Ziad Takieddine demande la levée du secret-défense sur Karachi

Ce matin, alors qu'un véritable séisme secoue la police, ayons une pensée pour la juge Isabelle Prevost Desprez qui affronte sa hiérarchie pour ses révélations dans l'affaire Bettencourt. Simultanément, l'intermédiaire sulfureux, Ziad Takieddine, demande la levée du secret défense pour se disculper... Est-ce un calcul judicieux ? L'avenir le dira...

Que la justice suive son cours...


Exclu BFMTV : les révélations de Takieddine par BFMTV

PARIS (Reuters) - L'acteur-clef d'une présumée affaire de corruption liée à l'élection présidentielle de 1995, qui éclabousse des proches de Nicolas Sarkozy, a demandé jeudi la levée du secret-défense sur des contrats d'armement en cause et demandé à voir le chef de l'Etat.

L'homme d'affaires libanais Ziad Takieddine, qui est mis en examen, suggère la levée du secret au président français "dans les 24 heures", afin de démontrer son innocence et celle de Nicolas Sarkozy, avec qui il affirme sa proximité.

Dans un entretien à BFM-TV, il demande aussi à rencontrer le chef de l'Etat. "Il y a intérêt, je pense et la France y a intérêt", dit-il.

Il a expliqué avoir rencontré deux fois Nicolas Sarkozy, qu'il appelle "le patron", quand ce dernier était ministre de l'Intérieur.

Ziad Takieddine a aussi déclaré avoir traité plusieurs contrats d'exportation avec Nicolas Sarkozy et son entourage, notamment Brice Hortefeux, et assuré que c'est lui a qui a eu l'idée de permettre à Cécilia Sarkozy, alors épouse du président, de recevoir des infirmières bulgares libérées par le régime libyen en 2007.

Il a aussi lancé un avertissement au ministre de l'Intérieur Claude Guéant, qui a pris ses distances avec lui dans des entretiens à la presse : "Je lui dis 'rafraichissez-vous un peu la mémoire' et de je demande des excuses de sa part".

"Je dis au président de la République : 'puisque vous être garant de la Constitution, levez le secret-défense sur tous les contrats, notamment sur Agosta et sur Sawari II, pour qu'on crève l'abcès et qu'on arrête de parler de n'importe quoi sur n'importe quoi", a-t-il ajouté.

Le secret-défense a déjà été levé sur divers documents, notamment la semaine dernière sur des pièces des services secrets, mais il pèse toujours sur certains documents liés aux contrats d'armement avec le Pakistan (Agosta) et l'Arabie saoudite (Sawari II) passés sous le gouvernement Balladur.

L'enquête s'oriente vers l'hypothèse d'un détournement d'une partie des commissions "commerciales" organisées par Ziad Takieddine sur ces deux contrats, 84 millions d'euros sur Agosta et 200 millions sur Sawari.

L'argent serait revenu en espèces financer la campagne d'Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole.

LIEN INCERTAIN

Nicolas Sarkozy est désigné par un rapport de police luxembourgeois comme le maître d'oeuvre de la mise en place de circuits financiers au Luxembourg, où ont transité les commissions. Le président nie cependant toute implication.

Deux de ses proches, Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, soupçonnés d'avoir organisé le retour en espèces des commissions avec Ziad Takieddine, sont aussi mis en examen.

Plusieurs médias évoquent jeudi un document ouvrant selon eux la possibilité d'une preuve du lien entre le marché d'armement saoudien et la campagne Balladur, mais plusieurs personnes proches du dossier, notamment l'avocat des familles de victimes Olivier Morice se montrent très prudentes.

Selon un échéancier de paiement des frégates saoudiennes saisi par la justice et publié par Mediapart, une avance de 10 millions de francs (1,5 million d'euros) était prévue au plus tard le 31 mars 1995. Ce paiement aurait été effectué finalement par les Saoudiens le 26 avril 1995.

Or, le même jour, un autre bordereau bancaire versé au dossier montre qu'une somme de 10 millions de francs a été versé en espèces, sans justificatifs, aux comptes de la campagne Balladur.

Tout rapprochement serait cependant "hasardeux", a dit Me Morice à Reuters. En effet, l'hypothèse de travail du juge Renaud Van Ruymbeke est que l'argent des caisses de la campagne provenait non des factures payées par les deux Etats, mais des commissions versées par la Direction des constructions navales françaises dans l'autre sens.

Par ailleurs, il semble peu probable que l'argent versé par l'Arabie saoudite ait pu être converti le jour même en espèces, estime une autre source.

Par Thierry Lévêque

Edité par Yves Clarisse

Source : Reuters

Informations complémentaires :


Karachi-Sarkozygate : 18mn pour comprendre par STOPMASSACRE


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