Retraite complémentaire : les syndicats rejettent le plan de rigueur du Medef

Encore un débat que l’on vous épargnera dans la presse « main stream ». Concrètement, ils veulent désynchroniser les retraites de l'inflation... Pratique non ? Enfin, pas pour ceux qui en ont besoin pour vivre... Merci à Chalouette, qui veille accroché à la radio… ; )

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Par Vincent Collen | 16/01 | 07:00 | mis à jour à 11:10

Le patronat propose une désindexation des pensions Agirc et Arrco pendant cinq ans pour réduire le déficit. Le gouvernement envisage aussi des économies sur les retraites des régimes de base, un scénario critiqué par l'UMP.

Un recul du pouvoir d'achat des retraités, cinq années de suite. C'est ce que propose le Medef pour réduire le déficit des régimes de retraite complémentaire du secteur privé. Les partenaires sociaux qui gèrent l'Agirc (pour les cadres) et l'Arrco (pour tous les salariés) se sont retrouvés hier pour une nouvelle séance de négociation. Le représentant du patronat, Jean-François Pilliard, a remis un projet d'accord , immédiatement rejeté par les syndicats.

La potion prescrite par le Medef est amère. Le 1er avril prochain, au lieu d'être relevées du même montant que l'inflation prévue en 2013, les pensions des 11,5 millions de retraités du privé seraient presque gelées. Le patronat propose en effet que la revalorisation soit inférieure de 1,5 point à la hausse des prix. Or, celle-ci devrait être au maximum de 1,8 %... Le pouvoir d'achat des seniors serait amputé. Pour les années suivantes, jusqu'en 2017, le patronat prône une décote d'un point par rapport à l'inflation.

Une négociation cruciale

Et ce n'est pas tout. Le Medef propose aussi une réforme des pensions de réversion pour les veufs et veuves. Ils ne toucheraient plus que 56 % de la retraite complémentaire de leur conjoint décédé, au lieu de 60 %, et à partir de 60 ans, alors que l'âge minimum est actuellement de 55 ans à l'Arrco. Au total, ce « plan de rigueur » du patronat renflouerait l'Agirc-Arrco de 5 milliards d'euros en 2017, ce qui permettrait de diviser par deux le déficit prévu à cet horizon (voir graphique).

Ce projet ne passera pas en l'état, les syndicats l'ayant jugé « inadmissible » hier. Tous, à l'exception de la CGT, acceptent le principe d'une moindre revalorisation des pensions. Mais pas d'une telle ampleur dès 2013, ni sur une aussi longue période. « Cela reviendrait à faire reculer le pouvoir d'achat des retraités de plus de 5 % en cinq ans », souligne Jean-Louis Malys (CFDT). Et la plupart des syndicats, sauf la CFDT cette fois, réclament en échange une hausse des cotisations. « Il ne peut pas y avoir de discussion s'il n'y a pas de ressources supplémentaires », tranche Philippe Pihet (FO). Eric Aubin (CGT) a proposé une hausse modulée en fonction de la part de la masse salariale dans la valeur ajoutée des entreprises. Une hausse n'est « pas envisageable » pour l'instant, a répondu le négociateur du Medef, Jean-François Pilliard, étant donné le niveau de marge des entreprises, « historiquement faible ».

Cruciale pour les complémentaires, cette négociation l'est aussi pour l'ensemble des retraités. Le gouvernement envisage en effet de désindexer en partie les pensions de tous les régimes de base pour réduire les déficits. Un point de progression de moins que l'inflation permettrait d'économiser près de 1 milliard pour la seule Caisse nationale d'assurance-vieillesse. Mais cela demanderait de modifier la loi et le gel partiel ne pourrait intervenir avant avril 2014.

Ce scénario est encore incertain. L'exécutif attend d'abord de voir si les partenaires sociaux peuvent s'entendre pour l'Agirc-Arrco, comme l'a souligné hier Jérôme Cahuzac, dans « Les Echos » . Mais le fait que le ministre du Budget ait indiqué qu'en cas d'accord «  on ne pourra pas ne pas en tenir compte » a suscité de vives réactions. « Ce serait un recul historique pour les retraités », a jugé François Delapierre (Parti de gauche). « Après la taxe additionnelle sur les retraites votée à l'automne, les retraités vont encore devoir mettre la main à la poche », a critiqué le député UMP Arnaud Robinet. L'ancienne ministre du Budget Valérie Pécresse veut pour sa part préserver les retraites, mais prône le gel des allocations familiales et des aides au logement.


À noter :
 
Les partenaires sociaux se sont donné jusqu'au 7 mars pour conclure cette négociation.
VINCENT COLLEN, Les Echos

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DOSSIER La réforme de la réforme des retraites

 

Source : Lesechos.fr

Informations complémentaires :

 

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