USA : la sécheresse extrême stoppe un réacteur refroidi par l’eau de mer

Si je vous passe l'info ce n'est pas anodin, car il n'y a pas qu'en France que ça chauffe, et je vous avoue que même-moi, mon PC, qui est aussi refroidi par eau, eh bien j'ai dû quand même lui adjoindre un ventilateur classique aux fesses, car il montait à 40-45°, et fait extraordinaire, j'ai dû mettre des bouteilles d'eau congelée dans mon aquarium qui avait dépassé 28.8 ° ! Car l'eau de mer c'est chaud, mais au-dessus de 29° tout crève... Pensez aux personnes âgées, SDF, personnes faibles, ou enfants qui ne pensent pas à s'hydrater, c'est dans ces périodes tendues qu'il faut se montrer vigilant les uns envers les autres...

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Centrale de Millstone

Un réacteur stoppé dans le Connecticut suite à une source froide qui ne l’est plus vraiment

L’actualité rattrape notre débat sur la fragilité des sites de production électronucléaires : le réacteur n° 2 de la centrale de Millstone a dû être arrêté dimanche suite à l’élévation importante et continue de la température de son eau de refroidissement prélevée dans le détroit de Long Island (Nord-Est des États-Unis).

Un incident prévisible mais non anticipé

Le réacteur à eau pressurisée en question a été construit par Combustion Engineering au début des années 1970 et fournit au réseau une puissance nette de 870 MWe depuis 1975. L’eau de mer prélevée dans la baie de Niantic (Long Island Sound) pour son refroidissement ne doit pas, selon les règles définies pour l’exploitation, dépasser une température instantanée de 75° F (environ 24°C) ; la température relevée dimanche après-midi atteignant 77° F (25°C), l’opérateur Dominion s’est vu dans l’obligation de réduire la puissance de l’unité n° 2 à 65% (1) et de déclarer l’incident auprès de l’agence de régulation nucléaire Américaine (NRC).

Le Yo-Yo électronucléaire

Si l’incident (source froide >75°F) se poursuit durant plus de 6 heures, l’opérateur est tenu de placer l’unité en « arrêt à chaud » (2) même si la température redescend entretemps sous la limite maximale. Cette manœuvre (hot shutdown) s’est achevée dimanche après-midi.

Il faut dire que la température avait redescendu dans la nuit et que l’opérateur avait dans l’intervalle annulé le premier incident ; peine perdue, le lendemain, les températures exceptionnellement élevées dans l’Est des USA (maxima de 31°C sur New-York, 200 km au Sud) avaient provoqué un nouveau franchissement à la hausse du seuil de 75°F et l’ouverture d’un deuxième incident similaire.

31° C à New-York, notez par ailleurs les 46° C en Arizona !

La règle des 6 heures s’étant appliquée dimanche matin, l’opérateur s’est vu dans l’obligation de placer l’unité hors-production.

Une « bidouille » de l’opérateur parfaitement inefficace

Dominion avait entre-temps demandé et obtenu de la NRC l’autorisation de relever la température entrante en 3 points différents au lieu d’un point unique et de calculer une moyenne mais cette pirouette s’est révélée totalement inefficace.

Un incident rarissime… mais le pire est peut-être à venir ?

Il s’agit du premier incident de ce type aux USA répertorié dans un réacteur alimenté par de l’eau de mer dont la température tend à être généralement plus stable que celles des fleuves et rivières (ou réservoirs artificiels) utilisés par 80% des unités de production électronucléaire aux États-Unis.

Il faut enfin noter que la température maximale des eaux du détroit de Long Island est généralement atteinte à la fin du mois d’août ce qui pourrait laisser craindre une quinzaine difficile pour ce site de production ainsi que pour nombre d’autres aux USA affectés par les températures caniculaires et la sécheresse que le pays connaît depuis le début du mois de juillet 2012.

Les centrales nucléaires avalent goulûment à elles seules environ la moitié de l’eau douce consommée dans les pays fortement nucléarisés

C’est un chiffre incroyable qui est cité dans le blog « éco » du Monde le 7 juin 2012 : aux États-Unis et en Europe, 40 à 50% de l’eau consommée le serait par les réacteurs nucléaires afin d’assouvir cette méthode de production d’électricité très peu efficace (rendement de 30% environ).

Le simple passage à des technologies de centrales « flamme » plus performantes comme la co-génération (2) serait, sans même évoquer les solutions renouvelables, suffisante pour doubler au minimum le rendement des unités de production et diminuer d’autant les « prises » d’une source froide qui risque de l’être de moins en moins.

Quand cette technologie électronucléaire dangereuse, idiote et ce gâchis écologique seront-t-ils mis définitivement au rebut ?


(1) L’eau rejetée dans la baie de Niantic par l’unité devient ainsi moins chaude et la température globale du bras de mer tend alors à redescendre

(2) Arrêt à chaud : la puissance de l’unité de production passe pour une durée définie à 0% (état sous-critique) par l’insertion des barres de contrôle ; le réacteur reste toutefois disponible pour un redémarrage rapide car il reste sous pression et température élevées

(3) Co-génération ou double valorisation : association d’une production électrique avec une technologie de récupération des excédents de chaleur non utilisés par la turbine

Sources : The Day.com, Green.Blog.NY.Time, National Geograhpic, RealInfos

Lire également :

« Les centrales sous la menace du changement climatique », lemonde, 7/6/12

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Voir Fukushima...

 


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