psychologique apparaissent d’ailleurs "liées si l’on en juge par la proportion de Français avec moins de 100 euros le 10 du mois dans les rangs des personnes affectées de pensées suicidaires : 47 %, soit deux fois plus que chez celles n’en souffrent jamais (28 %)", note l’étude.

Cette caractéristique se retrouve aussi chez la part des Français qui ne parviennent pas à payer les charges de leur logement. Elles sont aujourd’hui 34 % en France, contre 29 % en octobre 2021. Chez les Français "très souvent" dans cette situation, 2 % d’entre eux sont exposées au risque suicidaire, soit trois fois plus que chez les personnes qui ne sont jamais en difficulté (6 %). Les troubles anxiodépressifs sont donc bien plus fréquents parmi les ménages les plus en difficultés, "quel que soit l’indicateur retenu".

Face à ces conséquences de plus en plus graves dans tous les domaines, les Français interrogés se montrent sévères avec le gouvernement. Les trois quarts des personnes interrogées jugent ainsi "que le gouvernement Borne n’en fait pas assez pour lutter contre la hausse des prix". Un chiffre qui s’est toutefois amélioré par rapport à octobre 2022, lorsque 82 % des Français jugeaient son action insuffisante.

Etude Ifop pour MonPetitForfait réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 5 au 9 mai 2023 auprès d’un échantillon de 1 525 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

 

Source : Lexpress.fr

 

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